BEI/MENA : La “mesofinance“ planche de salut des PME (I)

Le salut –économique et, partant, social et politique- des pays de la région MENA (Middle East North Africa) passe par la création d’emplois –des centaines de milliers au moins pour chacun des pays concernés- et, donc, par le développement des entreprises –notamment les petites et moyennes, qui représentent près de 90% du tissu entrepreneurial- existant et la création de nouvelles.

entrep-tunisie-2013.jpgPour ce faire, les micros, petits et moyens entrepreneurs, déjà opérationnels ou futurs, doivent pouvoir accéder à un financement adéquat. La finance classique ne leur étant pas accessible, ces entrepreneurs pourraient, selon une récente étude («Le potentiel de la mesofinance pour la création d’emplois dans les pays méditerranéens partenaires») de la Banque européenne d’investissement (BEI), trouver leur planche de salut en la matière dans la «mesofinance». Un terme un peu barbare qui désigne «un package de services financiers destinés à des clients trop grands pour être servis par la microfinance, mais trop petits ou opaques pour être totalement bancables».

Dans la région MENA, 63% des entreprises n’ont pas accès à la finance formelle, un pourcentage plus élevé que celui des pays ayant un niveau de PIB similaire. Selon la BEI, seulement 8% du total des crédits de la région vont aux PME qui reposent sur des «fonds internes et auto-générés».

En outre, les crédits aux PME sont surtout accordés par les banques publiques –les privées continuent à être réticentes à s’engager dans ce secteur. En conséquence, les prêts aux PME ne représentent qu’une petite partie des crédits bancaires au secteur privé: 13% en moyenne, soit «moins que ce qui est socialement désirable et commercialement viable».

La raison de ce «désamour» bancaire pour les PME? L’étude de la BEI met en avant plusieurs facteurs: la préférence des banques pour les crédits assortis de garanties –d’autant «qu’elles n’ont pas d’outils d’appréciation du risque adapté aux PME»-, l’environnement économique volatile, l’infrastructure financière peu développée, -les bureaux de crédits sont encore à leurs premiers balbutiements-, et un système juridique qui n’assure pas une protection appropriée aux droits des créanciers –problèmes d’enregistrement, d’exécution et de vente des actifs immobiliers donnés en garantie.

En raison de la difficulté d’accès des PME au financement, la région MENA en compte beaucoup moins que d’autres économies émergeantes. En outre, révèle l’étude de la BEI, les pays de notre région ont plus de jeunes et vieilles entreprises que de compagnies d’âge moyen (3 entreprises naissantes et 4 matures pour tous les 100 adultes de 18 à 64 ans). Ce qui veut dire que les entreprises de la région MENA ont du mal à survivre surtout durant les 3 premiers mois de leur vie.

Malgré ces contraintes, la situation serait en train de changer. En effet, selon un sondage de la Frankfurt School of Finance and Management (qui a préparé le rapport final de l’étude), les banques des pays MPC (Mediterranean Partner Country) «commencent à reconnaître le potentiel de profitabilité du segment des PME» et ce parce que «le marché des grandes entreprises et du crédit à la consommation commence à être saturé».

A suivre