Le sort de SFR risque de se jouer aujourd’hui

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être vendu à Altice (Numéricable) ou Bouygues (Photo : Philippe Huguen)

[14/03/2014 06:21:09] Paris (AFP) Le conseil de surveillance de Vivendi se réunit vendredi pour décider du sort de SFR, deuxième opérateur télécom français, que le groupe avait initialement décidé d’introduire en Bourse avant de recevoir d’alléchantes offres de rachat de Bouygues et d’Altice/Numericable.

Vivendi qui a décidé de se recentrer sur les contenus et les médias, avait annoncé en septembre 2013 un projet de scission avec mise en Bourse de sa filiale télécoms.

Mais, en début d’année, Altice, la maison mère du câblo-opérateur Numericable, a fait une offre pour racheter SFR, épargnant à Vivendi les aléas d’une mise en Bourse toujours risquée.

Puis, Bouygues, géant du BTP dont la filiale Bouygues Telecom est le troisième opérateur français, est sorti du bois la semaine dernière en rendant publique une offre de reprise concurrente.

C’est donc aujourd’hui à Vivendi de décider quelle est la meilleure option, d’autant que l’offre d’Altice prend fin ce vendredi.

Le groupe a quatre options: choisir d’entrer en négociations exclusives avec l’un ou l’autre des postulants, préférer l’option introduction en Bourse ou encore, choisir de ne pas choisir et demander plus de temps de réflexion.

Bouygues et Altice se sont livrés à une bataille de communication pour défendre leurs candidatures respectives en s’engageant sur l’emploi pour plaire au gouvernement et sur les synergies que dégageraient les nouveaux groupes pour séduire les marchés.

L’offre de Bouygues, sur laquelle pesait des problèmes de concurrence, a été confortée par l’accord passé dimanche avec Iliad (Free) qui reprendra le réseau et les fréquences de Bouygues Telecom en cas de rachat avec SFR.

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à côté du Premier ministre à Bercy, à Paris le 13 mars 2014 (Photo : Pierre Andrieu)

De plus, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, a ouvertement soutenu la candidature de Bouygues en indiquant dimanche que “la concurrence par la destruction s?arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobile tout en maintenant des prix bas. Elle ne s?arrêtera pas si Numericable conquiert SFR puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile”.

Bien qu’il soit donné favori, Bouygues a pourtant choisi jeudi de relever son offre sur SFR à 11,3 milliards d’euros en numéraire, soit une augmentation de 800 millions d’euros et 43% du capital du nouvel ensemble. Cette offre valorise SFR à 15,5 milliards d’euros.

Celle d’Altice se monte pour sa part à 10,9 milliards d’euros en numéraire avec 32% du capital pour Vivendi. Elle valoriserait SFR entre 14 et 15 milliards, et 19 milliards en comptant l’intégralité des synergies.

– L’offre d’Altice toujours dans la course –

Mais les salles de marchés ont bruissé jeudi de rumeurs d’un ultime relèvement de la partie “cash” de l’offre d’Altice, à 11,75 milliards d’euros.

“Bien que Bouygues ait sans conteste un plus grand pouvoir de lobbying qu’Altice, et qu’Arnaud Montebourg ait exprimé son soutien à un mariage Bouygues/SFR, nous ne pouvons pas écarter que le comité (de Vivendi chargé d’étudier les offres) ne signe avec Numericable pour minimiser les problèmes de concurrence”, indiquent les analystes de Nomura.

De plus, “même s’il permet de générer de substantielles synergies, un rapprochement Bouygues Telecom/SFR fera face à une forte pression sur ses revenus car Iliad aura besoin de faire augmenter significativement ses parts de marché pour générer un retour sur les 1,8 milliard d’euros que lui aura coûté l’acquisition du réseau et du spectre, et Vivendi pourrait préférer détenir une position minoritaire dans un groupe Numericable/SFR plus stable”, ajoutent-ils.