FMI/Transitions au Moyen-Orient : une longue route difficile (4/4)

Développer l’esprit d’entreprenariat est une absolue nécessité pour les Pays Arabes en Transition (PAT). Car l’Etat n’étant plus en mesure d’absorber les vagues des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi –notamment les diplômés des universités-, il faut leur ouvrir de nouvelles voies.

fmi-680.jpgEn effet, constate le rapport du Fonds monétaire international (…), dans les Pays Arabes en Transition (PAT) «les meilleurs et les plus brillants» vont dans le secteur public, les «oligopoles privés soutenus par le gouvernement ou émigrent à l’étranger».

Donc si ces têtes «bien faites» ou «bien pleines» fuient l’entreprenariat –préférant «éviter le risque et attendre un emploi sûr et stable dans le secteur public»-, c’est, estime l’étude du FMI, parce qu’ils n’y sont pas préparés. Cela est dû au fait que, selon Ismail Serageldin (cité dans Noland and Pack 2007), «une génération a grandi dans la culture de la dépendance qui est mal adaptée pour faire face à l’exposition croissante aux pressions du marché» et, de ce fait, «manque de motivation à la réussite, d’une vision des opportunités, de sens de la discipline, d’engagement éthique au travail et d’auto-estime qu’une génération transmet à l’autre».

Il n’est donc pas étonnant, observe l’étude, que «la région MENA ait le taux de densité d’entrée le plus bas au monde –quatre fois plus bas qu’en Europe et en Asie centrale».

L’exemple de Singapour

En outre, l’essentiel des start-up dans les PAT est constitué de microentreprises dans le secteur informel «servant le marché local où la plupart des nouveaux emplois sont créés».

Enraciner une –nouvelle- culture de l’entreprenariat commence avec le changement –radical- de la mentalité «dominante» est, comme l’expérience de Singapour l’a démontré, un processus lent qui «doit être renforcé par des changements d’attitudes et la disponibilité d’opportunités alternatives».

Dégraisser le secteur public réformes

Pour provoquer ce changement chez les «jeunes gens talentueux» et les mettre sur une autre voie, l’étude suggère, d’abord, de dégraisser le secteur public. Nécessaire mais pas suffisante, cette mesure devra être appuyée par d’autres.

Dans des marchés du travail victimes de distorsions «introduites par les lois sur le salaire minimum, la syndicalisation, les contributions sociales obligatoires, les lois concernant les licenciements, les indemnités de licenciement, le rôle du secteur public dans la fixation des salaires, etc.», l’étude suggère la mise en œuvre d’un «paquet» de réformes dont la réduction des charges sociales sur les travailleurs non-qualifiés, les subventions des coûts salariaux, etc.».

Turbulences “salutaires“

Malgré tout, les experts du Fonds monétaire international, auteurs de cette étude, demeurent assez optimistes en ce qui concerne les Pays Arabes en Transition. Certes, ceux-ci font face à de très fortes turbulences mais, paradoxalement, ces turbulences pourraient les rendre plus aptes «à introduire de dures réformes».

Il est tout à fait possible que les PAT arrivent à des «mesures politiques suffisamment réalisables et permettant de mettre en œuvre les politiques macroéconomiques, institutionnelles et sectorielles, complexes et douloureuses qu’ils ont besoin d’exécuter ».