Le bâtiment anticipe 30.000 destructions d’emplois en 2015, autant qu’en 2014

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à Asnières-sur-Seine, en région parisienne (Photo : Thomas Samson)

[16/12/2014 16:46:05] Paris (AFP) Une économie atone et le blocage de nombreux permis de construire par les maires élus au printemps ont plombé le secteur du bâtiment, qui a perdu 30.000 emplois en 2014, une hémorragie qui devrait se poursuivre l’an prochain.

Avec un recul de 4,3%, la dégradation de l’activité sur l’année écoulée a été plus forte qu’anticipé par la Fédération française du bâtiment (FFB), qui tablait sur une stagnation (-0,4%) en volume, selon les chiffres présentés mardi.

En 2014, la chute de la production de logements neufs aura ainsi été de 10,3% avec seulement quelque 300.000 mises en chantier, loin de l’objectif gouvernemental de 500.000, tandis que le non-résidentiel neuf reculait de 5,9%.

En revanche, l’amélioration-entretien de logements (-0,9%) a mieux résisté, “confirmant son habituel rôle d?amortisseur du secteur”, selon le bilan de la fédération.

“La croissance économique ne fut pas au rendez-vous en 2014, contrairement à ce que les économistes retenaient comme hypothèse”, a souligné Jacques Chanut, président de la FFB, lors d’une conférence de presse, pointant en outre “un environnement institutionnel pour le moins instable”.

La FFB blâme aussi le “blocage de nombreux permis de construire par les maires au cours de l’été”, après l’alternance issue des élections municipales et une “confiance en l’avenir de l’ensemble des acteurs toujours au plus bas”.

2015 ne devrait pas être l’année de la reprise, “compte tenu du moral déprimé de tous les acteurs, ménages, entreprises et même collectivités territoriales, et des freins structurels qui handicapent l’économie française”, estime la FFB, tablant sur une activité en recul de 0,4% et 30.000 nouveaux postes détruits, en équivalents-emplois à temps plein.

“Les suppressions de postes se sont déjà accélérées au second semestre, il y en a eu autant que pendant l’année et demie qui a précédé”, a précisé à l’AFP Bernard Coloos, directeur aux affaires économiques et financières de la FFB.

Pour la fédération, aucune vraie reprise du secteur privé n’interviendra avant qu’un “certain niveau de confiance ne (soit) retrouvé”.

– Travail détaché mieux contrôlé –

Dans ce contexte, les collectivités locales ne doivent pas renoncer à investir, en dépit du recul prévu de la dotation de l?État, de 11 milliards sur 3 ans. “L’investissement public doit jouer son rôle contra-cyclique (…) faute de quoi les effets sur l’emploi et les recettes locales, seront dramatiques”, affirme la fédération.

La FFB estime par ailleurs que le plan de relance du gouvernement permettra d’atteindre 304.000 mises en chantier l’an prochain, contre une chute à 287.000 anticipée sans ces mesures.

“Nous sommes persuadés que le dispositif (fiscal) Pinel et le retour de longs différés pour les bénéficiaires modestes du Prêt à taux zéro (PTZ+) vont venir doper la demande”, a déclaré M. Chanut.

La FFB souhaite que le gouvernement “aille plus loin” dans ce reprofilage du PTZ+, et souligne l’effet positif attendu de la signature de la convention entre l’État et Action Logement, qui “marque une nette réorientation des engagements” de l’ex-1% Logement en faveur de la production nouvelle et de la rénovation urbaine.

La fédération en attend plus de 8 milliards d’euros de travaux et au moins 70.000 équivalents emplois par an, d’ici à 2019.

Dans le non résidentiel en revanche, l’activité devrait fléchir de 7,9% l’an prochain, tandis qu’elle progresserait de 1,5% dans l’amélioration-entretien, grâce au Crédit d?impôt pour la transition énergétique (CITE) notamment.

La FFB espère aussi voir intensifiée la répression des abus liés au détachement de travailleurs étrangers, avec une augmentation des contrôles sur les chantiers et la création d’une carte d’identité professionnelle, gratuite et obligatoire, pour tous les travailleurs de chantier (salariés, intérimaires ou détachés), promise par le gouvernement.

“Il faut revenir à des groupements d’intervention associant la police, la gendarmerie, les douanes, l’Urssaf et l’Inspection du travail, pour taper là où ça fait mal: le portefeuille”, a déclaré M. Chanut, espérant voir la carte d’identité professionnelle mise en place “à partir de juillet 2015”.