Grèce : la fusion de deux grandes banques gelée le temps de leur recapitalisation

[08/04/2013 07:10:32] ATHENES (AFP) Les quatre principales banques de Grèce vont être recapitalisées séparément, a annoncé dimanche soir la Banque centrale de Grèce, une décision qui gèle de facto la fusion prévue depuis de long mois de deux d’entre elles, la Banque nationale de Grèce (BNG) et Eurobank.

“La Banque de Grèce confirme que le processus de recapitalisation des quatre banques d’importance systémique (la Banque nationale de Grèce, Alpha Bank, Eurobank et Banque du Pirée) se poursuit normalement et prendra fin au mois d’avril”, a indiqué l’institution dans un communiqué.

“Ces quatre établissements ont convoqué –ou vont le faire dans les jours à venir– des réunions de leurs actionnaires pour approuver ces augmentations de capital”, poursuit la banque centrale.

La BNG et Eurobank ont entamé il y a plusieurs mois un processus de fusion qui prévoyait une recapitalisation commune.

Mais une source au ministère des Finances a déclaré dimanche: “les procédures (liées à la fusion) sont suspendues”.

La troïka des bailleurs de fonds internationaux d’Athènes — l’Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne — auraient exprimé des inquiétudes sur la fusion, selon la presse. Elle s’inquiéterait en particulier de la position dominante sur le marché grec de la nouvelle entité, qu’elle juge difficile à recapitaliser.

“(Les bailleurs de fonds) sont réticents à l’idée de voir naître un acteur aussi important, doté d’une part de marché de l’ordre de 40%,” a déclaré le gouverneur de la Banque de Grèce George Provopoulos dans un entretien télévisé la semaine dernière.

“La troïka dit, et je peux dire aussi, que les difficultés seront plus grandes une fois créée l’entité BNG-Eurobank, dont les besoins en capitaux seront de l’ordre de 1,5 milliard d’euros ou un peu plus, une somme très importante dans les circonstances actuelles. Nous nous inquiétons du fait que si l’on ne trouve pas d’investisseurs privés, elle doive passer sous contrôle public”, a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision publique NET.

Cette annonce survient après de nouvelles discussions entre les représentants des créanciers internationaux du pays et le Premier ministre Antonis Samaras dimanche.

De ces discussions dépend le versement d’une tranche de prêt de 2,8 milliards d’euros, en suspens depuis le mois dernier.

La recapitalisation des banques grecques, pierre angulaire du plan de redressement de l’économie de la Grèce, est au centre de ces discussions.

Ayant déjà reçu une avance de près de 50 milliards d’euros de prêts européens, les banques grecques sont contraintes d’achever leur processus de recapitalisation d’ici fin mai, selon un nouveau délai accordé par la banque centrale, un mois plus tard qu’initialement prévu.

photo_1365404791831-1-1.jpg
à Athènes, le 17 mai 2012 (Photo : Angelos Tzortzinis)

Craintes de nationalisation du futur ensemble

La condition préalable pour cette opération, afin de garantir leur autonomie de direction, est la participation du secteur privé à hauteur d’au moins 10% du capital final de chaque banque.

Mais cette condition a peu de chances d’être remplie par la BNG et Eurobank, lesquelles auront besoin du plein soutien du Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF), a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.

“La BNG et Eurobank ont admis qu’elles seront incapables de réunir cet argent,” a encore affirmé cette source.

La Banque nationale de Grèce a indiqué que le Fonds hellénique de stabilité garantirait “totalement” l’augmentation de capital de chaque banque.

Mais une source proche du dossier a indiqué que la règle des 10% “était toujours accessible” aux banques qui parviendraient à trouver des fonds auprès d’investisseurs privés.

La banque Alpha Bank a convoqué une réunion d’urgence de ses actionnaires jeudi.

Ceux de la banque du Pirée se réuniront vendredi.

Le gouverneur de la Banque de Grèce a relevé dans son entretien que même si une banque devait faire appel à l’aide du Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF), “il ne s’agit pas là à strictement parler, d’une prise de contrôle par l’Etat.”

“Dans le fonds il y a des représentants de la BCE, de la Commission européenne et la troïka supervise le tout. Jamais la troïka ne voudrait voir un acteur bancaire majeur opérer comme une banque (publique) traditionnelle. Je m’en inquiéterais moi aussi et ne voudrais pas que cela arrive. Je ne pense pas que cela sera le cas,” a déclaré M. Provopoulos.