Hollande en Tunisie : une visite éminemment politique

ambassade-france-2013.jpgLes deux jours que le chef de l’Etat français passera en Tunisie constitueront le point d’orgue du processus de relance des relations tuniso-françaises mises à mal par la chute du régime Ben Ali.

Il arrive, enfin. François Hollande effectuera jeudi 4 et vendredi 5 juillet 2013 une visite tant attendue en Tunisie. Le président français vient dans notre pays sept mois après avoir visité l’Algérie (décembre 2012) et –trois mois après son voyage au Maroc (avril 2013). Et cela n’est guère étonnant. Car c’est toujours ainsi que procèdent les chefs d’Etat français, qui commencent par se rendre dans les deux plus grands pays du Maghreb –en 2007, Sarkozy s’était rendu d’abord au Maroc, en octobre 2007, en Algérie deux mois plus tard, et en Tunisie en avril 2008- avant d’aller chez leurs voisins.

François Hollande suit d’ailleurs en la matière le même parcours que son illustre prédécesseur socialiste, François Mitterrand, mais contrairement à ce dernier –qui s’était rendu au Maroc en 1983, soit deux ans après l’Algérie-, François Hollande a réduit à quatre mois le temps séparant les voyages en Algérie et au Maroc.

Toutefois, le déplacement en Tunisie de l’actuel locataire de l’Elysée durera autant que ses étapes algérienne et marocaine –deux jours- et, de toute façon «plus que son voyage en Chine», disent les responsables français à leurs homologues tunisiens, révèle Adel Fekih, ambassadeur de Tunisie à Paris. Une manière de souligner l’importance pour la France de ses relations avec la Tunisie.

A cette occasion, le président français sera d’ailleurs accompagné d’une forte délégation composée notamment d’une dizaine de ministres, dont ceux des Affaires étrangères et du Commerce extérieur. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, devait initialement faire le déplacement de Tunisie. Maintenant, il n’en est plus question, pour «des raisons d’agenda surchargé», affirme une source française.

Outre ses rendez-vous avec les trois «présidents» -Moncef Marzouki (présidence de la République), Mustapha Ben Jaafar (Assemblée nationale constituante) et Ali Larayedh (gouvernement), et des rencontres avec des représentants de partis politiques et de la société civile, les moments forts de la visite seront les discours que le chef de l’Etat français prononcera devant les membres de l’ANC et le patronat, lors du Forum économique tuniso-français qui se tiendra au siège du syndicat patronal historique, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).

Dans ces deux discours, François Hollande va présenter «sa vision du partenariat et de la manière dont il perçoit la transition démocratique». La visite sera de ce fait «éminemment politique», note Adel Fekih.

Intervenant deux ans et sept mois après la chute du régime Ben Ali qui a relativement mis à mal les relations tuniso-françaises, ce voyage sera une occasion pour les deux parties de synchroniser davantage leurs visions et attentes respectives. Un travail de réparation-refondation a déjà été entamé par les ambassadeurs des deux pays, Adel Fekih à Paris et François Gouyette à Tunis. «A mon arrivée ici, il y a un an, je me suis attelé à relancer les relations tuniso-françaises notamment en suscitant un plus grand nombre de visites dans les deux sens», témoigne le diplomate tunisien.

L’économique sera également fortement présent dans les discussions du chef de l’Etat français, de ses collaborateurs et des chefs d’entreprise français à Tunis. De nombreux accords de coopération seront en effet conclus à cette occasion, dans le tourisme, la réforme administrative, etc. Et la reconversion d’une partie de la dette tunisienne auprès de la France. Des discussions, qui pourraient aboutir à un accord à l’occasion de la visite ou après.