Bénéfice en baisse, le groupe pharmaceutique Roche veut dissiper les craintes sur le franc suisse

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érence de presse, le 28 janvier 2015 à Bâle (Photo : Fabrice Coffrini)

[28/01/2015 12:15:10] Bâle (Suisse) (AFP) Le groupe pharmaceutique suisse Roche s’est efforcé de dissiper les inquiétudes concernant l’impact de la hausse du franc suisse lors de la présentation mercredi de ses résultats annuels, marqués par une chute de son bénéfice en raison d’un réaménagement de sa dette.

Sur l’année écoulée, son bénéfice net s’est inscrit en dessous des attentes, chutant de 16% à 9,5 milliards de francs suisses (9,2 milliards d’euros), a indiqué le groupe bâlois dans un communiqué.

Son chiffre d’affaires s’est par contre étoffé de 1% sur un an à 47,4 milliards de francs suisses. Hors effet de changes, il a a augmenté de 5%, reflétant la force du franc suisse face à des devises telles que le yen, le dollar ainsi que plusieurs monnaies d’Amérique latine.

La fourchette de prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP se situait entre 11,2 et 11,5 milliards de francs suisses pour le bénéfice et entre 46,6 et 47,3 milliards de francs suisses pour le chiffre d’affaires.

Le groupe a restructuré une partie de sa dette en 2014 pour tirer parti de la faiblesse des taux d’intérêt, ce qui a entraîné une perte exceptionnelle après impôts de 279 millions de francs suisses, mais générera des économies sur le long terme, a-t-il expliqué.

S’y sont ajoutés des pertes de valeurs sur des actifs en diagnostics ainsi qu’une augmentation des coûts de restructuration qui, combinés, ont affecté le bénéfice à hauteur de 10%.

Severin Schwan, le directeur général, est revenu sur la décision de la Banque Nationale Suisse (BNS) d’abandonner la politique dite du “taux plancher”, l’instrument qui limitait depuis plus de trois ans la hausse du franc suisse face à l’euro, ce qui a entraîné une remontée en flèche de la devise helvétique.

“Evidemment, ce renforcement du franc aura un impact négatif sur les futurs résultats publiés en francs suisses”, a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphonique, insistant cependant sur le fait que l’impact devrait être “limité”.

“82% de nos coûts opérationnels globaux sont assumés en dehors de Suisse”, a-t-il quantifié.

– Poids du dollar aussi –

S’il entend maintenir les efforts de productivité, cette hausse de la devise helvétique ne remet pas en cause les investissements en Suisse, notamment à Bâle où le groupe avait annoncé en octobre un programme de 3 milliards de francs suisses sur dix ans.

“Nous aurions pris la même décision cette année”, a-t-il ajouté lors d’une conférence à Bâle, alors que des engins de chantiers s’affairent autour de son siège social, en plein travaux.

Alan Hippe, le directeur financier, a de son côté mis en lumière le poids du billet vert pour Roche, 41% des ventes sont réalisées en dollars tandis que 38% des coûts sont libellés dans cette devise.

En 2014, les ventes de la division Pharma ont progressé de 4% en monnaies locales, mais de 1% une fois converties en francs suisses à 36,6 milliards de francs suisses, a indiqué le numéro un mondial de l’oncologie.

La forte croissance des médicaments destinés au traitement du cancer du sein HER2-positif, une forme agressive de la maladie, ont enregistré une hausse de 20%, permettant de compenser le recul des ventes de Xeloda, un médicament qui est désormais confronté à la concurrence des génériques.

Les ventes de Tamiflu ont également bondi en fin d’année en raison d’une épidémie de grippe aux États-Unis.

Les ventes de la division diagnostics se sont accrues de 3% à 10,7 milliards.

Pour 2015, Roche s’attend à une croissance du chiffre d’affaires à taux de change constants, de l’ordre de 1 à 5%, tandis que le bénéfice par action sur ses activités de base devrait progresser plus rapidement. Le dividende devrait lui aussi augmenter.

Au titre de l’exercice 2014, Roche versera un dividende de 8 francs suisses par action, en hausse de 3% par rapport à l’année précédente.

A 11H36 GMT, le titre perd 1,87% à 252,50 francs suisses alors que l’indice SMI des valeurs vedettes de la place suisse recule de 0,83%.

“Cet ensemble de chiffres ne sera pas bien reçu par le marché,” a commenté Chi Tran-Bändli, analyste chez J. Safra Sarasin, dans une note, releavant que la Bourse était devenue plus “tiède” à l’égard de Roche depuis l’échec en décembre d’une étude sur un anticancéreux lors d’essais cliniques.

Longtemps considérée comme une des valeurs pharmaceutiques favorites des analystes, Roche avait également essuyé un revers sur un traitement pour la maladie d’Alzheimer.