Présidentielle 2014 : Voter pour celui qui a le plus donné à la Tunisie, après la révolution

tunisie-wmc-elections-2014-680-300.jpgLe scrutin présidentiel se déroulera, le 23 novembre 2014, au suffrage universel, libre, direct et secret à la majorité absolue des voix, soit 50% + 1 voix. L’idéal serait qu’un des 24 candidats encore en lice obtienne cette majorité au premier tour et évite au pays toute tentative de sabordage du processus démocratique par des terroristes lors de la période du deuxième tour prévu pour le 28 décembre 2014.

Pour les observateurs de la chose tunisienne, ce scénario est improbable en raison du grand nombre des candidats et du risque d’éparpillement des voix. Néanmoins, les Tunisiens peuvent démentir cette thèse et faire gagner à des Tunisiens exténués, en cette fin d’année, un précieux mois sans angoisse en votant «intelligent».

A cette fin, il leur suffit tout simplement de voter pour le candidat qui a le plus donné à la Tunisie après la révolution, et qui est le mieux indiqué pour mettre le pays sur la voie pérenne en matière d’alternance, de démocratie, de liberté, de pluralisme et d’équité des chances.

Si on s’amuse à appliquer cette règle aux candidats en lice, certains postulants seront vite écartés. Inutile de les nommer, ils se reconnaîtront, car ils sont pour la plupart issus du défunt Il faut en finir. Les électeurs en ont, cette fois-ci, les moyens: les urnes.

Les outsiders

Il s’agit aussi des candidats de la Troïka, particulièrement les Marzouki, Ben Jaafar, Abderrazak Kilani…, et ce pour une raison très simple. Leur parcours a été particulièrement catastrophique. A cause d’eux, le pays est au bord de la faillite économique et aux prises avec le terrorisme. C’est largement assez pour qu’ils déguerpissent.

Cette règle «tu es dans ce qui tu donnes et non dans ce qui tu es» exclut, également, de son rayon d’action ces hommes d’affaires extraterrestres qui n’investissent que dans l’off shore et qui croient tout se permettre, même l’Institution de la présidence, avec leur argent sale… Sans oublier d’autres ovnis venus d’ailleurs.

Les militants historiques concernés

Viennent ensuite les candidats qui se réclament d’une légitimité historique. Là aussi cette même règle «tu es dans ce qui tu as donné» leur fait défaut. C’est le cas d’autres prétendants qui aiment clamer à cor et à cri qu’ils avaient résisté à Bourguiba et à Ben Ali sans aucune réalisation palpable et sans aucune prise sur le réel. Après la révolution, certains d’entre eux ont brillé par des tergiversations et volte-face…

Kalthoum Kennou, seule candidate femme à la présidentielle, semble être contestée, pour différentes raisons. On l’accuse notamment de ne s’être pas démenée comme il se doit pour imposer l’indépendance de la justice durant les mois qui ont suivi la révolution. D’aucuns disent qu’elle était trop molle…

Est-ce utile de rappeler que l’actuel porte-parole du Front populaire, qui, apparemment, s’est toujours plu dans le rôle d’«éternel contestataire», était parmi les farouches leaders qui avaient poussé à l’élection d’une Assemblée nationale constituante (ANC). Cette même ANC qui a été à l’origine du calvaire que les Tunisiens ont connu pendant plus de trois ans. Le bon sens suppose qu’il se consacre entièrement à la réforme de son parti et à profiter des bons résultats lors des législatives (15 sièges) pour ancrer les valeurs de la gauche dans la société.

C’est BCE qui a le plus donné

Mention spéciale pour le candidat Béji Caïd Essebsi –BCE comme on le surnomme affectueusement. Il semble en toute objectivité que cette règle lui sied parfaitement. Autrement dit, Bajbouj a beaucoup donné au pays après la révolution. A preuve, il a eu le mérite d’avoir veillé à l’organisation avec succès au premier scrutin libre et démocratique, un certain 23 octobre 2011, pour l’élection de l’ANC. Il a eu le mérite d’avoir inauguré l’alternance en remettant pacifiquement le pouvoir à la Troïka.

Mieux, il a eu le courage politique de s’opposer à la dictature naissante du parti Ennahdha qui voulait changer le mode de société en Tunisie. A cet effet, il fonde son parti, Nidaa Tounes, dans le but de rassembler l’opposition et de lutter contre l’échec du gouvernement. Il devient, depuis, le chef de l’opposition en dépit de la tentative de la Troïka de l’exclure de la vie politique en raison de son ancienne appartenance au RCD.

Au rayon diplomatique, dans un contexte de fortes activités terroristes dans la région -depuis la Kabylie jusqu’au Sinaï-, le président de la République tunisienne doit être en harmonie avec les régimes d’Alger et de Tripoli (Libye). BCE, qui entretient d’excellentes relations avec les Algériens et les Libyens, est le mieux placé pour accéder à la magistrature suprême.

Moralité: Nidaa Tounès de BCE a joué un rôle déterminant pour sauver la Tunisie de la mainmise nahdhaouie et de sa libération du joug de la mouvance islamique internationale.

BCE a eu, en outre, le flair politique d’accepter de coopérer avec Ennahdha pour dégager en prime dans le cadre du Dialogue national un consensus sur une feuille de route qui a abouti à la Constitution, la formation d’un gouvernement de technocrates, la mise en place des institutions régulatrices, l’organisation avec succès des législatives.

Logiquement, par-delà ces réalisations inestimables pour la stabilité future du pays, lesquelles ont permis de sauver le pays et de le mettre sur la voie irréversible de la démocratie, BCE, à l’âge de 87 ans, mérite d’être récompensé par les Tunisiens d’autant plus que, comme il l’a dit lui-même, dernièrement, sur El Watania 1, «s’il y avait sur la scène politique un candidat qui mérite son soutien, il n’aurait jamais présenté sa candidature à la magistrature suprême».

C’est pour dire in fine: «tu es dans ce qui te donnes et non dans ce que tu es». Entendre par-là que tout homme politique se doit de servir avant de se servir.

A bon entendeur.