L’usine “Micmo” ancien fabricant des vélos “Gitane”, attend le nom de son repreneur

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ouest de la France (Photo : Frank Perry)

[08/03/2013 13:26:04] MACHECOUL (France / Loire-Atlantique) (AFP) Dans l’incertitude et l’inquiétude depuis leur placement en redressement judiciaire le 30 octobre, les 254 salariés de l’usine de vélos de Machecoul, dédiée à la petite reine depuis 1925 et berceau des “Gitane” qui firent la gloire de Bernard Hinault, connaîtront le nom de leur repreneur vendredi après-midi.

Lachés à l’automne par le groupe Cycleurope, ils sauront cet après-midi s’ils intègrent le groupe Intersport qui compte y centraliser sa production française de cycles, ou un consortium baptisé MCO, dirigé par trois anciens cadres de l’usine et soutenu par les collectivités et des entrepreneurs locaux.

C’est le tribunal de commerce de Troyes (Aube), où se trouve le siège français de Cycleurope, qui tranchera.

Les deux offres sont financées – et devront mettre environ 2,7 millions d’euros sur la table, stock inclus, selon la CGT – mais toutes deux ne reprennent que 175 salariés.

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ouest de la France (Photo : Frank Perry)

Du coup, dans cette entreprise où la CGT (syndicat majoritaire à 98%) comme la direction vantent l’esprit de solidarité, quarante “vieux” salariés – dont certains à qui il manque encore quelques trimestres – ont d’ores et déjà annoncé qu’ils acceptaient le licenciement. Une dizaine d’autres, plus jeunes, ont aussi indiqué leur intention d’accepter, pour réaliser un projet personnel.

“Il reste 29 licenciements secs, et du coup, ce soir, même si les salariés auraient bien fait la fête pour célébrer la fin de l’incertitude, on ne fera rien”, souligne Didier Garreau, le délégué CGT.

“On est restés une entreprise familiale, tout le monde se connaît, s’entraide”, ajoute-t-il. En cas de réembauche, il a obtenu que les 29 licenciés secs puissent être prioritaires.

Rachetés par le suédois Cycleurope en 1996, ils ont déjà connu la mortification du départ, en 2004, de leur marque phare, les “Gitane”. Des vélos qui firent leur renommée du temps où ils appartenaient à la régie Renault, avec successivement Bernard Hinault puis Laurent Fignon, au sein de l’équipe “Renault-Elf-Gitane”, de la fin des années 70 au milieu des années 80.

C’est l’usine Cycleurope de Romilly-sur-Seine (Aube), concurrent de fait à l’intérieur du groupe puisqu’ils fabriquaient jusque-là les cycles Peugeot, qui les produit désormais.

Les “Micmo”, autre nom du site de Machecoul, du nom d’une de leurs marques, produisent désormais des bicyclettes pour la plupart des grandes surfaces mais aussi plusieurs chaînes de magasins de sports.

Sur les vélos terminés, stockés dans l’usine, aux couleurs de leurs différents clients, des étiquettes dédiées soulignent qu’ils ont été “entièrement assemblés en France”.

Pour autant, même à Machecoul, on a cessé d’usiner les pièces à la fin des années 90. “Nous étions les derniers en France à fabriquer et souder nos cadrans, entièrement. A présent, nous importons les pièces de Chine”, regrette Gabriel Guitteny, directeur de production de l’usine.

Après 41 ans dans ces lieux où il est entré à 18 ans, “tout en bas, à la maintenance”, souligne-t-il, il fait partie des volontaires en fin de carrière qui ont accepté le licenciement.

Alors que dès la semaine prochaine, comme les autres, il devrait recevoir sa lettre de licenciement, il fait visiter avec fierté “son” usine, ses sept lignes de production, les innovations d’outillage mises en place progressivement pour améliorer la productivité et diminuer les maladies professionnelles.

“Comme productivité on est les meilleurs en Europe dans le groupe Cycleurope”, souligne-t-il, mais il reconnaît que la traditionnelle concurrence chinoise, mais aussi celle des Allemands qui s’appuient selon lui sur la main d’oeuvre polonaise, sont difficilement égalables.

Dans l’atelier, hommes et femmes sont à proportion égale. Et bien que de nombreux gestes semblent répétitifs, voire pénibles – comme par exemple insérer 36 rayons dans une roue, 450 fois par jour… – l’ambiance est concentrée mais détendue.

Pour 2013, année perturbée par ce changement de direction, les “Micmo” pensent réaliser une production de 180.000 cycles mais les deux repreneurs entendent, dans leurs projets respectifs, remonter à 260.000 vélos.