FMI/Transitions au Moyen-Orient : Une longue route difficile (1/4)


fmi_moyen_orient.gifComment
remettre en marche la machine économique dans un environnement –de transition
politique- fort instable? Pour aider les gouvernements des Pays Arabes en
Transition (PAT) – Egypte, Jordanie, Libye, Maroc, Tunisie et Yémen- à répondre
à cette question cruciale pour leur avenir, le Fonds monétaire international
(FMI) a produit une étude (Middle East Transitions: A Long, Hard Road, Shahid
Yusuf) suggérant des éléments d’une politique économique pouvant contribuer à
relancer les économies de ces pays.

Depuis le début du Printemps arabe, l’incertitude économique a ralenti une
croissance déjà molle dans ces pays; aggravé le chômage, particulièrement des
jeunes, sapé la confiance des milieux d’affaires, affecté les arrivées de
touristes, et fait baisser l’investissement local et l’investissement direct
étranger. En outre, les tensions politiques et sociales ont restreint les
efforts de réforme.

Evaluant les options politiques telles que présentées dans la volumineuse
littérature sur le Printemps arabe, cette étude, basée sur l’expérience de
plusieurs pays, conclut que la croissance durable et inclusive nécessite une
double approche: des mesures de court terme qui relancent la dynamique de la
croissance et apaisent partiellement les craintes populaires, complétées par des
efforts afin d’adapter les attentes du public, préparer le terrain aux réformes
structurelles qui amèneront la performance de long terme désirée.

Accélérer la croissance: mesures de court terme

Confrontés à des populations impatientes et à d’anciennes élites prêtes à
transférer leurs actifs liquides à l’étranger (si elles ne l’ont pas déjà fait),
les gouvernements nouvellement installés –ou les gouvernements intérimaires- des
économies arabes en transition n’ont pas le luxe du temps. Elles ont besoin de
démontrer leur aptitude à concrétiser des mesures politiques qui peuvent
produire des résultats rapides dans l’environnement global actuel moins que
propice, et d’enchaîner avec des mesures supplémentaires basées sur de nouvelles
stratégies économiques (cristallisées à partir des nombreux rapports produits à
ce jour) qui construisent sur ces premières initiatives de manière à soutenir le
tempo du développement à long terme.

Indubitablement, comme en Egypte, la stabilité politique et les actions entamant
le processus de correction des déséquilibres macroéconomiques font partie des
politiques de soutien à la croissance.

Un récent rapport de la Banque mondiale affirme que les «miracles de l’emploi»
nécessitent une combinaison de macro-stabilisation, une législation flexible en
matière d’investissement et de commerce, une meilleure gouvernance, et du temps
qu’il faut pour exécuter les contrats et démarrer une entreprise.

Des progrès dans ces domaines réduiraient les incertitudes assaillant les pays
arabes en transition et qui freinent l’investissement privé et induisent la
fuite de capitaux.

En particulier, la gestion des différences politiques, un degré d’expression de
la contestation, la volonté de compromis, et des efforts proactifs du
gouvernement pour forger un consensus avec les principaux acteurs concernés sur
des objectifs de développement seront essentiels pour l’accélération de la
croissance.

Dans les quatre pays arabes en transition ayant connu des soulèvements et les
deux qui les ont évités jusqu’ici, l’élaboration et la mise en œuvre de
politiques économiques judicieuses sont fondées sur des accords politiques qui
rendront possible l’administration du remède économique nécessaire dans le futur
immédiat et en doses mesurées d’ici la fin de la décennie.

La croissance génératrice d’emplois est la seule voie de satisfaire largement
les attentes des divers groupes d’intérêt dans les pays arabes en transition et
leurs créditeurs extérieurs. Mais une telle croissance devrait rétrécir plutôt
qu’élargir les déséquilibres fiscaux et extérieurs, ce qui signifie qu’elle
devrait idéalement être entraînée par des secteurs de biens commercialisables et
commencer à contribuer aux recettes en devises.

Absorber davantage de jeunes dans le secteur public et/ou augmenter les salaires
des fonctionnaires –comme l’ont fait l’Egypte, la Tunisie et le Maroc- peut
temporairement apaiser la main-d’œuvre rétive. Toutefois, de telles actions
impliquent des coûts fiscaux à long terme car elles ne peuvent être facilement
défaites, impactent négativement la productivité, déforment davantage les
attentes des jeunes diplômés pour qui un emploi inamovible dans le secteur
public avec ses bénéfices constitue le rêve de leur vie –et affectent les coûts
salariaux dans d’autres secteurs également.

(A suivre)