La foire Paris Photo surfe sur un marché en pleine croissance

13d07c19de7b0b76898ad663def4c28dda4e0d98.jpg
à Hollywood, en Californie (Photo : David Buchan)

[13/11/2014 11:42:54] Paris (AFP) Plus de pays représentés, des prix en hausse, Paris Photo, première foire mondiale du secteur est à l’image d’un marché en pleine croissance, même s’il est encore loin des prix de la peinture ou de la sculpture.

“Nous sommes dans un moment de maturité du marché”, estime Julien Frydman , directeur de Paris Photo (jusqu’au 16 novembre), “la photo n’est plus considérée comme un petit monde fermé sur lui même”.

Preuve de cette internationalisation croissante, 35 pays, contre 25 en 2013, sont représentés parmi les 170 exposants (143 galeries et 26 éditeurs) de cette 18e édition sous la verrière du musée du Grand Palais. Parmi les nouveaux venus, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie.

“Dix-huit ans, c’est la preuve que la photo est un art majeur”, souligne Julien Frydman, qui ne nie pas une “dimension spéculative”, mais préfère insister sur la présence à la foire de plus de 250 artistes (sur les 1.230 représentés), dont certains signeront leur livre.

“Il y a beaucoup d’offres supérieures à 100.000 euros, et même des oeuvres à 500.000 euros”, ajoute-t-il. Sans doute l’une des images les plus chères de la foire, “Femme dans un palais marocain” d’Irving Penn est proposé à 1,5 million d’euros par la galerie Hamiltons de Londres.

Des prix qui pourtant sont encore loin de rivaliser avec ceux de l’art contemporain. Ainsi “seulement 38 photographies ont dépassé le seuil symbolique du million d’euros aux enchères”, souligne Thierry Ehrmann, président et fondateur d’Art Price, leader mondial des données sur le marché de l’art.

“Si vous avez dix millions de dollars, résume Tim Jefferies, propriétaire d’Hamiltons, vous aurez du mal à constituer une collection d’art contemporain, mais vous pourrez constituer une belle collection de photos”.

– Quatre soeurs –

La photo représente moins de 2% du produit des ventes totales d’art et seulement 35% des transactions sur ce marché, rappelle Thierry Ehrmann.

“Le public comprend la photo de mieux en mieux. Ce n’était pas le cas il y a 20 ans”, explique l’une des responsables de la Fraenkel Gallery de San Francisco qui expose notamment la série des “Brown Sisters”, quatre soeurs que Nicholas Nixon a photographiées chaque année pendant 40 ans (450/500.000 euros).

Quant à Tim Jefferies, il voit dans Paris Photo le moyen d’avoir “accès aux meilleurs collectionneurs du monde”. 65 groupes de musées du monde entier étaient présents l’an dernier pour faire leurs emplettes et ils devraient être plus nombreux cette année.

Autre signe de maturité, de plus en plus de galeries d’art contemporain franchissent le pas et exposent à Paris Photo. C’est le cas de la galerie parisienne Daniel Templon qui montre le travail du célèbre duo français Pierre et Gilles – dont un portrait du chanteur Stromae, oeuvre unique vendue 120.000 euros – ou les dernières photos de David Lachapelle.

Des artistes dont la thématique commune est “la photo mise en scène”, explique Victoire Disderot, de la galerie Daniel Templon.

Pas de tendance marquée cette année, selon Julien Frydman, si ce n’est “une approche contemporaine autour de la manipulation des procédés photographiques, de l’interaction avec l’image… “

Les oeuvres présentes à la foire sont marquées par une extrême diversité de style, du pur abstrait avec le Britannique Ian McKeever au réalisme le plus dépouillé de l’Américain Stephen Shore (Galerie 303 de New York).

Paris Photo propose également une exposition sur les récentes acquisitions du Moma de New York et une autre sur de remarquables tirages photographiques indiens des 19e et 20e siècles, dont des séries de portraits peints.