BCE : l’institution monétaire doit dévoiler ses décisions en matière de taux

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ésident de la Banque centrale européenne, à Francfort le 21 novembre 2014 (Photo : Daniel Roland)

[04/12/2014 07:00:41] Francfort (AFP) “On se prépare à agir mais… pas tout de suite”. Tel devrait être le message envoyé ce jeudi par la Banque centrale européenne (BCE), qui risque de devoir sortir l’artillerie lourde en 2015 face au risque de déflation en zone euro.

L’institution monétaire de Francfort doit dévoiler à 12h45 GMT ses décisions en matière de taux. Sauf coup de théâtre, ceux-ci devraient rester inchangés. Son principal taux directeur, référence pour le crédit en zone euro, avait été ramené en septembre au niveau historiquement bas de 0,05% et ne devrait plus en bouger pour un moment.

Cette annonce sera suivie à 13h30 GMT de la traditionnelle conférence de presse du président Mario Draghi, la dernière de l’année 2014. La suivante aura lieu le 22 janvier.

Comme chaque trimestre, l’Italien présentera jeudi les prévisions actualisées de croissance et d’inflation pour cette année et les suivantes. Les chiffres vont vraisemblablement être revus en nette baisse, alors que la reprise patine en zone euro et que la hausse des prix, à 0,3% en novembre, s’éloigne de plus en plus de l’objectif d’un peu moins de 2% poursuivi par les banquiers centraux.

Face au risque croissant de déflation, spirale de baisse généralisée des prix et des salaires, “la BCE va vouloir envoyer le message fort ce jeudi qu’elle fera ce qu’il faut pour relancer l’inflation et les perspectives d’inflation aussi vite que possible”, prévoit Christian Schulz, économiste pour la banque Berenberg.

– Pas de recours au ‘bazooka’ –

Ira-t-elle jusqu’à sortir dès cette semaine son “bazooka”? Les acteurs de marché désignent par ce terme les rachats de dette souveraine, que beaucoup appellent de leurs voeux comme dernier remède possible aux maux de la zone euro.

La plupart des analystes doutent que l’arme ultime soit dégainée jeudi, alors qu’une première vague de mesures annoncées en juin et septembre, comprenant des prêts très bon marché pour les banques et des achats d’actifs, a été déployée et doit désormais monter en puissance.

La banque centrale s’attend à ce que la combinaison de ces différents outils gonfle d’environ 1.000 milliards d’euros son bilan, avec l’espoir que les liquidités déversées dans le système financier finissent par relancer par ricochet la dynamique des prix.

Ces mesures risquent toutefois de ne pas suffire, et “nous pensons que (la BCE) devra recourir aux derniers instruments restant dans sa besace”, explique Janet Henry, analyste chez HSBC.

Les annonces des pays exportateurs de pétrole, qui ont maintenu leurs objectifs de production au risque de faire chuter encore les cours de l’or noir, ajoutent encore aux pressions sur les prix.

– Nouvelle offensive début 2015 –

“Nous sommes prêts à recalibrer l’ampleur, le rythme et la composition de nos achats (d’actifs) si nécessaire” et ce “sans délai indu”, a récemment affirmé M. Draghi.

L’Italien avait défini deux conditions à une nouvelle intervention: que les moyens déjà mis en oeuvre se révèlent insuffisants et que les prévisions d’inflation à moyen terme se dégradent encore.

Si besoin, la BCE pourrait élargir ses rachats d’actifs aux obligations d’entreprises, un marché de 1.400 milliards d’euros, mais “il semble clair qu'(elle) va bientôt s’embarquer dans un programme (…) comprenant des achats de dettes publiques. Toute la question est de savoir quand et avec quelle ampleur”, souligne Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics.

Pour beaucoup d’analystes, la date la plus probable est mars 2015.

“Nous n’allons pas nous précipiter avant de savoir si ce que nous avons déjà décidé fonctionne”, a récemment souligné Benoît Coeuré, membre du directoire de l’institution.

Celle-ci est d’autant plus réticente à franchir le Rubicon que les obstacles légaux et les résistances sont nombreuses à un “assouplissement quantitatif” – ou “QE”, du nom d’un tel programme de rachats d’actifs à l’américaine -, notamment en Allemagne.

Et certains comme Carsten Brzeski, économiste en chef d’ING, préviennent d’ores et déjà que les effets de tels rachats sur l’économie réelle sont “incertains”.