Tunisie – Second tour : Signe de maturité démocratique, mais retarde la relance économique!

Par : Tallel

 

tunisie-directinfo-top-5-680.jpg

Dimanche 23 novembre 2014, les Tunisiens ont voté la première élection présidentielle libre et démocratique de leur histoire. Ils avaient le choix entre 27 candidats –ou plutôt 23, à cause du désistement de quatre autres.

Concernant le taux de participation au premier tour, et selon les premières estimations de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), il s’établit à 64,6% à l’intérieur de la Tunisie et 29,68% à l’étranger. Ces taux de participation sont jugés faibles. Beaucoup de raisons à cela : lassitude, désintérêt, faux calculs, etc., difficile à dire.

Selon plusieurs sondages sortis des urnes –et si l’ISIE ne les considère pas-, et comme s’était presque attendu, ce sont les deux principaux protagonistes de la présidentielle qui arriveraient en tête, en l’occurrence Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. Mais à la différence des premières estimations des instituts de sondages lors des législatives, cette fois-ci il y a de gros écarts entre ces estimations.

En effet, Sigma Conseil donne vainqueur BCE avec 42,7% contre 32,6% à Marzouki. Pour sa part, 3C Etudes donne 47,8% à BCE contre 26,9% pour Marzouki. Quant à l’agence Anadolu, elle estime que BCE l’emporterait avec 39% contre 32% pour Marzouki.

Dans tous les cas de figure, c’est BCE qui arrive en tête. Ce qui signifie que, si ces estimations se confirmaient, alors ce dernier prendrait une sérieuse option pour le palais présidentiel de Carthage. Mais, c’est une bataille qu’il aura gagné, il faut maintenant transformer l’essai pour le sprint final, autrement la guerre.

Quelques renseignements

Comme pour les élections législatives, la jeunesse semble avoir encore une fois boudé les urnes, se sentant désabusée.

Signe que, en peu de temps, l’électeur tunisien a gagné une certaine maturité, les premières estimations montrent qu’il veut donner le parti vainqueur des législatives les moyens de gouverner, en envoyant BCE à Carthage.

Pour l’instant, il est prématuré de dire que les électeurs ont voté “utile“, ce qui serait logique étant donné que l’économie tunisienne a besoin des signaux rassurants et forts, et, de ce fait, supporterait mal un exécutif bicéphale qui est à même de renvoyer à plus tard des questions socioéconomiques qui demandent pourtant des solutions urgentes et surtout efficaces.

Nul besoin de rappeler que ce bicéphalisme –La Kasbah d’un côté et Carthage de l’autre- vécu ces trois dernières années à la tête de l’exécutif tunisien a mis à rude épreuve l’économie tunisienne.

Les autres faits saillants de ce scrutin, c’est sans doute, d’abord, le rejet pur et simple des “opposants“ historiques de la scène politique tunisienne, entre autres les Ban Jaafar et Néjib Chebbi. D’autres ont subi le même sort: Morjane, Zenaïdi… Sans oublier les nouveaux venus: Ben Slama, Safi, Channoufi, Hachmi Hamdi, Abdelli, Frikha, Labbaoui, Kennou, Kilani, Riahi, etc. La plupart d’entre eux ne figurent même pas dans les radars des sondages sortis des urnes. A vrai dire, ils n’y croyaient pas au fond d’eux-mêmes, tant ils étaient très en dessous des deux premiers. Mais bon, l’histoire retiendra au moins qu’ils s’étaient présentés à la première élection présidentielle tunisienne libre et démocratique.

Certes, le fait qu’on s’achemine vers un second tour, cela montre que les Tunisiens sont “murs“ pour la démocratie. C’est important. Toutefois, l’économie du pays, très mal en pointe, devra encore attendre quelques mois, et ce malgré les efforts du gouvernement Jomaa.

L’issue du second tour commence déjà à faire jaser ici et là. Car, Marzouki appelle déjà à un regroupement des “forces démocratiques“, comme si l’autre camp n’était pas démocratique. Or, Nidaa Tounes, en général, et BCE, en particulier, ont bien été portés au premier rang par le peuple, en toute transparence. C’est à peine croyable!

Alors question à Marzouki pour conserver son Palais de Carthage : Qu’entend-on par démocratie?

En tout état de cause, BCE et son parti savent maintenant ce qui leur reste à faire: convaincre les électeurs à aller voter nombreux lors du second tour. La partie est loin d’être gagnée.