Croatie : l’UE ouvre une procédure de déficit excessif contre le pays

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éen chargé des Affaires économiques, le 15 novembre 2013 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[28/01/2014 15:18:34] Bruxelles (AFP) L’UE a ouvert mardi une procédure de déficit excessif contre la Croatie, moins de sept mois après l’adhésion de Zagreb à l’UE, alors que le pays demeure engluée dans la stagnation économique et les déficits chroniques.

“Nous avons ouvert une procédure de déficit excessif concernant la Croatie”, a annoncé le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, à l’issue d’une réunion à Bruxelles avec ses collègues des 28.

Cette procédure s’accompagne d’une recommandation exposant les mesures à prendre afin de corriger le déficit d’ici fin 2016.

Le gouvernement croate a estimé que la procédure allait “aider” le pays à se réformer.

La Commission avait demandé en novembre au Conseil, représentant les Etats, d’ouvrir une procédure de déficit excessif contre la Croatie, dont l’adhésion à l’UE date du 1er juillet 2013. Une telle procédure peut théoriquement conduire à des sanctions financières si rien n’est fait pour remédier à la situation.

Les ministres n’ont pas attendu de connaître les chiffres officiels du déficit et de la dette pour 2013, qui ne seront disponibles qu’au printemps, car “la situation semble déjà assez claire”, a indiqué à l’AFP un diplomate européen.

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à Bruxelles le 19 décembre 2013 (Photo : Alain Jocard)

Selon les dernières prévisions de la Commission européenne publiées en novembre, le déficit de la Croatie devrait s’élever à 5,4% en 2013, 6,5% en 2014 et 6,2% en 2015. Quant à la dette, elle devrait atteindre 59,6% du PIB en 2013, 64,7% en 3014 et 69% en 2015, en l’absence de mesures compensatoires.

Les critères du pacte européen de stabilité et de croissance fixent la limite du déficit public à 3% du PIB et celle de la dette à 60%.

Pour Zagreb, l’objectif fixé par les ministres est de ramener le déficit à 4,6% du PIB en 2014, 3,5% en 2015 et 2,7% en 2016.

L’économie croate, qui dépend en grande partie du tourisme, oscille entre stagnation et récession depuis 2009. Selon des estimations citées par le Conseil de l’UE, l’activité économique a reculé de près de 12% depuis 2009.

L’agence de notation Standard and Poor’s a dégradé la semaine dernière d’un cran la note long terme de la Croatie, de “BB+” à “BB”, jugeant “insuffisantes” les réformes entreprises jusqu’ici pour favoriser la croissance du pays.

“Créer les conditions d’une reprise”

Le Conseil fixe par ailleurs au 30 avril 2014 la date limite à laquelle la Croatie doit engager une action suivie d’effets et remettre un rapport détaillé sur la stratégie d’assainissement envisagée pour atteindre ces objectifs.

“Nous ferons une évaluation approfondie” de cette stratégie “dans le courant du printemps” 2014, a indiqué le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn.

“Il est essentiel que la Croatie agisse de manière décisive pour créer les conditions d’une reprise et d’une croissance durables, avec des créations d’emplois”, a-t-il exhorté.

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économie croate dépend en grande partie du tourisme (Photo : Elvis Barukcic)

Les autorités croates sont notamment invitées à “procéder à un réexamen complet de leurs dépenses, à continuer de veiller à faire mieux respecter les obligations fiscales et à accroître l’efficacité de l’administration fiscale et à consolider le cadre institutionnel des finances publiques”, selon le communiqué des ministres.

Elles sont aussi invitées à “entreprendre des réformes structurelles visant notamment à assouplir le marché du travail, à améliorer l’environnement commercial et à renforcer la qualité des administrations publiques, de façon à favoriser la croissance potentielle du PIB”.

Le Premier ministre croate Zoran Milanovic a réagi en estimant que le mécanisme allait “aider” la Croatie à “mettre de l’ordre dans le système et entreprendre les réformes qui ont été remises à plus tard dans ce pays depuis parfois deux décennies”.

Il a cité des réformes “dans les systèmes de santé et d’éducation, qui ne sont pas viables”, ainsi que dans l’administration publique, le système judiciaire, le droit du travail et les entreprises publiques.

Le but est de “créer une économie stable et saine qui puisse atteindre un haut degré de préparation à son entrée dans la zone euro”.