Des enfants utilisent des tablettes (Photo : Frederick Florin) |
[12/09/2013 18:14:13] Saint-Brieuc (AFP) Ne vous fiez pas aux apparences, ces adolescents qui déplacent des plots dans une cour, munis de tablettes, ne sont pas en recréation mais bien en classe: ils font de la géométrie en anglais, au collège “connecté” Leonard-de-Vinci de Saint-Brieuc.
C’est l’un des 23 collèges pilotes lancés à la rentrée avec une utilisation quotidienne du numérique (une à deux heures par jour), retenus parmi les 5.272 collèges pour l’implication de toute l’équipe enseignante et la possibilité d’y avoir du très haut débit. Le ministère vise ensuite une montée en puissance. La France est classée 24e sur 27 pays par l’OCDE pour l’utilisation du numérique à l’école.
A Leonard-de-Vinci, un groupe de collégiens de 3ème européenne a bravé la pluie quelques minutes pour montrer ses nouvelles méthodes de travail au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, au ministre de l’Education nationale Vincent Peillon et à la ministre déléguée à la Réussite éducative George Pau-Langevin.
Après avoir reconstitué et photographié dans une cour des figures géométriques, ils regagnent une salle de classe. Plusieurs d’entre eux répondent à leur professeur de mathématiques en anglais.
Clichés et croquis réalisés sur tablette s’affichent sur le tableau numérique interactif (TNI). Leurs travaux ont donné lieu à une bande dessinée, corrigée par l’enseignante d’anglais. Après l’écrit, ils travaillent encore l’oral avec un compte rendu.
“On a l’habitude de travailler avec des technologies chez nous, mais d’une autre manière, plutôt comme un jeu, et avec cette méthode on découvre une autre utilisation de la tablette”, raconte une élève.
“Il y a un côté pratique, moins théorique, et en même temps, ça perfectionne votre anglais”, dit le chef du gouvernement.
Selon M. Ayrault, “il ne s’agit pas seulement d’équiper, il s’agit d’inscrire l’arrivée de ces nouvelles technologies dans un projet”. Il y a “une vraie révolution pédagogique qui est en marche”.
Visioconférence avec Manchester
“Il ne suffit pas de se doter d’équipements: nous développons de nouveaux usages pédagogiques du numérique pour aider les élèves, notamment ceux qui ont des difficultés avec les méthodes traditionnelles, à réussir”, a aussi dit M. Peillon dans un entretien au Télégramme de Brest.
Un enfant utilise une tablette (Photo : Frederick Florin) |
“Il existe de nouvelles organisations pédagogiques, de nouveaux outils, qui vont aider cette jeunesse à appréhender ces savoirs sur des supports différents et qui se transmettent différement”, affirme aux ministres le principal du collège, Guy Josselin.
Exemple de nouvelle organisation, une classe de français en 3ème, dont une partie des élèves sachant se servir de Twitter rédigent sur ordinateur un mode d’emploi pour leurs camarades avec un logiciel collaboratif. Ils ont pour consignes d’éviter le recours au copier-coller sur internet et de réfléchir aux avantages et aux risques du réseau de microblogging.
Les autres élèves, par groupes de quatre, imaginent une chute en 140 caractères pour une nouvelle de l’écrivain Claude Bourgeyx, projetée sur le TNI.
“C’est l’intérêt du collège connecté. Il y a deux mois, on n’aurait pas pu faire cette activité”, dit le professeur de français, qui travaille avec un collègue de technologie.
Des élèves de 5ème Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) font des recherches sur tablette sur le développement durable, et sont en contact avec des élèves de Manchester par visioconférence.
Les élèves “sont déjà très axés sur tous les nouveaux supports qu’ils maîtrisent souvent mieux que nous, on est très contents de voir qu’ils vont être accompagnés”, déclare une représentante de parents d’élèves.
Le collège bénéficie aussi de la présence d’un Emploi d’avenir professeur préparant un master dans un laboratoire de recherche spécialisé dans l’anthropologie sociale des usages numériques.