La Banque du Japon maintient sa politique d’assouplissement monétaire

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à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[31/10/2013 06:23:34] Tokyo (AFP) La banque centrale du Japon (BoJ) a annoncé jeudi qu’elle maintenait inchangée sa politique d’assouplissement monétaire visant à sortir le pays de la déflation, quelques heures avant de publier un rapport attendu sur l’économie nippone.

A l’unanimité des neuf membres de son comité de politique monétaire réuni jeudi matin, la BoJ a décidé de continuer d’élever son stock d’obligations d’Etat de 50.000 milliards de yens par an (370 milliards d’euros), afin de permettre à la troisième puissance économique mondiale de parvenir à un taux d’inflation d’environ 2% vers 2015.

Par ce biais et d’autres opérations sur les marchés, l’institut d’émission veut doubler en deux ans la masse monétaire, c’est-à-dire l’argent liquide en circulation et les réserves des banques, le tout pour inciter ces dernières à prêter et les entreprises et particuliers à emprunter pour investir et consommer.

La banque centrale s’est bornée dans son communiqué de deux paragraphes à énoncer le maintien des outils mis en place, sans formuler aucun commentaire sur l’état de l’économie japonaise à propos de laquelle elle va publier un rapport à 15H00 locales (06H00 GMT).

Cette politique mise en vigueur depuis le mois d’avril par le nouveau gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, vise in fine à extraire l’archipel de la déflation dans laquelle il est empêtré depuis une quinzaine d’années.

Il s’agit de l’une des trois “flèches” sorties par le Premier ministre conservateur, Shinzo Abe, pour relancer la machine économique japonaise, dont la croissance ralentie depuis les années 1990 a souffert du tsunami et de l’accident nucléaire dans le nord-est du Japon en mars 2011.

M. Abe, qui a nommé M. Kuroda pour qu’il assouplisse drastiquement la politique monétaire, a aussi fait adopter en début d’année un plan public de relance équivalent à près de 80 milliards d’euros, pour doper l’activité entre autres dans le secteur de la construction. Début octobre, il a dévoilé un plan supplémentaire de soutien à l’économie de près de 40 milliards d’euros.

Le chef du gouvernement a par ailleurs prévu une série de réformes réglementaires et lancé de vastes négociations de libre-échange pour doper le potentiel de croissance.

Aux Etats-Unis, la banque centrale (Fed) a également maintenu inchangée, mercredi, sa politique de soutien exceptionnel à l’économie, notamment l’achat mensuel pour 85 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres liés à des emprunts hypothécaires.

“Contrairement à la Fed toutefois, la question pour la BoJ n’est pas de savoir quand elle va réduire son programme d’achat d’actifs, mais plutôt si elle va devoir augmenter son montant”, a expliqué Julian Jessop, analyste à l’institut de recherche Capital Economics.

Si le rapport semestriel sur l’économie et les prix de l’institut incite à l’optimisme, l’espoir de le voir assouplir encore sa politique monétaire à court terme pourrait se faner, a-t-il ajouté.

“Mais l’inflation risque de demeurer inférieure à l’objectif de 2% dans les deux ans à venir, aussi pensons-nous que la BoJ annoncera de nouvelles mesures de soutien dans le courant 2014”, a prévu M. Jessop.

Les indicateurs économiques japonais sont plutôt favorables ces derniers mois, avec une production industrielle en progrès régulier, une consommation des ménages solide, un taux de chômage au plus bas et une petite augmentation des prix au détail.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) a au final nettement rebondi depuis le début de l’année, de respectivement 1,0% et 0,9% aux premier et deuxième trimestres par rapport au précédent, la progression la plus importante parmi le club des pays industrialisés du G7 en 2013. Des économistes pointent toutefois la stagnation des salaires et l’augmentation des tarifs de l’énergie comme d’importants facteurs de risque pour la consommation intérieure, pilier de l’activité sur fond d’exportations mitigées et d’importations renchéries.