Le groupe de blanchisserie industrielle Elis va entrer en Bourse

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ée sur les marchés (Photo : Fred Dufour)

[09/09/2014 06:22:08] Paris (AFP) Le groupe de blanchisserie industrielle Elis s’apprête à entrer en Bourse à un moment où l’euphorie est retombée sur les marchés, mais l’entreprise, forte de son parcours pendant la crise, estime que son dossier devrait toujours susciter l’intérêt des investisseurs, même devenus plus prudents.

Elis a annoncé mardi avoir enregistré la veille auprès des autorités boursières le “document de base” décrivant l’opération, qui était attendue depuis de nombreux mois.

Ce devrait être l’une des principales entrées en Bourse de l’année sur le marché parisien.

“Un marché plus sélectif nous permettra peut-être d’avoir plus d’attention de la part des investisseurs, d’autant que la liquidité du marché reste importante”, note le président du directoire Xavier Martiré dans un entretien à l’AFP, en se disant “confiant et optimiste” sur le succès de l’opération.

Car Elis “a toujours connu de la croissance, même au pire de la crise. Idem, pour l’Ebitda (excédent brut d’exploitation), et ce, année après année depuis 60 ans,” souligne M. Martiré.

La société, détenue depuis 2007 par la société d’investissement Eurazeo, réunit deux caractéristiques prisées des marchés mais souvent difficilement compatibles:

– “une résilience forte” par gros temps, attestée par l’historique de ses performances passées et garantissant aux investisseurs des +cash flows+ réguliers.

– une croissance soutenue, nourrie par un mélange de développement organique et de petites acquisitions, et plus franche que celle des pays où le groupe est implanté.

En 2013, Elis a réalisé un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros, en hausse de 3,4%, sur lequel il a dégagé une marge d’ Ebitda de 32,7%. Il devrait franchir cette année les 1,3 milliard de ventes grâce à l’acquisition de la société Atmosfera, qui l’a propulsé au premier rang du marché brésilien.

Elis espère aussi vendre au marché sa présence importante en Europe du Sud (n°1 au Portugal, n°3 en Espagne) où la reprise est désormais en marche et où ses activités connaissent depuis le printemps des progressions “à deux chiffres”.

Le groupe réalise encore 72% de son activité en France, où il monopolise près de la moitié du marché, mais s’est constitué en quelques années des positions solides au Brésil (7% de ses ventes) et en Suisse (5%). Dans ce dernier pays, comme en Espagne, il espère devenir numéro 1 dans quelques années.

– Un système vertueux –

Fondée en 1883 sous le nom de Grandes Blanchisseries de Pantin, Elis a étendu au fil des ans ses activités bien au delà de la seule blanchisserie industrielle.

Le premier virage a été pris dès la fin de la guerre, avec la mise en place d’une offre de location/entretien de linge. Aujourd’hui, le groupe assure la gestion de distributeurs de savon ou d’essuie-mains, de fontaines à eau ou de machines à café. Depuis le début de l’an passé, il est aussi présent dans le contrôle des nuisibles (dératisation/désinsectisation), avec des résultats “très prometteurs”, selon M. Martiré.

Ce modèle économique le rapproche de celui de ses concurrents cotés britanniques, Rentokil Initial et Berendsen.

Mais M. Martiré estime que son entreprise dispose par rapport à ses concurrents d’un atout majeur: ses 2.500 chauffeurs-livreurs, que le groupe préfère appeler “agents de service”.

Ces derniers “ne se contentent pas de déposer devant votre porte votre paquet de linge”, fait valoir le responsable.

Portant chemise blanche et cravate, ils sont toujours affectés aux même clients et une partie de leur mission consiste à leur vendre des services additionnels. Et leurs revenus en dépendent: les plus performants peuvent ainsi doubler leur salaire avec les commissions, assure M. Martiré.

Les autres acteurs du marché, s’ils offrent les mêmes prestations qu’Elis, le font à travers des structures spécialisées, et donc à travers des employés à chaque fois différents.

“Notre système génère un haut niveau de confiance” chez les clients qui savent pouvoir rencontrer le même représentant d’Elis tous les jours lors de la livraison de leur linge.

“Le système est très vertueux: les livreurs sont très concentrés sur la satisfaction du client, indispensable pour leur vendre des services, dont dépend leur niveau de revenus”, se félicite le président d’Elis, présent dans le groupe depuis seize ans.

– Priorité au désendettement –

Même si la blanchisserie existe depuis longtemps, le métier est devenu très technique, fait-il valoir par ailleurs.

Une blanchisserie industrielle est aujourd’hui “un objet industriel hautement complexe et qui coûte cher” (jusqu’à 20 millions d’euros d’investissement pour une usine neuve).

Le gestion des flux des linges sales, avec leurs multiples références, est un métier complexe. Ce qui peut expliquer que le chef de production de la toute nouvelle usine dont le groupe s’est doté dans son berceau de Pantin soit .. un Polytechnicien.

Même si la blanchisserie reste un métier dur, Elis affirme rester à l’écoute de ses salariés, dont nombre sont d’origine étrangère, et ne pas avoir connu de grèves “depuis des années”.

Les modalités précises de l’introduction en Bourse restent à préciser. M. Martiré indique simplement que “la majeure partie des sommes levées à cette occasion sera sous forme d’une augmentation de capital”. Son produit servira à réduire la dette qui frôlait les 2 milliards d’euros fin 2013.