Goodyear Amiens-Nord : le projet de coopérative soumis au groupe américain

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é de Goodyear avec un drapeau de la CGT au site du géant pneumatique à Amiens-Nord, le 5 décembre 2013 (Photo : Denis Charlet)

[04/05/2015 17:12:17] Lille (AFP) La CGT a formellement soumis lundi au géant américain du pneumatique Goodyear un projet de reprise par une coopérative (Scop) de l’activité pneu agricole à Amiens-Nord, dernière chance de sauver des centaines d’emplois, a-t-on appris auprès du syndicat.

“Un avocat avait rendez-vous aujourd’hui avec un représentant du siège social de Goodyear, à Akron, dans l’Ohio, pour lui remettre le projet de relance de la production de pneus agricoles sur le site d’Amiens-Nord, porté par plus de 300 anciens salariés”, a déclaré à l’AFP le secrétaire de la section CGT Goodyear d’Amiens-Nord, Mickaël Wamen.

L’habituel partenaire de Goodyear, l’équipementier américain Titan, qui s’était montré un moment intéressé par une reprise, s’est retiré en novembre, douchant les espoirs qui avaient été mis dans le possible sauvetage de 333 des 1.143 emplois perdus lors de la fermeture de l’usine d’Amiens-Nord en janvier 2014.

Cet échec avait ouvert la voie à un projet de Société coopérative de production (Scop).

Le plan d’affaires de la future Scop, dont l’AFP a eu copie, repose sur l’acquisition de l’activité pneu agraire que Goodyear a décidé d’abandonner dans la région Europe-Moyen-Orient-Afrique où il contrôlait 20% du marché.

Les besoins initiaux de financement seraient de 21 millions à 27,5 millions d’euros, rachat des équipements et bâtiments compris, selon les différents cas de figure.

– Trois stratégies possibles –

En fonction de la réponse de Goodyear, “trois stratégies” seraient “possibles pour la Scop”, énonce le plan d’affaires.

La première s’appuierait sur une participation minoritaire de l’Américain dans la coopérative en échange d’un apport de ses actifs (équipements et brevets), la production devant passer de 70.000 pneus en 2016 à 137.000 en 2019/20.

La deuxième stratégie consisterait à acheter à Goodyear ses licences sur les brevets utilisés à Amiens-Nord contre versement de royalties sur les ventes. La Scop, dont les salariés possèderait la totalité des parts, préparerait l’avenir avec sa propre R&D, qui déboucherait sur la vente de pneus sous une nouvelle marque au bout de quatre ans.

La troisième et dernière stratégie, celle de “l’indépendance”, amènerait à acheter à Goodyear ses équipements et brevets utilisés à Amiens-Nord en lançant d’emblée une nouvelle marque.

“Nous privilégions le scénario d’une forte coopération avec Goodyear, mais même celui d’une totale indépendance est parfaitement faisable sur les plans financier et industriel”, a estimé” l’avocat de la CGT, Fiodor Rilov.

L’usine d’Amiens-Nord et ses salariés avaient une excellente connaissance de la technologie radiale dont “la demande est en progression dans l’Est de l’Europe”, expose le plan d’affaires.

La Scop table sur “une forte équipe de recherche et développement” en voie de pré-recrutement avec le soutien d’un directeur de recherche au CNRS, Bruno Chaudret.

Ce plan d’affaires a été présenté le 2 mai au comité de revitalisation présidée par la préfète d’Amiens Nicole Klein.

Une délégation de la CGT et du futur encadrement de la Scop, si elle devait être lancée, a par ailleurs demandé rendez-vous le 6 mai au ministère de l’Economie dans l’espoir de rencontrer Emmanuel Macron pour obtenir son appui à leur démarche.