Retraites complémentaires : pas d’accord en vue sur l’Agirc-Arrco

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ée des papy-boomers à la retraite (Photo : Philippe Huguen)

[22/06/2015 08:39:33] Paris (AFP) Pas d’accord en vue: les partenaires sociaux ont rendez-vous lundi pour une cinquième séance de négociations sur l’avenir des régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco sans grand espoir de conclure avant la rentrée, le patronat refusant toujours de mettre la main à la poche.

Le Medef, la CGPME et l’UPA ont soumis de nouvelles propositions aux organisations syndicales (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC) afin de renflouer les caisses des deux régimes Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés)

Objectif: économiser 6,9 milliards d’euros d’ici à 2020, contre 8,3 dans la précédente mouture.

L’Agirc et l’Arrco ont vu leur déficit respectif se creuser à 1,985 milliard et 1,153 milliard en 2014. Depuis 2009 et la crise économique, les finances des retraites complémentaires sont confrontées à la hausse du chômage, conjuguée à l’arrivée des papy-boomers à la retraite.

Malgré les 18 millions de cotisants, les deux régimes sont obligés de piocher dans leurs réserves. La négociation engagée fin février doit empêcher leur épuisement d’ici à 2018 pour l’Agirc, à 2027 pour l’Arrco.

Tout le monde est d’accord pour ramener les régimes à l’équilibre, mais le patronat n’envisage que des mesures drastiques pesant sur les salariés et les retraités, comme des décotes pour les départs avant 65 ans ou une sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation de 1,5 point pendant trois ans.

“Compte tenu du poids des charges pesant sur les actifs et sur les entreprises, de la perte de compétitivité de notre économie ces dernières années (…) la période n’est pas favorable à l’augmentation des cotisations”, assure-t-il dans son nouveau projet d’accord.

– une retraite pleine à 65 ans –

“Le Medef ne veut pas mettre la moitié d’un chouia”, dénonce Marie-José Kotlicki, négociatrice de la CGT, qui invite à un rassemblement à la mi-journée devant le siège du Medef, où se tiendra la réunion.

“Tant qu’il n’y aura pas de cotisations, on n’envisagera pas de bouger”, prévient de son côté Philippe Pihet (FO). Une nouvelle réunion devrait ainsi se tenir en septembre, comme l’a laissé entendre mardi le président du Medef, Pierre Gattaz.

Le patronat a pourtant lâché un peu de lest. Il a ainsi réaménagé sa mesure phare: des abattements dégressifs et temporaires sur les pensions pour pousser les actifs à travailler jusqu’à 65 ans. La décote serait ainsi de 30% à 62 ans (contre 40% dans le dernier projet), de 20% à 63 ans et de 10% à 64 ans. Des taux décriés par Jean-Louis Malys (CFDT), pourtant ouvert à l’idée d’une décote.

Elle serait appliquée à partir de 2019, et non plus 2017, et ne pourrait dépasser trois ans. En tout, la mesure, dont seraient exclus notamment les retraités exonérés de CSG, devrait rapporter 1,8 milliard d’euros d’ici à 2020.

Il n’est également plus question de raboter les pensions de réversion versée aux veuves (60% de la pension du défunt), tandis que l’âge minimum pour toucher ces pensions est abaissé à 55 ans pour l’Agirc, aligné sur celui de l’Arcco.

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égime de retraite complémentaire spécifique des cadres, en grave difficulté financière, vit peut-être ses dernières heures. (Photo : Joel Saget)

Leur fusion en “un grand régime complémentaire unifié d’ici à 2019” est maintenu dans le projet, avec une nouveauté: la création d’un groupe de travail pour en déterminer les modalités.

Le patronat propose ainsi que ce nouveau régime, que réclame la CFDT, soit mis en oeuvre “dès qu’auront été examinées les questions” soulevées au regard de la situation des cadres. Pas assez pour rassurer la CFE-CGC qui, comme la CGT, craint que la fusion n’entraîne la fin du statut des cadres.

“Pour nous, ce n’est pas acceptable”, déclare ainsi Serge Lavagna (CFE-CGC), qui souhaite étudier cette question en dehors de la négociation sur les retraites complémentaires. La situation est “assez bloquée”, confirme-t-il, alors que le Medef doit récolter la signature d’au moins trois syndicats.

A défaut de parvenir à un accord, les partenaires sociaux ont prévu de s’attarder sur une réforme du pilotage des deux régimes.