La ruée des ONG étrangères en Tunisie : Comment capitaliser sur cette sympathie? (3/3)

Perçue à l’échelle internationale comme un véritable laboratoire socio-politique, la Tunisie attire depuis le 14 janvier 2011 un grand nombre d’organisations internationales non-gouvernementales pour en observer et analyser sous toutes les coutures l’expérience de transition vers la démocratie. Et aider à sa réussite.

parlement-ue-680.jpgEn plus de l’Union européenne, plusieurs pays membres de regroupement –mais également d’ailleurs- se sont engagés au cours des trois dernières années dans le soutien à l’expérience tunisienne de transition vers la démocratie.

C’est probablement qu’elle saisit, pour l’avoir vécu elle-même, l’importance d’une telle phase dans la vie d’un pays, que l’Espagne est l’un de ces pays. Son engagement pro-démocratie en Tunisie est passé par le canal de l’Agence espagnole pour le développement et la coopération internationale (AEDCI). Cette agence relevant du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a financé plusieurs programmes mis en œuvre en Tunisie par des ONG espagnoles.

A titre d’exemple, FUNDESARTE a coopéré avec l’Office national de l’artisanat Sejnane sur l’amélioration de la qualité de la vie des femmes potières de Sejnane. ISCOD a œuvré au renforcement des capacités des organisations syndicales en Tunisie, mais également dans quatre autres pays (Maroc, Algérie, Mauritanie et Sénégal). ASCUR a travaillé avec le Réseau méditerranéen des droits de l’Homme, à la consolidation des réseaux de libertés et des droits en Tunisie, Maroc et Algérie.

D’autres ONG espagnoles ont également mis la main à la pâte en Tunisie, dont ACPP (renforcement des capacités de 10 associations tunisiennes dans le nouveau contexte social de la Tunisie), l’Instituto Europeo del Mediterráneo Magreb (renforcement de capacités de la société civil méditerranéenne dans le processus de démocratisation), l’Université de Cordue (Optimiser une prévision d’un modèle de récolte), et la Fondation Paix et Solidarité (renforcement des capacités des organisations des syndicats et promotion de l’égalité homme-femme dans le travail).

Les deux plus grands pays de l’Union européenne, l’Allemagne et la France, ont également apporté leur contribution.

L’Allemagne, d’abord. Ce pays a notamment aidé au renforcement des aptitudes des associations, entreprises et communes dans les régions cibles de Sidi Bouzid, Kasserine et Siliana, pour leur permettre d’appréhender avec succès la phase de transition.

Les interventions de l’Allemagne ont également profité à Avocats Sans Frontières (réforme du système judiciaire), à AL Kawakibi Democracy Transition Centre (justice transitionnelle), l’Assemblée nationale constituante (ANC, droit constitutionnel), l’ONG Al Bawsala (transparence de la politique), etc.

La France, ensuite. Ce pays a probablement été le premier à agir en faveur de la Tunisie, et ce en lui accordant, dès février 2011, une aide d’urgence de 250.000 euros, en faveur des populations directement touchées par les événements du mois de janvier 2011 dans le Grand Tunis et surtout dans les zones de l’intérieur (Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa, Thala, Sfax, Médenine, Aïn Draham, et Le Kef).

Dans la foulée, l’Institut français de la coopération (IFC) a multiplié les interventions (éducation environnementale, Réseau associatif du Collectif RANDET Tunisie, soutien aux droits des populations défavorisées, association AMAL et Groupe SOS Tunisie, appui aux réfugiés pour la création de micro-entreprises, ENDA INTER ARABE, accompagnement psychologique des malades et appui aux associations de soutien aux enfants démunis ou handicapés, appui au développement du secteur associatif, Agence du Service Civique (ASC) -Groupe SOS/Développement sans frontières (DSF), etc.).

Très peu présent, voire quasiment absent du terrain associatif en Tunisie avant le 14 janvier 2014, le Royaume-Uni y a déployé une assez intense activité depuis trois ans. Le principal vecteur de cet engagement a été le British Council qui a notamment lancé –en partenariat avec l’Union européenne, le réseau Euro-Méditerranéen des droits de l’Homme, l’Institut arabe des droits de l’Homme, l’Institut français de Tunisie et l’organisation “développement sans frontières”- la plateforme “Jamaity.org” destinée à faciliter l’accès aux informations sur le travail de la société civile en Tunisie.

Mais le Royaume-Uni a mis à contribution d’autres ONG britanniques et internationales pour mener en Tunisie des actions visant à soutenir légalement et politiquement la liberté d’expression (Article 19), à transformer la télévision nationale en un télédiffuseur public (BBC), à permettre aux nouveaux acteurs politiques et associatifs de développer des politiques basée sur une meilleure connaissance de l’opinion publique (Applied Social Science Form), de favoriser la participation des électeurs des régions rurales/éloignées à travers diverses activités communautaires (Electoral Reform International Services), à améliorer la capacité des médias à couvrir les élections d’une manière équilibrée, informée et professionnelle (Thomson Foundation), à augmenter l’espace pour la qualité de la participation politique en Tunisie (The Westminster Foundation for Democracy), etc.

Mais comme pour les autres pays, l’action britannique en Tunisie ne s’est pas limitée au terrain politique. Elle s’est étendue au terrain économique et a été axée sur le soutien aux PME dans les régions défavorisées pour aider à réduire l’impact de la crise libyenne (en 2011) sur l’économie tunisienne (ENDA Interarabe Tunisie).