L’Europe veut réduire sa dépendance énergétique avec les ressources espagnoles et portugaises

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Ukraine, le 21 mai 2014 (Photo : Alexander Zobin)

[04/03/2015 16:42:16] Madrid (AFP) L’Europe fait mercredi un nouveau pas pour réduire sa dépendance en énergie importée, notamment de Russie, lors d’un sommet franco-luso-espagnol à Madrid visant à relier la péninsule ibérique aux réseaux électrique et gazier européens.

Mais la tension entre Madrid et Lisbonne d’un côté, et Athènes de l’autre, lors des négociations sur l’aide européenne à la Grèce devrait être évoquée lors de cette brève rencontre consacrée à l’énergie.

D’autant que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui y participe, a confirmé dans une interview mercredi au journal espagnol El Pais que “l’Espagne et le Portugal ont été très exigeants envers la Grèce ces dernières semaines”, ce que leur a reproché amèrement le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Le président français François Hollande et les Premiers ministres portugais Pedro Passos Coelho et espagnol Mariano Rajoy se retrouvent à Madrid pour demander des financements européens pour des connexions qui sortiront la péninsule ibérique de son isolement du marché européen de l’énergie.

Dépendant de l’énergie importée, le Portugal et l’Espagne ont fortement développé les énergies renouvelables. Elles satisfont 25 % de la consommation du Portugal et 17% de celle de l’Espagne. Mais ces ressources ne sont pas disponibles pour le reste de l’Europe, faute de connexions suffisantes avec la France.

Ces interconnexions permettent d’exporter l’énergie renouvelable lors des pics de production ou au contraire d’importer du courant quand la production chute faute de vent ou de soleil.

– Diminuer la vulnérabilitité face à la Russie –

“S’il y avait une interconnexion entre l’Espagne et le reste de l’Europe, la vulnérabilité et la dépendance de l’Europe en gaz russe diminuerait”, a affirmé mercredi le ministre espagnol de l’Industrie et de l’énergie, José Manuel Soria.

“La crise ukrainienne a renforcé la nécessité d?une solidarité énergétique européenne”, a reconnu la présidence française en préparation du sommet.

Les trois dirigeants veulent donc profiter des financements disponibles dans l’Union européenne pour lancer des projets qui s’inscrivent dans la stratégie présentée la semaine dernière par la Commission pour créer un marché intégré de l’énergie.

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Allemagne, au moment de son inauguration (Photo : John Macdougall)

Les objectifs de Bruxelles: assurer la sécurité des approvisionnements en faisant jouer la solidarité entre Etats membres, faire baisser les prix grâce à la concurrence, et les émissions de gaz à effet de serre en développant les énergies renouvelables.

Le sommet doit valider un projet de câble sous-marin à travers le Golfe de Gascogne et tenter de sécuriser son financement. Cette connexion permettra de doubler les capacités d’échange entre la France et l’Espagne, déjà multipliées par deux la semaine dernière avec l’inauguration d’une ligne à haute tension entre la Catalogne et le Languedoc.

L’Espagne attend également le lancement d’un projet de connexion électrique à travers les Pyrénées.

– L’Espagne en ‘plateforme stratégique’ –

Elle voudrait enfin mieux relier son réseau de gazoducs à la France et au reste de l’Europe.

L’Espagne voudrait se faire reconnaître comme une plateforme énergétique d’importance stratégique pour l’Europe, avec le gaz qu’elle importe d’Algérie par gazoduc et ses six terminaux méthaniers pour le gaz naturel liquéfié importé du reste du monde, explique Gonzalo Escribano, expert de l’Institut royal d’études stratégiques Elcano.

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Europe et transportant le gaz russe (Photo : K.Tian/J.Jacobsen, jfs/dmk/slr)

La France insiste pour que soient étudiées la faisabilité et la rentabilité des projets. D’un projet de gazoduc à l’étude sur l’axe Catalogne-Midi (MidCat), l’Elysée souligne qu’il ” est entendu que des financements européens devront en assurer la réalisation si son intérêt était confirmé”.

Le développement de ces interconnexions passe aussi par un renforcement du réseau de gazoducs en France, souligne la présidence française.

La péninsule n’est qu’un des chantiers de l’union de l’énergie.

Les îles de Malte et Chypre, par exemple, ne sont pas reliées au réseau européen et six pays de l’est de l’Europe (Bulgarie, Estonie, Finlande, Lettonie, Lituanie et Slovaquie) dépendent totalement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz.