Tunisie – Sénégal : Senghor et Bourguiba… et la Francophonie

Par : TAP

“Faire un exposé sur les apports des deux géants, Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, et Habib Bourguiba, père de la nation tunisienne, à ce merveilleux instrument de rapprochement des peuples, qu’est la Francophonie, revêt toute une symbolique”, déclare Ibrahima Sene, auteur et poète sénégalais.

Lors de son exposé présenté lundi soir sur “Senghor et Bourguiba, un noir et un arabe, deux géants au service de la Francophonie, pour banquet du donner et du recevoir”, ce chevalier de l’ordre du mérite et ancien diplomate, qui était présent dans la tribune, a cédé la parole à Mabassa Guèye, directeur général de la compagnie du Théâtre National, Daniel Sorano pour lire son discours pour des raisons de santé.

Il déclare “cette conférence est d’autant importante que le Sénégal est l’invité d’honneur de la foire internationale du livre, dans les terres d’Habib Bourguiba”.

L’auteur ajoute que Dakar, capitale du Sénégal, accueillera en 2014 le prochain sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), sachant que l’ancien président Abdou Diouf, fils spirituel de Senghor, tient, depuis trois mandats, le destin de cette organisation.

L’écrivain a mis en relief les similitudes des itinéraires politiques des deux hommes d’Etat qui se sont liés d’amitié avant la décolonisation. “Blanchis sous le harnais colonial français, ils reviennent, tous les deux dans leur pays d’origine, pour y fonder un parti à vocation nationaliste, le Néo-Destour, et le Bloc démocratique sénégalais, fers de lance respectifs pour les mouvements d’indépendance de la Tunisie et du Sénégal”.

Après avoir passé en revue la volonté des deux anciens chefs d’état de créer un grand ensemble franco-africain, car ils avaient compris que l’Afrique profitera de la richesse de la francophonie, la langue française qui constitue “le ciment de la solidarité qui permet à une communauté des peuples de communiquer sans intermédiaire, de se comprendre sans malentendu et de s’entendre dans ses différences”.

Senghor affirmait: «En vérité, loin de rejeter brutalement, stupidement, les valeurs de l’Occident européen, il nous fallait faire un tri, parmi elles, pour ne choisir que celles que nous pourrons assimiler, dont nous pourrions tirer profit, d’où ma formule “assimiler et non être assimilé”».

Selon M. Sene, Bourguiba, montrait à ses visiteurs, reçus au palais présidentiel son Certificat d’études françaises entouré de ses compagnons “martyrs de l’indépendance”, en disant “Voilà grâce à quoi j’ai libéré mon pays”.

Depuis, la Francophonie est devenue un partenaire de choix, notamment pour la circulation et la création artistique des pays francophones entre le Nord et le Sud. C’est aussi un moyen de diffusion de la production littéraire en langue française, en langue nationale sénégalaise et aussi en langue arabe.

“Vous tunisiens et Nous sénégalais, unis dans une ambiance de fraternité, nous ferons du partage, un sacerdoce bien ancré chez nous en Afrique noire et au Maghreb, le vecteur de notre engagement militant au sein de la francophonie qui unit les peuples dans leurs différences”.

Et de conclure, Bourguiba et Senghor ont su trouver dans les décombres du Régime colonial ce merveilleux outil qu’est la langue française. La Francophonie dégage aussi un cadre de coopération Sud-Sud pour un allant économique et humanitaire plus tonique. “Nous sommes à un moment où la francophonie fait face à un défi de construire des partenariats innovants et ambitieux et souhaiterions rentrer avec des programmes d’investissement ou des projets de joint-venture” dit-il. Les domaines cités sont la production culturelle et littéraire et le renforcement des capacités en matière éducative et touristique.

Autre domaine de coopération, figure la formation technique et agricole des jeunes.