L’avion régional japonais MRJ ne volera pas tout de suite mais n’a pas de plomb dans l’aile

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Aichi (Photo : MITSUBISHI AIRCRAFT)

[13/04/2015 11:38:50] Komaki (Japon) (AFP) Ils sont rutilants et brillent, les quatre avions régionaux MRJ en cours de production dans une usine de Komaki, près de Nagoya. Les jeunes équipes de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) s’affairent avant le premier vol d’essai qui n’aura cependant pas lieu avant septembre.

“Nous n’assemblons ici que les modèles prévus pour les divers examens de contrôle. La production de masse, elle, aura lieu dans une autre usine, en cours de construction à quelques centaines de mètres, près de l’aéroport de Nagoya” (centre du Japon), explique le directeur des opérations, Hiroyuki Tatsuoka.

Cela faisait plus de 50 ans qu’un industriel japonais n’avait pas conçu un avion de transport civil et, de facto, tout ne va pas forcément aussi vite qu’espéré.

“Nous sommes en phase de développement, il y a forcément divers imprévus à régler au fil des étapes”, reconnaît M. Tatsuoka.

“Il ne s’est produit dernièrement aucun incident de nature à perturber fortement le calendrier”, assure cependant Nobuo Kishi, un directeur général adjoint de la filiale dédiée de MHI, Mitsubishi Aircraft.

Si le premier vol d’essai du MRJ est reporté pour la quatrième fois de suite, d’un trimestre seulement cette fois, c’est par souci d’exploiter au mieux les données recueillies lors des diffférents tests au sol, dit-il.

– Des jeunes et des femmes –

L’ambiance dans l’usine où l’on n’aperçoit pas une trace de cambouis est sereine.

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Aichi (Photo : MITSUBISHI AIRCRAFT)

Au mur, deux banderoles: “La sécurité est la priorité” d’un côté, “Partons voler à travers le monde”, de l’autre.

On aurait pu s’attendre à ne voir ici que des techniciens quadra ou quinquagénaires rompus à la fabrication de pièces d’aéronefs, car si Mitsubishi Heavy n’a pas construit d’avion en propre depuis des décennies, le groupe est quand même l’un des plus importants fournisseurs d’ailes et morceaux de fuselage pour ceux de l’américain Boeing.

Mais la réalité est celle d’un personnel en combinaisons immaculées bordeaux ou bleues dont la moyenne d’âge tourne autour de 30/35 ans, précise M. Tatsuoka. “Et il y a beaucoup de filles, conformément à la politique dictée par le gouvernement d’utiliser la main-d’oeuvre féminine”, sourit-il, sans donner de chiffres. Il ne plaisante qu’à moitié cependant: bien que portant les mêmes vêtements que leurs collègues masculins, les employées sont bien là.

D’aucuns dans l’entreprise auraient aimé que le premier vol d’essai au Japon ait lieu avant le salon aéronautique du Bourget mi-juin en France, ce qui aurait donné un élan évident à ce MRJ, mais le calendrier n’est pas tenable, a concédé vendredi MHI qui prévoit désormais de l’effectuer vers septembre/octobre.

“Nous accélérerons ensuite les autres tests aux Etats-Unis pour ne pas décaler l’échéancier de livraison”, a expliqué M. Kishi.

Pour cet appareil de 70 ou 90 places (puis 100 ultérieurement) dont le premier exemplaire doit être remis au deuxième trimestre 2017 à la compagnie japonaise ANA Holdings, MHI est en train de mettre en place une infrastructure industrielle totalement nouvelle, et espérée la plus rationnelle.

– Production inspirée de l’automobile –

Pas moins de cinq usines au Japon participeront à la production en série du MRJ dont 407 exemplaires ont été commandés (options comprise).

L’assemblage final aura lieu à Komaki (centre), tandis que les ailes seront fabriquées à Kobe (sud-ouest) et réunies avec le fuselage à Tobishima (centre).

Un des complexes industriels utilisés, à Matsutaka (centre), a pour ambition de combiner la production de pièces métalliques pour les avions à celles des automobiles afin de mutualiser des moyens industriels et logistiques et de réduire les coûts, a relevé le patron de la fabrication, Akihiko Ishikawa.

Le groupe prévoit de construire dix appareils par mois avec, pour chacun, un million de pièces, soit dix millions à gérer mensuellement.

Les différents composants ne sont acheminés vers les usines directement par les fournisseurs qu’au moment d’y être assemblés: pas de stock, cela réduit les coûts de gestion afférents selon une méthode dite “juste à temps”, très chère à un autre grand industriel de la région, Toyota !