L’énergie au coeur des stratégies des sucriers français

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ésident de la coopérative sucrière Cristal Union pause le 12 juin 2015 dans la sucrerie de Sainte-Emilie à Villers-Faucon (Photo : FRANCOIS NASCIMBENI)

[13/06/2015 09:59:10] Paris (AFP) L’énergie est doublement au c?ur de la stratégie des sucriers français: part non négligeable des coûts de fonctionnement des sucreries, elle devient aussi un débouché important via les biocarburants, d’autant plus qu’en 2017 la production de sucre ne sera plus limitée par des quotas.

Avec la fin des quotas européens, les sucriers français, et notamment les deux principaux que sont Tereos et Cristal Union, vont pouvoir produire plus, mais devront être aussi plus compétitifs face aux producteurs mondiaux, notamment brésiliens, pour écouler cette production supplémentaire sur un marché libéralisé.

A la sucrerie de Sainte-Emilie dans la Somme, Cristal Union, propriétaire de la marque Daddy, a annoncé vendredi un investissement de 40 millions d’euros pour remplacer les six chaudières au fioul qui alimentent le site par une centrale de cogénération (électricité/chaleur) au gaz.

L’électricité produite permettra de couvrir les besoins du site et un surplus sera même revendu à EDF, tandis que la chaleur de la vapeur d’eau sera utilisée dans le processus de fabrication du sucre.

Avec Sainte-Emilie, toutes les sucreries du groupe auront adopté le gaz, moins cher que le fioul. “L’énergie représente 9% de nos coûts de production et nous sommes l’un des dix plus gros client industriel de gaz d’Engie (ex-GDF Suez, ndlr) en France”, explique Maurice Lombard, directeur industriel de Cristal Union.

Le groupe a déjà réduit de 25% sa consommation d’énergie en dix ans et vise encore une baisse de 10% d’ici 2020.

Pour réduire ses dépenses d’énergie, le mieux est aussi d’en produire. Cristal Union et Tereos se diversifient donc dans la méthanisation, c’est-à-dire la production de biogaz à partir des pulpes ou vinasses issues du traitement des betteraves.

“Cristal Union a déjà installé trois chaudières biomasse à base de bois en France et une unité de méthanisation sur sa distillerie de Cristanol (Champagne-Ardennes)”, explique Olivier de Bohan son président.

Son concurrent Tereos, propriétaire de la marque Begin Say, travaille beaucoup sur la valorisation énergétique, avec le démarrage d’unités de production de biogaz en France et en République tchèque. Ce système permet au premier sucrier français de produire “près de 50% de l’énergie nécessaire à son activité industrielle”, selon son rapport annuel.

Tereos a aussi vu son activité de cogénération monter en puissance au Brésil, où il réalise la moitié de sa production mondiale de sucre. Dans ce pays, la cogénération concerne 10% de l’activité du groupe et les ventes ont crû de 30% lors du dernier exercice.

Mais produire moins cher ne garantira pas aux Français d’écouler leur production. Pour s’assurer des débouchés intéressants, dans un contexte de prix du sucre bas sur les marchés mondiaux, ils utilisent la betterave pour produire de l’éthanol, qui entre dans la composition de biocarburants.

L’an dernier, Cristal Union a ainsi produit dans ses dix usines françaises 600.000 tonnes d’alcool de sucre pour faire de l’éthanol, pour 1,4 million de tonnes de sucre.

Chez Tereos, la production d’éthanol représente près de 20% de l’activité, avec une forte croissance en 2014.

– éthanol de 2e génération –

Toutefois, le marché européen, encore petit par rapport aux géants américains et brésiliens (85% de la production d’éthanol) est “très influencé par le débat politique européen” sur l’utilisation de matières agricoles à vocation alimentaire pour produire du carburant, explique Alexis Duval, président du directoire de Tereos.

La Commission européenne a récemment plafonné la production d’éthanol de première génération.

Alors les deux groupes travaillent sur des projets d’éthanol de deuxième génération, c’est-à-dire issu de matière végétale non alimentaire (bois, paille, etc.).

Tereos est partenaire de Futurol, tandis que de Cristal Union soutient la société Global Bioenergies, start-up cotée en Bourse. Et les deux projets ont annoncé des avancées simultanées ces dernières semaines.

Global Bioenergies et Cristal Union ont signé un accord pour construire en France une usine en 2018 qui produira 50.000 tonnes de carburant.

Et Futurol a annoncé le début de la construction d’une unité de production de bioéthanol (à terme entre 6.000 et 10.000 tonnes) à la bioraffinerie Tereos de Bucy (Aisne).