Banques – entreprises (2/3) : PME, la mal aimée

Nous savons que la PME traîne des facteurs à risque objectifs, telles que la sous-capitalisation et/ou la vulnérabilité commerciale et financière. Elle est, de ce fait et malgré sa part importante dans le tissu économique, boudée par les banques. Enquête à l’appui.

2013wmc-homme-affaires-2013.jpgEconomistes et financiers n’ont pas encore tranché la controverse qui les oppose au sujet de la PME. Les premiers soutiennent qu’elle est un vecteur de dynamisme économique. Les seconds la jugent sévèrement pour ses faibles retours sur investissement. Ces derniers ont l’oreille des banquiers qui n’y voient pas le client idéal du fait de son profil de risque prononcé.

PME, première victime du financement de l’économie par la dette

La PME est une icône de notre économie. En période de protectionnisme, elle a été le cheval de bataille de la croissance. Pour des facteurs historiques, nous l’avons enfermée dans le corset étriqué de l’import-substitution. Elle en est restée anémiée. Malgré les programmes nationaux successifs de mise à niveau de FONAPROQ et plus récemment du PECAM, la PME est l’otage de ses facteurs à risque.

L’ennui est qu’elle le reconnaît. Cependant, le volontarisme des pouvoirs publics n’est pas parvenu à l’extraire de ses “tares“ naturelles. Le système bancaire, principal pourvoyeur du financement dans notre modèle de développement, n’y contribue pas davantage.

Dans l’enquête réalisée par le Pr Abdelkader Boudriga, pour le compte de l’IACE, le financement est, de loin, le levier majeur du développement pour cette souche précise, comme on le voit dans le tableau ci-après:

Par conséquent, la pérennité et l’expansion de la PME sont fonction des conditions de financement.

Examinons les conditions actuelles du financement de la PME.

Le “match“ des appréciations

Comment banquiers et chefs d’entreprise se perçoivent? C’est ce prisme qui nous éclaire sur l’attitude des uns et le comportement des autres. La suspicion des banquiers vis-à-vis des PME est bel et bien avérée. Les banquiers privilégient la transparence. De notoriété publique, la PME est portée sur l’opacité. La légende des trois bilans a longtemps colporté cet état des faits.

Un premier bilan excédentaire, destiné à séduire le banquier, un deuxième déficitaire pour échapper au glaive du fisc, et un troisième, fidèle à la réalité, à l’adresse des actionnaires. Le fait est que les banquiers, pour les raisons historiques citées plus haut et pour des motifs d’appréciation négative, telles que la carence de gouvernance ainsi que l’insuffisance de garanties, réduisent les flux du financement pour la PME, de même qu’on le voit dans le diagramme suivant:

Le principal moteur de l’activité économique dans le pays ne recueille que 14% des crédits bancaires. Cette proportion se situe entre 25 et 30% en moyenne dans les pays à économie avancée et ceux émergents.

Il faut, toutefois, rappeler que les banques ne sont pas particulièrement friandes du segment de clientèle constitué par les PME. D’ailleurs, en la matière, l’offre de crédits est restée figée, avec très peu de mécanismes innovants. De ce fait, les techniques d’assistance et de prise en mains de ces entreprises par les banques sont restées rudimentaires. Cela fait dire à certains observateurs qu’au vu des exigences de garantie, les banques financent les PME avec une approche de crédit hypothécaire.

Les “ratés“ du financement bancaire

On pourrait croire que, le premier financement mis en route, le banquier ferait un pont en or à la PME. Il n’en est rien. Les entreprises, durant leur trajectoire de développement/expansion, continuent à subir la “frilosité“ du banquier. Ainsi, les demandes de renouvellement et de reconfiguration des crédits bancaires sont traitées avec parcimonie et une réticence d’autant plus marquée que la situation des banques s’est dégradée du fait de l’illiquidité ambiante.

On peut voir dans le diagramme suivant que le financement des entreprises, et particulièrement de la PME étant donné qu’elle constitue les ¾ de l’échantillon étudié, est exposé aux “caprices“ du banquier:

Ainsi, le cinquième du corps des entreprises trouve satisfaction totale sur tous ses besoins auprès du système. Et, ce sont 43,49% des entreprises qui voient leurs demandes rejetées pour 14,40% des cas ou 29,09% qui déclinent les crédits à cause de leurs conditions prohibitives.

Par conséquent, on peut soutenir que le mode de financement de l’économie par endettement ne fait pas la part belle à la PME.

Prochain article 3/3 : Banques – entreprises, les aspects discriminants du financement bancaire.

Source : site IACE

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