Tunisie : Hamadi Jebali n’a pas tiré un trait sur sa carrière politique

«A eux tous, je dis merci et continuons. (…) Qu’Allah m’aide à servir mon pays, qu’Allah m’aide à vous servir». Cette phrase du communiqué publié par Hamadi Jebali, vendredi 19 septembre 2014, pour annoncer sa décision de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, est quasiment passée inaperçue. Pourtant, c’est probablement la plus importante de ce texte qui restera certainement dans l’histoire car elle ne parle ni du passé ni du présent mais de l’avenir. Celui de l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général d’Ennahdha qui y dit clairement –«continuons»- qu’il n’entend nullement tirer sa révérence sur le plan politique et est déterminé à continuer son engagement et son combat.

tunisie_directinfo_hamadi-jebali-voyante-future.jpgCette décision de ne pas tirer un trait sur sa carrière politique, on en trouve confirmation dans d’autres passages du communiqué du 19 septembre.

D’abord, lorsque Hamadi Jebali rappelle qu’il est «impliqué dans ce chantier de transformation et de métamorphose de la Tunisie contemporaine» et souligne que «mon engagement est toujours fort et réel: il le sera durant les élections et au-delà». Avec pour objectif d’«empêcher le retour du despotisme et engager la Tunisie sur le chemin de la démocratie politique et sociale».

Mais concrètement, que va faire l’ancien chef du gouvernement pour concrétiser son engagement politique et contribuer à la transformation de la Tunisie? Et comment va-t-il se positionner par rapport à son parti avec lequel il n’a plus tellement de dénominateurs communs?

D’après nos informations, l’ex-secrétaire général d’Ennahdha ne va pas, dans l’immédiat, prendre de décisions et encore moins d’initiatives. Retiré à Sousse –où l’ancien chef du gouvernement a refusé une proposition, que lui a faite la direction d’Ennahdha au dernier moment, d’y diriger la liste du parti aux élections législatives- il s’accorde une sorte de repos du guerrier, durant lequel il entend prendre le temps de l’observation et de la réflexion.

Convaincu qu’un homme politique n’est pas «mort» -on a bien fait appel à Mustapha Filali impliqué dans différentes péripéties du Dialogue national et sollicité pour occuper le poste de Premier ministre en 2013, proposition qu’il a acceptée avant de se rétracter- Hamadi Jebali entend replonger dans l’arène politique. Mais pour décider du timing et de la manière dont il va le faire, l’ancien chef du gouvernement va attendre que les choses se clarifient. Notamment au sein d’Ennahdha.

Hamadi Jebali se décidera en fonction de ce que donnera le prochain congrès d’Ennahdha, envisagé un moment avant les élections puis reporté –par référendum interne- au lendemain des prochaines échéances électorales.

Si à cette occasion, Ennahdha fait son aggiornamento et s’ouvre davantage -notamment en séparant action politique et prosélytisme religieux, Hamadi Jebali reprendra sa place au sein du parti. Sinon, assurent nos sources, il démissionnera pour créer sa propre formation, qui serait une version tunisienne de l’AKP.

Dans l’intervalle, l’ex-secrétaire général d’Ennahdha, qui s’est construit à l’étranger –notamment aux Etats-Unis- une solide réputation et une image de modéré, pourrait être appelé à jouer un rôle sur le plan international ou régional.

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