Le bio, étoile montante de l’industrie agroalimentaire

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çais sont à 97% des mangeurs de viande (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[17/04/2015 11:32:11] Paris (AFP) Du rêve à la réalité économique: les fabricants de produits bio commencent à représenter un secteur agroalimentaire à part entière, dynamique et créateur d’emplois, même s’il peine encore à satisfaire la demande.

Elles fabriquent du pain, des yaourts, des plats préparés, ou encore des compotes bio: les entreprises qui transforment des produits agricoles bio ont vu leur chiffre d’affaire croître de près de 15% en 2013 par rapport à 2012, selon les données compilées par le cabinet Asterès pour la fédération Natexbio, qui regroupe 3.000 entreprises du secteur.

Au total, ces ventes ont représenté 2,9 milliards d’euros, soit seulement 2% du chiffre d’affaires global de l’agroalimentaire français.

Mais la croissance de ces entreprises est bien supérieure à celle de l’industrie alimentaire dans son ensemble, dont les ventes n’ont augmenté que de 2% sur la même période.

Bref, “le bio est le secteur le plus dynamique de l’agroalimentaire. Il fait partie de ces secteurs récents dans lesquels on va voir de plus en plus d’emplois”, croit fermement l’économiste Nicolas Bouzou, qui a dirigé l’étude portant sur un millier d’entreprises certifiées bio.

Sur la période étudiée, le nombre d’employés des entreprises bio a grimpé de 3% (principalement en CDI), alors qu’il reculait dans l’agroalimentaire classique.

Si ce secteur émergent manque encore de visibilité, c’est parce qu’il n’est “pas couvert par les statistiques officielles de l’INSEE, basées sur une nomenclature des années 50-60”, estime M. Bouzou.

Mais “d’une pensée militante, la bio est devenue un marché contribuant à la richesse nationale”, considère la fédération Natexbio, qui recense 1.500 entreprises de transformation agricole bio en France.

L’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) confirme d’ailleurs regarder de près ce qui se passe dans le bio, car bien qu’encore “marginal” à ses yeux, le bio “gagne des parts de marché” et peut servir de “levier d’action” vers les consommateurs.

– Des atouts face à la guerre des prix –

Sous l’effet de ce dynamisme, de “vrais acteurs” de la transformation bio commencent à émerger, avec une offre innovante, “même s’ils n’ont pas encore le poids d’un Danone” dans un secteur peuplé surtout de PME/TPE, souligne Benoît Soury, président de Natexbio et directeur général du réseau de magasins La Vie Claire.

Parmi ces entreprises, le groupe Ekibio/Léa Nature, qui emploie plus d’un millier de salariés en France, pour un chiffre d’affaires d’environ 200 millions d’euros en 2014 (incluant des produits non agricoles comme les cosmétiques). Ou encore Distriborg, avec la marque Bjorg.

Mais alors que la consommation de produits bio a grimpé de 10% entre 2013 et 2014, ces sociétés peinent encore à satisfaire la demande.

“Il y a un goulot d’étranglement au niveau des surfaces agricoles bio, qui ne progressent pas assez vite”, analyse Nicolas Bouzou. Il faut aussi des investissements de capacité, car le secteur est en “sous-capacité de production, c’est rare”.

La France compte 5,5% de ses surfaces agricoles et 1,1 million d’hectares cultivés en bio, soit la 3e surface bio d’Europe après l’Espagne et l’Italie.

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çais étaient des éleveurs (Photo : Remy Gabalda)

Autre bémol, l’effritement des marges réalisées par les boîtes bio, “car il y a beaucoup de nouveaux entrants et de concurrence”, sans oublier la “pression sur les marges” de la grande distribution, rappelle l’économiste.

Mais face à la guerre des prix régulièrement dénoncée par l’agroalimentaire, le bio a des atouts.

“Il y a une pénurie d’offre, donc si la grande distribution fait la fine bouche, le producteur peut dire non et se tourner vers un magasin spécialisé”, explique Benoît Soury.

En focalisant l’attention sur le produit et moins sur le prix, le bio “permet de desserrer l’étau dans la négociation” avec la grande distribution, confirme l’Ania.

Mais même si l’avenir s’annonce souriant, Benoît Soury “ne rêve pas d’une transformation totale” de l’agroalimentaire en bio.

“Cela tuerait nos productions. Il y a une vraie convergence des acteurs pour rester sur du bio exigeant”, assure-t-il.