Japon : les prix augmentent et le chômage baisse, mais c’est insuffisant

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à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[28/03/2014 05:59:16] Tokyo (AFP) Le gouverneur de la banque centrale du Japon peut se réjouir, le Premier ministre aussi: le mois dernier les prix ont augmenté et le chômage a baissé. Mais ils auraient tort de crier victoire trop tôt, car la consommation des ménages, moteur de la croissance, elle, reste très volatile.

Les prix à la consommation, hors produits périssables, ont augmenté de 1,3% en février en comparaison annuelle, comme en décembre et janvier derniers. Voilà qui va dans le sens voulu par la banque centrale(BoJ), qui s’est fixé l’an dernier un objectif de 2% à atteindre en deux ans.

Tous produits pris en compte, les prix ont augmenté de 1,5% en février, mais de seulement 0,8% si on exclut l’alimentation et l’énergie.

“La politique menée exerce les effets escomptés, l’économie du Japon avance vers la réalisation de l’objectif de 2% d’inflation”, s’est félicité le gouverneur Haruhiko Kuroda la semaine dernière, un an tout juste après son entrée en fonction.

“Bien sûr, nous sommes seulement à mi-chemin”, a-t-il prudemment ajouté.

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(Photo : KAZUHIRO NOGI)

Les prix ont recommencé à monter à partir du milieu de 2013, sous l’impulsion de la politique monétaire et du fait du renchérissement des tarifs de l’énergie et des produits importés à cause de la baisse du yen.

Le fait qu’ait été instillé dans les esprits que les prix allaient grimper a aussi eu un impact sur l’attitude des fabricants, des commerçants et des consommateurs.

Les premiers se sentent les coudées plus franches pour changer les étiquettes, puisque les clients sont plus enclins à vite mettre la main au portefeuille de peur que les prix n’augmentent encore s’ils attendent trop.

La déflation qui a grippé l’économie pendant une quinzaine d’années résultait d’un état d’esprit inverse.

A l’évidence, le Japon bénéficie depuis un an d’une embellie économique que le Premier ministre de droite Shinzo Abe attribue bien sûr à sa politique “Abenomics”: assouplissement monétaire, largesses budgétaires et réformes structurelles.

Ces dernières sont censées donner un sérieux coup de pouce à l’activité, notamment dans le secteur de la construction.

Si l’on s’en tient aux chiffres du chômage (3,6% en février, au plus bas en près de 7 ans) ou si l’on regarde la situation de l’emploi (105 offres pour 100 demandes en février, un record en plus de 6 ans), les effets ne sont pas neutres. Encore heureux, sont tentés de dire les économistes, car en moins de 18 mois, M. Abe a quand même mis sur la table plus de 100 milliards d’euros afin de relancer la machine économique au fonctionnement pour le moins chaotique depuis des années.

– machine économique en mode assisté –

Reste que si les engrenages ont recommencé à tourner dans le bon sens grâce aux pompes budgétaires et monétaires qui ont amorcé le mouvement, les moteurs censés entretenir la marche (consommation des ménages, exportations) ont quelques ratés.

Les dépenses de consommation des ménages ont cédé 2,5% en février sur un an.

“A cause de la neige”, expliquent tout à fait sérieusement des économistes: en effet, le mois de février a été amputé de plusieurs jours de consommation parce que les acheteurs étaient bloqués chez eux à cause d’intempéries historiques. Reste que les mêmes économistes n’ont pas été bons météorologues: ils prévoyaient une augmentation de 0,1%.

“Il ne faut pas en conclure que la tendance à consommer est faible en ne regardant que ces chiffres, connus pour être très volatils”, souligne Yuki Ando, de Hamagin Resarch Institute.

Le même, interrogé par Dow Jones Newswires, rappelle qu’un autre indicateur montre que la ruée dans les boutiques avant la hausse de la taxe sur la consommation le 1er avril (un phénomène visible sur le terrain) se traduit dans les ventes de détail qui ont progressé de 3,6% en février sur un an.

Cependant le passage de 5% à 8% de la TVA japonaise va forcément porter un coup à la consommation dans les semaines suivantes.

Le Premier ministre le sait, qui a réclamé et en partie obtenu une hausse des salaires, et le gouverneur de la Boj pourrait quant à lui être appelé à la rescousse pour remettre un peu d’huile dans les rouages monétaires.