Brésil : le stade de Fortaleza et le “CrediAmigo”, deux aubaines pour Antonia

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érieure du stade de football de Fortaleza, dans le nord-est du Brésil, le 16 avril 2013 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

[23/04/2013 08:07:06] FORTALEZA (Brésil) (AFP) Grâce à la proximité du stade de football flambant neuf de la ville brésilienne de Fortaleza (nord-est), le restaurant informel qu’Antonia de Sousa Oliveira a monté dans la cour de sa maison a de plus en plus de clients et un programme de micro-crédit de la banque publique du Banco do Nordeste lui permet de faire prospérer son affaire.

“Les ouvriers de la construction de l’Arena Castelao ont renforcé la clientèle; quand la Coupe des Confédérations va commencer, ça va être encore mieux”, se réjouit Antonia, 62 ans, qui confie avec fierté “avoir élevé seule ses six enfants”.

Le stade de Fortaleza, l’une des villes hôtes de la Coupe des Confédérations (15-30 juin 2013) et de la Coupe du Monde de 2014, a été le premier inauguré officiellement par la présidente Dilma Rousseff et remis à la Fifa en décembre.

Édifié en 28 mois par plus de 5.000 travailleurs “dont des détenus car payés moins cher”, selon le secrétaire aux Sports de l’État du Ceara, Ferruci Petri, l’Arena Castelao a une capacité de 64.000 spectateurs et a coûté 518 millions de reais (259 millions de dollars).

Depuis son inauguration, il a déjà accueilli 16 matchs et trois concerts. Le 9 mai, Paul MacCartney y donnera un grand concert.

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ès du stade de football de Fortaleza, au Brésil, le 16 avril 2013 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

Les travaux d’urbanisation autour de l’Arena Castelao se poursuivent et les clients affluent chez Antonia. Déjà terminés à 50%, les travaux ont exigé l’expropriation, “à l’amiable dans 95% des cas”, de 70 établissements commerciaux et de 54 logements, selon le secrétaire aux Sports.

“Les jours de matchs, je travaille bien”, se félicite Antonia, tout en remuant une sauce de ses mains calleuses, dans une grande casserole.

Elle a dû embaucher “deux aides” car elle sert maintenant 110 repas par jour.

A 11H00, les premiers travailleurs arrivent. Ils gagnent le restaurant, au fond de la maison, par un petit couloir où un grand perroquet vert en cage siffle de temps à autre les premières notes de l’hymne national. Le repas coûte 3,50 dollars et on peut se servir à volonté.

En 2011, Antonia a reçu son premier crédit du programme CrediAmigo (Crédit Ami) qu’elle a investi dans l’achat de vaisselle et de matières premières. Sans garanties bancaires, elle fait partie d’un groupe de caution solidaire de quatre personnes, les uns se portant garants pour les autres.

“Aujourd’hui j’en suis à mon troisième crédit” de mille dollars, dit-elle avant de confier ses ambitions: “D’ici au Mondial 2014, je vais en prendre d’autres car je veux m’agrandir sur le devant de ma maison”.

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ès du stade de Fortaleza, au Brésil, le 16 avril 2013 (Photo : Yasuyoshi Chiba)

Le “CrediAmigo” est le plus grand programme de microcrédit productif et solidaire du Brésil. Il est destiné aux personnes à faibles revenus qui travaillent dans l’économie formelle ou informelle, explique Rosa Ribeiro, au siège de Banco do Nordeste à Fortaleza, une immense structure moderne (1985) en aluminium entourée de jardins du célèbre paysagiste Burle Marx (1909-1994).

Lancé en 1998, ce crédit a pris de l’importance au cours des dix dernières années car il a des liens avec les programmes de lutte contre la pauvreté du gouvernement fédéral. Il est passé de 359 opérations en 2002 à 2.844 en 2012. 66% des bénéficiaires sont des femmes.

“Ce n’est pas un crédit pour la consommation, mais un crédit productif, pour aider quelqu’un qui a déjà une affaire, depuis au moins six mois – une couturière, un vendeur ambulant de pop corn, une coiffeuse qui ouvre son salon – et qui souhaite l’agrandir pour avoir plus de revenus”, précise la responsable du CrediAmigo.

Les prêts vont de 50 à 7.500 dollars. Les avantages sont une bureaucratie moindre et un déblocage rapide du prêt en 48 heures. Des employés de deux ONG sociales (INEC et VivaCred) qui travaillent avec la banque vont chez le client et l’aident à planifier ses dépenses.

Le taux de mauvais payeurs est très faible, moins de 1%, contre 4 à 5% dans le système bancaire en général.

Aujourd’hui, le CrediAmigo bénéficie à près de 1,5 million de personnes: 60% d’entre elles sont sorties du seuil de pauvreté, 35% ont augmenté leurs revenus et 28% leur niveau de consommation.