Un groupe Facebook antiradars devant la justice

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ût 2011 (Photo : Jeff Pachoud)

[09/09/2014 09:06:58] Rodez (AFP) Le procès inédit d’une communauté sur Facebook donnant la localisation des radars en Aveyron doit s’ouvrir mardi après-midi à Rodez, sous le regard très intéressé des automobilistes comme des hommes de loi.

L’ouverture du procès, prévue initialement le matin, a été reportée à 14H00, a-t-on appris auprès du parquet.

Quinze prévenus, dont le fondateur du groupe, répondent devant le tribunal correctionnel de “soustraction à la constatation des infractions routières”. Huit prévenus sont également poursuivis pour “outrages” après avoir qualifié les gendarmes sur la page Facebook de noms d’oiseaux peu amènes.

Ce procès, “c’est une grosse hypocrisie car il existe des tas d’entreprises privées qui utilisent les mêmes systèmes permettant de savoir où sont les radars”, a dit mardi matin à l’AFP un prévenu, un Aveyronnais d’une trentaine d’années, Mathieu Chané. “Ils (les magistrats, ndlr) veulent faire de nous un petit exemple, créer un précédent”, a ajouté M. Chané, se présentant comme l’un des cofondateurs de cette page Facebook.

Créée en 2012, la page réunit des messages sur des “+poulets+ au rond-point…”, des “attention test alcoolémie” mais aussi des avertissements sur des bouchons ou des accidents.

Le groupe “qui te dit où est la police en Aveyron”, comme il se fait appeler, compte plus de 10.000 membres. “Tu vois une camionnette bleue, un radar, des motards… viens le signaler”, écrit-il dans sa description.

Les groupes du genre réunissent “entre 600.000 et 800.000 membres sur Facebook”, assure l’avocat Rémy Josseaume, expert en droit automobile.

Mais en Aveyron, le procureur de la République de Rodez, Yves Delpérié, a “décidé de réprimer ces gens qui cherchent à échapper à la loi”, expliquait-il récemment.

Pour Me Josseaume, qui défend neuf des quinze prévenus, aucune loi n’est violée. Certes, l’article R 413-15 interdit les “détecteurs de radars” et prévoit une amende de 1.500 euros et un retrait de six points sur le permis. Mais, selon l’avocat, le groupe sur Facebook ne peut pas être assimilé à un “détecteur de radars”.

L’avocat rappelle que le Conseil d’Etat avait autorisé en 2013 les “solutions d’aide à la conduite” qui reposent sur une communauté de membres pour signaler la présence de “zones de danger”, un euphémisme synonyme de la possible présence d’un radar.

Les associations pour la sécurité routière y voient, elles, un dangereux instrument, soulignant que, en 2013, le nombre de tués en Aveyron a bondi de 126% (34 contre 15 en 2012), alors que l’ensemble de la France a connu une baisse de plus de 10%.