L’assurance-prairie, la précision des satellites contre les caprices de la météo

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âce aux satellites (Photo : Guillaume Baptiste)

[18/05/2015 15:57:24] Paris (AFP) Les éleveurs pourront désormais assurer leurs prairies contre les caprices de la météo comme le sont le blé, l’orge ou le colza. Une nouveauté qui fait entrer encore un peu plus les satellites dans les champs.

L’assurance-prairie qui sera accessible à partir du 15 juin aux professionnels concerne potentiellement plus de 40% de la surface agricole utile de la France, jusqu’ici démunie de toute protection privée pour s’en remettre, en cas de malheur, au seul fonds d’indemnisation des calamités agricoles.

“On compte 100.000 exploitants producteurs de lait ou de viandes qui dépendent tout ou partie des prairies, sur les 350.000 exploitations françaises”, relève lundi Bruno Lepoivre, directeur adjoint du marché des professionnels de Pacifica (filiale assurance du Crédit agricole). Pourtant, une baisse de 30% de fourrage sur une exploitation peut réduire son revenu de moitié.

Mais pour assurer encore faut-il savoir mesurer la perte et donc, la production: ce que fait Pacifica avec le concours d’Airbus Defence and Space, dont les satellites scrutent les prés et les champs pour en repérer la croissance. A eux deux, ils ont développé un nouvel Indice de production fourragère (IPF) permettant de surveiller l’évolution du couvert fourrager du sol, le “f Cover” en anglais.

“On va suivre le niveau de pousse de l’herbe dans chacune des 36.100 communes scrutées par les satellites qui effectuent un relevé tous les dix jours”, explique M. Lepoivre. A comparer à une moyenne quinquennale grâce aux 12 ans d’archives dont dispose Airbus pour l’ensemble des communes surveillées.

“Ces relevés compilés nous permettront au 31 octobre d’estimer le déficit pour indemniser l’éleveur en fonction du niveau de franchise qu’il aura choisi”, de 10 à 50%, selon son stock et son estimation du risque encouru.

– Plus ou moins à l’herbe –

“Celui qui dispose d’un peu de stock de fourrages va opter pour une franchise plus basse. Tout dépend du stock et du système de production”, plus ou moins “à l’herbe” et donc dépendant de l’alimentation fourragère, insiste Bruno Lepoivre.

Ce sont ces critères, plus que la région et sa pluviométrie habituelle, qui détermineront la hauteur de sa franchise pour l’éleveur. L’assureur de son côté a calibré ses tarifs en fonction de la région et de sa stabilité météo – humide ou sèche.

“Plus le climat varie, plus l’assurance est chère”, reprend l’expert qui tient à préciser que la Bretagne ou la Normandie, généreusement arrosées, ne seront pas meilleur marché que des régions plus sèches si elles dérogent à la norme attendue.

Avec le changement climatique en cours, les sécheresses sont appelées à se renforcer, en fréquence et en intensité et un éleveur devrait en traverser plusieurs épisodes sévère, comme en 2003 où plus des trois-quarts du territoire avaient été affectés.

“Les prairies constituent déjà 70% des cas d’indemnisation du fonds de calamités agricoles”, souligne l’assureur.

Il fallait donc changer d’approche et de méthode pour assurer les prairies, qui ne sont jamais mesurées sur une année puisqu’elles sont coupées au fur et à mesure des pousses, ni non plus intégrées à la comptabilité de l’exploitant, car “autoconsommées à 95%”.

“Les techniques traditionnelles d’assurances, basées sur l’envoi d’experts sur le terrain en cas de sinistres, étaient totalement inadaptées dans ce cas”, fait valoir M. Lepoivre.

L’assurance-prairie est testée grandeur nature depuis 2013 auprès de 300 éleveurs -toutes régions et systèmes confondus, lait, viande, ovin, bovin, caprins-, qui voient ainsi la possibilité d’assurer la ration alimentaire des troupeaux.

A partir du 15 juin, ce nouveau service de l’agriculture de précision s’ouvrira à la souscription. Mais Agrica et Airbus s’engagent à fournir gracieusement à tout le monde agricole leur indice de production fourragère, consultable en ligne sur (pleinchamp.com).