L’Amérique latine face au défi de son manque d’infrastructures

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érou, le 10 novembre 2010 (Photo : Cris Bouroncle)

[06/08/2014 09:27:44] Santiago du Chili (AFP) La chute des prix et de la demande de matières premières a ralenti la croissance en Amérique latine, qui cherche désormais sur le terrain des infrastructures – un de ses points faibles – l’occasion d’accroître sa compétitivité.

Lundi, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) a revu à la baisse, pour la deuxième fois, sa prévision de croissance pour la région en 2014, à 2,2% contre 2,7% auparavant.

“La normalisation de la politique (monétaire) des États-Unis et le ralentissement des pays émergents, notamment la Chine avec son rôle au niveau des prix des matières premières, présentent pour l’Amérique latine le défi d’améliorer sa compétitivité”, explique à AFP Julio Romero, analyste de la banque d’investissement Corficolombiana.

Selon le Forum économique mondial, le pays le plus compétitif de la région est le Chili, 34e au classement mondial, suivi du Panama (40), du Costa Rica (54), du Mexique (55) et du Brésil (56).

Dans un marché mondialisé, “les droits de douane sont très faibles et il est difficile de les réduire, donc aujourd’hui la compétitivité passe par la réduction des coûts logistiques”, relève pour l’AFP Gabriel Perez, économiste à la Cepal.

La Cepal estime à 6,2% du PIB dans la région les investissements nécessaires en infrastructures sur la période 2012-2020 pour rattraper le retard, répartis en 3,2% destinés aux nouveaux développements et 3% à la maintenance des structures existantes dans un continent frappé régulièrement par des catastrophes naturelles.

“Ce qui manque c’est une vision de ce que seraient les infrastructures nécessaires, car celles qui existent datent de l’époque coloniale”, souligne Gabriel Perez.

Selon lui, la moyenne de l’investissement actuel en infrastructures dans la région ne dépasse pas 2% du PIB, en priorité dans la production d’électricité et les télécommunications.

Le relief accidenté de l’Amérique latine ne facilite pas la tâche. En Colombie, “il est beaucoup plus cher de transporter un conteneur d’un port vers une ville” en raison de la Cordillère des Andes “que de l’amener d’Asie”, relève Julio Romero.

Au Chili, sur un réseau routier de 90.000 km, seulement 23% des routes sont goudronnées, laissant de grandes zones isolées.

– Investissement chinois –

Pour la région, le salut dans ce domaine pourrait venir de la Chine, qui cherche à diversifier ses investissements.

Le président chinois Xi Jinping a multiplié ces derniers mois les tournées en Amérique du Sud, ouvrant un fonds de 20 milliards de dollars destiné aux infrastructures.

Cette somme s’ajoute aux 100 milliards de dollars déjà disponibles auprès de la nouvelle Banque de développement récemment créée par les Brics (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) et au capital existant au sein d’organisations financières comme la BID, la Banque interaméricaine de développement.

Le géant asiatique va également cofinancer un investissement de 300 millions de dollars pour les chemins de fer brésiliens, et sa banque d’import-export a débloqué un prêt de cinq milliards de dollars en faveur du groupe logistique brésilien Vale, dont les bateaux acheminent de l’acier vers l’Asie, alors que la Chine pratique déjà cette stratégie d’approche sur le continent africain.

“L’Afrique a représenté pour la Chine une première phase d’apprentissage”, souligne Federico Barriga, analyste chez Economist Intelligent Unit. “Maintenant ils ont l’expérience et ils veulent traiter avec des pays plus développés”, avec un marché plus vaste et riche, offrant en prime des sources d’énergie et de matières premières.

Les compagnies chinoises ont exprimé leur intérêt pour la construction d’un chemin de fer reliant la Bolivie au Brésil, de même que des routes et des projets de connections fluviales.

Cependant, les infrastructures ne sont pas tout.

“Nous pouvons avoir de bonnes connexions, mais si mon produit est bloqué une semaine à la douane sans raison, cela rend les nouvelles infrastructures inopérantes”, relève Gabriel Perez, qui insiste sur l’importance de simplifier et faciliter les procédures bureaucratiques et logistiques.