Tunisie : Au dialogue national de l’UGTT, personne n’a compris le discours de Marzouki

Par : TAP

dialogue-ugtt-marzouki.jpgA l’ouverture du 2ème round du dialogue national, lancé par l’UGTT, Moncef Marzouki a appelé à ce que “tout le monde fasse des concessions nécessaires” pour réaliser les objectifs communs, à savoir préserver l’unité nationale, construire l’Etat civil et démocratique enraciné dans les valeurs arabo-islamiques, et donner une forte impulsion au progrès social, économique, scientifique et culturel.

Pour lui, la Tunisie n’attend pas seulement de ce dialogue national “… des compromis sur la Constitution et le calendrier des élections”, mais “une charte à même de permettre à toutes les parties d’avoir des activités en toute sécurité et, ultérieurement, de mener leur campagne électorale en toute quiétude et sans avoir à être intimidé”.

Marzouki a de nouveau engagé les partis à “se protéger les uns les autres dans les zones sensibles”, appelant la société civile à souscrire, elle aussi, à “la moralisation de la lutte politique” par la mise en place d’un “observatoire” des agissements du pouvoir, des partis et de la presse, “avant et pendant la campagne électorale”.

“Ce que les Tunisiens attendent également du dialogue national, ajoute-t-il, c’est que la période transitoire prenne fin le plus tôt possible”, appelant toutes les parties à faire en sorte “que la fin de l’année en cours soit la date limite de la tenue d’élections présidentielle et législatives, lesquelles doivent être suivies, immédiatement après (début 2014), des élections municipales”, elles aussi “tout aussi importantes”, selon lui, que les deux premières échéances.

Pour le président Marzouki, “tous les problèmes secondaires doivent être laissés en suspens pour se consacrer au parachèvement de la Constitution, avant la fin du mois de juillet prochain, et mettre en place l’Instance indépendante des élections”.

Le dialogue national doit aussi aider à assurer la sécurité dont l’un des principaux attributs consiste, selon lui, à “fédérer les rangs face à l’exacerbation du phénomène de l’extrémisme religieux qui représente une menace pour la stabilité et l’image du pays, voire pour son mode de vie et son islam modéré et tolérant que nous sommes censés exporter au lieu d’importer les formes religieuses les plus arriérées et les plus violentes”.

Toutefois, il est impératif “d’accepter l’autre, qu’il soit moderniste, islamiste ou salafiste, en se gardant de le diaboliser… Tous les Tunisiens, sous la bannière nationale, doivent avoir les mêmes droits et obligations”. Il a dit à ce propos ne pas comprendre “qu’il puisse y avoir quelque forme de discrimination que ce soit contre des citoyens et des citoyennes au seul motif de la manière dont ils pratiquent leur foi ou s’habillent”.

Jusque-là, le discours du président de la République est jugé juste et équilibré. Mais ce qui suit l’est moins, car il réussira à mettre plus d’un participant à cette conférence. Certains d’entre eux préféreront même quitter la salle, notamment lorsqu’il a souligné: “je ne comprends point ni n’admets qu’une fille portant le niqab soit empêchée de passer les examens universitaires et que le bon déroulement des examens soit suspendu au duel d’une obstination contre une autre obstination, d’une intransigeance contre une autre, d’un fanatisme opposé à un autre fanatisme”. Mais ce n’est pas tout. Pour lui, l’Etat tient à considérer le salafisme comme “un fait de société qui doit être assimilé par le tissu national qui n’exclut que celui qui s’exclut de lui-même”.

Cependant, il se contredit lui-même, lorsqu’il lance un appel aux “cheikhs du salafisme” en Tunisie afin qu’ils “condamnent explicitement le terrorisme, l’appropriation des mosquées par la force, le recours à la violence lors des manifestations et toute velléité de se substituer aux services de sécurité ou de défier l’Etat”. Avez-vous compris quelque chose vous?

Il a fait part, à ce propos, de la détermination de l’Etat “à combattre de tels abus avec fermeté la composante violente de cette mouvance par tous les moyens disponibles, y compris militaires et policiers” et ce “dans le respect du droit, de l’intégrité physique et des droits humains”. Selon lui, une grande partie des jeunes ayant “rallié le terrorisme” sont “passés par la case délinquance, drogue, chômage et prison”.

“Pourquoi avons-nous été incapables de donner à ces jeunes une chance pour redécouvrir la dignité dans la démocratie et les droits de l’Homme, et une opportunité de s’affirmer dans une société ouverte à toutes les espérances?” s’est-il interrogé.

Nous n’avons encore rien saisi. Patience, ce sera sans doute pour la prochaine fois…

WMC / TAP