Tunisie – Economie : La recette de la BM pour faire face à la récession

bm-tunisie-680.jpgPubliée, jeudi 8 janvier 2015, la dernière édition du rapport de la Banque mondiale «perspectives économiques mondiales» vaut le détour pour une raison principale: ce rapport confirme la persistance de la récession économique mondiale mais recommande aux pays en développement de s’employer à reconstituer «un volant de sécurité budgétaire» pour pouvoir faire face aux probables ralentissements économiques futurs.

A cette fin, il leur recommande d’exploiter à bon escient la récente chute du cours mondial du pétrole et les rentrées de devises générées par les économies des travailleurs émigrés.

En voici l’essentiel.

«La nécessité de disposer de volants de sécurité budgétaire supplémentaires se fait davantage sentir, aujourd’hui, dans un contexte caractérisé par des perspectives de croissance incertaines, un éventail limité de possibilités d’action au niveau des pouvoirs publics et la probabilité d’un durcissement de la situation financière à l’échelle mondiale», estime Ayhan Kose, directeur du groupe d’étude sur les perspectives de développement à la Banque mondiale.

Le rapport relève que les pays en développement -dont la Tunisie-, «confrontés à la détérioration des perspectives d’exportation, à une hausse imminente des taux d’intérêt mondiaux et à la fragilité du climat sur les marchés financiers, doivent rétablir leur capacité d’amortissement budgétaire pour pouvoir soutenir l’activité économique en cas de ralentissement de la croissance».

Nécessité d’une bonne gouvernance

Pour y parvenir, la Banque mondiale recommande aux pays en développement concernés trois recettes.

En premier lieu, il s’agit de renforcer la bonne gouvernance des dépenses publiques. Le rapport explique comment des mécanismes institutionnels crédibles et bien conçus -règles budgétaires, fonds de stabilisation, cadres de dépenses à moyen terme…- peuvent contribuer à promouvoir la croissance avec comme conséquence «la remise en état des amortisseurs budgétaires laquelle dégagera la marge de manœuvre nécessaire pour soutenir l’activité en période de difficultés économiques».

La baisse du prix du pétrole profite aux pays importateurs…

En second lieu, les pays en développement importateurs de pétrole pourraient tirer des avantages substantiels de la baisse des cours pétroliers si cette tendance devait s’accompagner d’une accélération de la croissance mondiale. «Pour les responsables de l’action publique des pays en développement importateurs de pétrole, la chute du prix du brut est l’occasion de procéder à des réformes budgétaires et structurelles et de financer des programmes sociaux», recommande Ayhan Kose.

Dans la même optique, il est probable que la faiblesse des cours du pétrole persistera en 2015 et s’accompagnera d’importants rééquilibrages des revenus réels au détriment des pays exportateurs de pétrole et au profit des pays importateurs. Dans de nombreux pays importateurs, note le rapport, la baisse des cours va contribuer à stimuler la croissance et à réduire les pressions inflationnistes, extérieures et budgétaires.

… mais impacte les exportateurs

Le document ajoute que la faiblesse des cours pétroliers pose toutefois de sérieux problèmes aux principaux pays exportateurs de pétrole, qui seront pénalisés par l’affaiblissement de leurs perspectives de croissance, de leur situation budgétaire et de leur position extérieure. «Si le tassement des prix pétroliers persiste, lit-on dans le rapport, il risque aussi de compromettre les investissements dans la prospection et l’exploitation de nouveaux gisements -notamment les investissements axés sur certains pays à faible revenu ou consacrés à des sources non conventionnelles telles que l’exploitation de l’huile de schiste, des sables bitumineux et des champs pétrolifères en haute mer».

Recyclage des transferts des émigrés dans l’investissement

En troisième lieu, dans la perspective d’un tarissement des investissements directs étrangers (IDE), la Banque mondiale préconise de recourir aux rentrées de devises générées par le transfert des travailleurs émigrés des pays en développement.

Pour la Banque, «le montant des envois de fonds effectués en direction de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire est non seulement appréciable au regard du PIB, mais il est comparable, en valeur, aux investissements étrangers directs et à l’aide étrangère. Selon le rapport, depuis 2000, les rapatriements de fonds vers les pays en développement ont atteint en moyenne 60% du volume total des flux d’investissements étrangers directs. Les envois de fonds sont d’ailleurs la principale source de devises de nombreux pays en développement.

D’après les auteurs du rapport, les envois de fonds -outre leur ampleur- sont plus stables que d’autres flux de capitaux, même durant des périodes de tension financière. Ainsi, dans le passé, les rapatriements de fonds ont augmenté de 6,6% durant des périodes d’arrêts brutaux de flux de capitaux, quand ces derniers chutaient en moyenne de 14,8%.

La stabilité des envois de fonds, concluent les auteurs, peut contribuer à lisser la consommation dans les pays en développement, qui souffrent souvent d’instabilité macroéconomique.