Mauboussin revient fabriquer en France mais rêve de vendre plus ailleurs

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éception organisée par le joailler Mauboussin, à New York le 12 avril 2011 (Photo : Spencer Platt)

[22/04/2013 16:57:02] PARIS (AFP) Le joaillier Mauboussin va rapatrier d’Inde vers la France la production de sa bague la plus vendue, tout en développant résolument ses ventes à l’international alors que la crise pèse sur son marché domestique, a indiqué lundi son PDG Alain Némarq.

La bague Premier Jour, vendue à 2.500 exemplaires par an en trois couleurs d’or, sera fabriquée dès juin par un sous-traitant près de Lyon.

“Les conditions de service dans lesquelles on est amenés à réassortir sont clés et seront (ainsi) meilleures”, a relevé M. Némarq lors d’un entretien avec l’AFP.

A l’heure où l’on réduit les stocks, “avoir la production en France est beaucoup plus avantageux”. “Le cycle de production va gagner deux semaines: en France c’est 4 semaines et demie, à l’étranger 6 semaines et demie”, a expliqué M. Némarq, aux commandes de Mauboussin depuis mai 2002.

La fabrication coûtera certes “un peu plus cher” à cause du prix de la main d’oeuvre, mais “ce qui est le plus marquant dans le prix de revient du produit, c’est la matière première, pas la façon”, assure-t-il.

Le joaillier lancera prochainement un autre modèle de bague, Eternité Marine, qui sera fabriqué par le même sous-traitant près de Lyon, chez lequel une bonne dizaine d’emplois devraient être ainsi créés, d’après M. Némarq.

Si Mauboussin fait fabriquer à l’étranger les trois quarts de ses produits (en 30% Chine, 25% Inde et 20% Thaïlande), c’est dit-il parce que “le groupe n’a pas trouvé d’usine il y a 11-12 ans qui fasse crédit à un groupe de petite taille alors dans une situation périlleuse”.

Des sous-traitants en Asie, certains travaillant pour Tiffany, ont eux accepté, explique Alain Némarq.

“On ne va pas subitement tout rapatrier en France. Mais si je peux faire fabriquer en France je préfère, ça me simplifie considérablement les choses”, dit celui qui n’a jamais fait mystère de ses productions réalisées à l’étranger et n’a pas hésité à faire de la publicité dans le métro, cassant ainsi les codes de la profession.

Cap à l’international

Mauboussin, qui compte 200 salariés –dont 150 en France et une cinquantaine au Japon, à Singapour et aux Etats-Unis–, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 69 millions d’euros, contre 12 millions d’euros dix ans plus tôt au moment de sa reprise.

Il vend environ 90.000 pièces de joaillerie et 20.000 montres par an, dont des modèles à quelques centaines d’euros, ainsi que des stylos, lunettes et parfums sous licences.

L’objectif est de faire “100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici trois ans, à moitié en France et à moitié à l’étranger”, contre 75/25 actuellement, indique M. Némarq. Et ce, avec une production à moitié en France et à moitié à l’étranger, contre 25/75 aujourd’hui.

Depuis le deuxième semestre 2012, le groupe ressent “la crise sur le marché français” et est “en recul au premier trimestre 2013”, explique le PDG. Le groupe compte 67 magasins en France et en comptera “probablement dix de plus d’ici la fin de l’année”, mais “cette année notre croissance se fera à l’extérieur de la France”, prédit M. Némarq.

D’où l’intérêt de s’étendre à l’international. Mauboussin a dix points de vente au Japon –où il affiche “25% de croissance”–, des magasins à New York, à Luxembourg, à Singapour et en Thaïlande, et des corners en Belgique. Il vend aussi via des distributeurs en Russie et via des franchisés en Algérie (Alger), au Maroc (Casablanca, Marrakech et Rabat) et à Beyrouth.

“Des franchises ouvriront début mai à Koweït et à Tel-Aviv, fin mai à Dubaï”, et également bientôt à Beyrouth, indique M. Némarq.

“La boutique à Alger marche fabuleusement bien: on a fait plus de 600.000 euros de chiffre d’affaires en cinq mois. Et on va ouvrir d’ici la fin de l’année à Oran”, dit-il. Mauboussin est aussi “en négociations” pour ouvrir en franchise à Pékin à l’automne.

Le groupe a augmenté son capital de 10 millions d’euros fin février. M. Némarq en détient un peu plus de 9%. L’actionnaire principal, l’homme d’affaires Dominique Frémont, en possède 67%.