Le Portugal s’efforce de rassurer l’UE sur le repect des objectifs budgétaires

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à la nation depuis sa résidence officielle à Lisbonne, le 7 avril 2013 (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[08/04/2013 10:38:28] LISBONNE (AFP) Surveillé de près par Bruxelles, le Portugal s’efforce de rassurer ses bailleurs de fonds alors que le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité a compromis la réalisation des objectifs budgétaires, recommandés en contrepartie de l’aide financière accordé en mai 2011.

Le Premier ministre Pedro Passos Coelho, fervent adepte de la rigueur budgétaire, a confirmé solennellement qu’il ne changerait pas de cap et a annoncé qu’il entendait procéder à de sévères coupes budgétaires dans les domaines de la Santé, de la Sécurité sociale et de l’Éducation.

“Le gouvernement respectera tous les objectifs du programme d’aide et réaffirme le respect des engagements intérieurs et extérieurs de l’État portugais”, a assuré M. Passos Coelho dimanche soir lors d’un discours solennel à la Nation, excluant catégoriquement d’avoir besoin d’une nouvelle aide financière. “Nous ferons tout pour l’éviter”, a martelé le Premier ministre.

La Cour constitutionnelle a rejeté la semaine dernière plusieurs des mesures d’austérité inscrites au budget 2013, caractérisé par une hausse généralisée des impôts, estimant notamment qu’elle discriminait les fonctionnaires et les retraités en les privant de leur 14e mois de salaire.

Même s’il était largement attendu, ce verdict a mis le gouvernement face à la réalité qu’il aurait préféré éviter.

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érité, le 2 mars 2013 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

Les décisions de la Cour le privent en effet d’économies allant selon les estimations de 900 millions à 1,3 milliard d’euros. Un “trou” qui complique singulièrement la tâche de ramener cette année le déficit publique à 5,5% du PIB comme l’a réclamé début mars la “troïka” (UE-FMI-BCE), représentant les créanciers du Portugal, après avoir consenti un allégement des objectifs budgétaires exigés du Portugal, en contrepartie du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros, accordé en mai 2011.

La Commission européenne, présidée par le Portugais José Manuel Barroso, a rapidement rappelé à Lisbonne ses obligations, renouvelant toutefois sa confiance au pays, considéré jusqu’à présent comme “un bon élève” de la zone euro.

“Tout écart des objectifs du plan d’aide ou leur renégociation neutraliserait les efforts déjà accomplis par les citoyens portugais ou prolongerait leurs difficultés”, a averti la Commission.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a enfoncé le clou, appelant le Portugal à “prendre de nouvelles mesures” malgré les “gros progrès (réalisés) ces dernières années”.

M. Passos Coleho n’avait pas hésité à dramatiser la situation soulignant que le décision de la Cour constitutionnelle avait rendu “plus fragile” la position du Portugal face aux investisseurs alors qu’il souhaite revenir dès cette année sur les marchés de la dette pour se financer de manière indépendante.

Toutefois, selon certains commentateurs, le gouvernement pourrait tirer partie du verdict de la Cour constitutionnelle, et procéder à des réformes de fond longtemps différées.

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érité, le 5 avril 2013 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

“La décision des juges va obliger le gouvernement à faire ce qu’il aurait dû commencer à faire il y a près de deux ans : réduire les dépenses de manière structurelle”, a ainsi estimé dans un éditorial le directeur du quotidien économique Diario Economico.

De fait, en annonçant de nouvelles coupes dans la Santé, l’Éducation et la Sécurité sociale, M. Passos Coelho n’a fait que reprendre les principaux objectifs de la réforme d’État qu’il essaie de promouvoir sans grand succès, tant la perspective de voir disparaître les principales fonctions sociales de l’État hérisse l’opposition de gauche et effraie une large partie de la population.

La principale formation de l’opposition, le Parti socialiste, l’a clairement rejetée et réclame désormais une renégociation du plan d’aide qu’il avait pourtant lui même négocié en mai 2011 alors qu’il était encore au pouvoir.

Pour sa réforme de l’État le gouvernement va vraisemblablement s’appuyer sur un récent rapport, commandé au FMI, qui préconise de diminuer le nombre des fonctionnaires, tout en réduisant leurs salaires et leurs retraites afin de réaliser des économies de 4 milliards d’euros.