Tunisie – Cité du Savoir : 10.000 étudiants, 1000 postes d’emplois pour un investissement de 25 MDT

Une Cité du savoir en Tunisie et précisément à Tunis. Le groupe Mabrouk ne se suffit plus de Dauphine-Tunis. Aujourd’hui, il ambitionne d’entourer la perle des universités françaises d’autres pierres précieuses dont l’essence est le savoir et la provenance est l’Univers.

Investir dans le savoir, quoi de plus utile dans un pays où le savoir perd de plus en plus de son importance, le leadership de sa consistance et où les études sont démystifiés parce qu’elles ne sont plus porteuses et non plus valorisantes…

Remettre la connaissance dans la cité, créer un centre où fleurira le savoir à l’échelle nationale, maghrébine et africaine. C’est l’ambition de Mohamed Ali Mabrouk, fondateur et président du Conseil d’Administration de Dauphine-Tunis.

Entretien

moh-ali-mabrouk-2014.jpgWMC : Pourquoi investir dans une Cité du Savoir, vous avez déjà fondé Dauphine-Tunis…?

Mohamed Ali Mabrouk: Pour rappel, c’est en 2009 que cette université a été fondée en Tunisie. Nous croyons que le meilleur moyen pour le développement humain dans toutes ses dimensions est le savoir. L’accès au savoir est une condition sine qua none pour assurer la croissance et améliorer la qualité de vie des individus. Il est de notre devoir en tant qu’investisseurs de pousser vers la recherche, l’innovation et l’amélioration des infrastructures technologiques et industrielles. Nous ambitionnons d’édifier, avec le soutien de l’Etat, une cité intelligente, innovante et orientée vers le développement durable.

La Cité du savoir de la Tunisie regroupera des universités de premier plan dont le noyau central sera bien entendu l’Université de Dauphine. Nous voulons former les étudiants à diverses disciplines et développer nombre de cursus dont la gestion d’entreprise, les hautes technologies, les médias, l’ingénierie électrique et mécanique, sans oublier les arts.

Nombreux sont ceux qui pensent que votre groupe investit toujours dans les services, ce qui représente le secteur le plus porteur. La Cité du Savoir serait-elle la confirmation de cette orientation?

Ce n’est pas vrai puisque nous investissons dans l’agroalimentaire qui est une industrie si je ne m’abuse… Non, c’est plutôt un nouveau positionnement et qui est bénéfique pour tout le pays. Nous avons, depuis 2004, investi dans la création de Dauphine Tunisie. Nous ne nous suffisons pas d’offrir des études de qualité à des étudiants bien nantis mais nous offrons également des bourses à ceux qui sont brillants et qui n’ont pas les moyens de s’inscrire dans des universités prestigieuses.

Je tiens à préciser que 300 étudiants sont inscrits à Tunis-Dauphine. Un nombre appelé à s’accroître, ces jeunes font profiter le pays de leurs formations de qualité et ceux qui se déplacent à l’étranger reviennent pour y développer les expertises acquises ailleurs. Je pense que c’est important.

Par la Cité du Savoir, nous investissons dans une nouvelle économie, la plus porteuse. Nous visons la dotation du pays d’un cadre universitaire et de recherches de haut niveau qui s’intègre dans une stratégie nationale pour le développement de la recherche et de l’innovation.

La Tunisie, qui a été de tous les temps un précurseur en matière d’éducation et d’enseignement de qualité, doit aujourd’hui pouvoir relever les défis de la connaissance, qu’ils soient technologiques ou sociétaux.

Nous espérons pouvoir instaurer des partenariats avec des organismes nationaux et internationaux pour le développement des ressources humaines. Nous voulons non seulement mettre en place des cursus ouverts au marché du travail à l’échelle nationale et adaptés aux besoins du monde professionnel, mais également offrir à des étudiants étrangers et principalement africains et maghrébins la chance de pouvoir suivre des études de qualité pas très loin de chez eux en bénéficiant de toutes les commodités et dans des universités de renommée.

Quel genre de commodités comptez-vous offrir à vos futurs inscrits et quel retour ceci pourrait-il avoir sur la Tunisie?

Nous comptons, au démarrage, édifier la Cité sur une surface de 40 hectares qui comprendra une cité universitaire pour les étudiants qui ne sont pas sis à Tunis ou qui viennent de l’étranger. Nous prévoyons également d’intégrer des activités sportives dans le campus et de le doter de terrains de tennis, de basketball, de golf et autres.

Nous estimons que le retour sur notre pays sera très positif car ce sont ceux-là mêmes qui étudieront chez nous qui constitueront ensuite le leadership économique et politique dans leurs pays et les ambassadeurs de la Tunisie chez eux.

Comptez-vous développer la composante Recherche dans la Cité du savoir ou est-ce que la question ne se pose même pas?

Quoi de plus évident que d’introduire une composante Recherche scientifique dans une cité vouée à dispenser le savoir. Nous sommes décidés à mettre en place un centre de recherche dédié à la recherche scientifique, technologique en coopération avec des institutions internationales reconnues pour leurs réalisations en la matière.

Nous comptons également parrainer des projets de recherche et œuvrer à diffuser la culture du savoir et de la recherche par l’organisation de manifestation d’envergure en présence de grandes figures internationales (savants et chercheurs) toutes disciplines confondues.

D’ailleurs, nous prévoyons de fonder le Centre tunisien d’études et de recherches dont la mission consistera à réaliser des études, des évaluations et des enquêtes touchant à toutes les activités socio-économiques, politiques ou encore touchant aux problématiques régionales ou internationales.

Il offrira un cadre idéal pour la formation des compétences à l’échelle nationale qu’internationale.

Quel soutien attendez-vous de la part de l’Etat tunisien pour le lancement d’un tel projet? Et combien de postes d’emploi comptez-vous y créer ?

Tout d’abord, qu’il l’approuve et nous pensons que c’est dans l’ordre des choses. Car un pays qui a consacré le 1/3 de son budget à l’éducation à l’aube de son indépendance ne peut que soutenir une citée du Savoir en 2014.

Ce que nous demanderions à l’Etat est qu’il soit notre partenaire actionnaire. Il pourrait l’être par le biais de l’octroi du terrain qui sera dans un premier temps de 40 hectares pour s’étendre ensuite à 100 hectares. 2000 étudiants sont attendus dans un premier temps et 10.000 à terme. 1000 postes d’emplois seront créés grâce à la Cité du Savoir dont l’investissement au démarrage sera de 25 MDT.