Libre-échange : Obama reçoit Abe pour ne pas laisser le champ libre à la Chine

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ésident américain Barack Obama reçoit le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 27 avril 2015 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[28/04/2015 05:46:29] Washington (AFP) Barack Obama reçoit Shinzo Abe mardi à la Maison Blanche pour marquer la solidité des liens entre les deux pays alliés et progresser vers un accord de libre-échange afin de ne pas laisser la puissante Chine décider seule dans cette partie du monde.

Le président américain et le Premier ministre japonais devaient se retrouver mardi matin dans le Bureau ovale où les discussions seront centrées sur le partenariat trans-Pacifique (TPP), qui rassemblerait 12 pays – mais pas la Chine – et représenterait 40% du PIB mondial.

“Je ne pense pas que nous terminerons toutes les négociations”, a averti M. Obama dans un entretien au Wall Street Journal. “Les négociations sont dures”, a-t-il souligné, mettant en avant les exigences des agriculteurs comme des constructeurs automobiles japonais.

Le Premier ministre conservateur sera accueilli avec faste, depuis une cérémonie matinale dans les jardins de la Maison Blanche au dîner dans les salons de la résidence présidentielle.

Mais les violentes émeutes qui ont éclaté lundi dans la ville de Baltimore, à 60 km de la capitale fédérale, pourraient, aux Etats-Unis, éclipser une partie de la visite et devraient occuper une large place lors de la conférence de presse commune des deux dirigeants, en milieu de journée.

Depuis plusieurs semaines, M. Obama, qui peine à convaincre dans son propre camp du bien-fondé d’un accord de libre-échange avec l’Asie-Pacifique, martèle sa vision des rapports de force sur ce dossier: “Si nous n’écrivons pas les règles, c’est la Chine qui les écrira”.

“Nous voulons que la Chine réussisse, qu’elle poursuive sa montée en puissance pacifique”, a-t-il souligné lundi dans le WSJ. “Je pense que c’est une bonne chose pour le monde”, a-t-il ajouté, mais “nous ne voulons pas que la Chine utilise sa taille pour forcer d’autres pays dans la région à accepter des règles qui nous désavantagent”.

– Cerisiers en fleurs –

A l’approche du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, M. Abe est aussi attendu sur un autre sujet : ses voisins chinois et coréens déplorent l’absence de repentance “sincère” pour les crimes de son passé militariste. Les tensions portent en particulier sur le sort de dizaines de milliers de femmes coréennes, mais aussi chinoises ou indonésiennes, enrôlées de force dans les bordels de l’armée japonaise.

Le sujet est sensible et la Maison Blanche reste très prudente sur le message que M. Obama entend faire passer sur le sujet à M. Abe, politicien nationaliste de tradition, qui s’exprimera mercredi devant le Congrès américain réuni au grand complet.

“Nous encouragerons une résolution de ces problèmes sans nécessairement entrer dans les détails”, a expliqué à l’AFP un haut responsable américain sous couvert d’anonymat, appelant de ses voeux “un ton constructif qui contribue à faire baisser les tensions plutôt qu’à les faire monter”.

Au menu du dîner, où des branches de cerisiers en fleurs seront en bonne place sur les tables, des plats inspirés par les traditions culinaires des deux pays avec, par exemple, un consommé de légumes servi “avec un tempura d’ananas hawaïen et une fine tranche de jambon fumé de Virginie”. Pour le dessert, du tofu entrera dans la composition du traditionnel cheesecake.

Tous ces plats seront servis dans un service créé en consultation avec Michelle Obama et dévoilé à cette occasion. La First lady a opté pour un “bleu Kailua” inspiré par les eaux au large d’Hawaï, où est né le président américain.

Le dîner d’Etat est un honneur relativement rare : seuls les dirigeants de sept pays y ont eu droit depuis l’arrivée de M. Obama à la Maison Blanche en 2009 (Inde, Mexique, Chine, Allemagne, Corée du Sud, Royaume-Uni, France).