Les pertes vont encore s’aggraver en Europe cette année pour Ford

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une usine Ford en France (Photo : Jean-Pierre Muller)

[29/01/2013 17:40:21] NEW YORK (AFP) Le constructeur automobile américain Ford a averti mardi que ses pertes allaient encore s’aggraver et atteindre 2 milliards de dollars en Europe cette année même si ses dirigeants disent n’envisager aucune nouvelle fermeture d’usine.

L’action chutait de 5,73% à 12,99 dollars à la mi-séance, les investisseurs paraissant échaudés après avoir appris que les pertes du groupe allaient encore s’aggraver sur le Vieux Continent et que seule l’Amérique du nord allait générer des bénéfices cette année.

La perte en Europe a atteint 1,7 milliard de dollars en 2012 et, pour 2013, le groupe table maintenant sur une perte encore creusée à 2 milliards alors qu’il avait prévu initialement qu’elle soit égale à celle de l’année écoulée.

Les dirigeants du groupe expliquent que les ventes de la région n’en finissent pas de baisser et sont “au plus bas depuis 1995”, que l’euro se renforce face au dollar et que les comptes vont pâtir de lourdes charges liées à la restructuration annoncée en octobre, notamment d’indemnités de licenciements. Les coûts liés aux retraites vont également augmenter.

“L’environnement des affaires en Europe reste incertain. Nous allons continuer à surveiller la situation et nous prendrons plus de mesures si c’est nécessaire”, a souligné le directeur financier Bob Shanks.

Il s’est refusé à détailler les mesures envisagées, se contentant d’affirmer que le groupe est “très satisfait des progrès faits à ce jour” sur la restructuration annoncée en octobre en Europe.

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Le logo de Ford (Photo : Gabriel Bouys)

Ford accumule des milliards de dollars de pertes dans la région depuis des années, comme son rival General Motors (GM), ou comme ses concurrents européens Renault, Peugeot-PSA ou Fiat.

Ford a annoncé en octobre la fermeture de deux usines en Grande-Bretagne et d’une autre en Belgique, ce qui va se solder par 6.200 emplois supprimés.

Le directeur général Alan Mulally a souligné qu’en Europe comme ce fut le cas aux Etats-Unis quatre ans plus tôt, la priorité était d'”ajuster la production à la demande réelle” tout en investissant “dans de nouveaux produits que les gens veulent vraiment, avec un bon rapport qualité-prix parce que malgré le ralentissement, l’Europe reste un marché formidable pour Ford”.

“Malgré beaucoup de défis dont l’environnement difficile en Europe, nous avons enregistré un quatrième trimestre et une année 2012 solides”, a ajouté M. Mulally.

Les résultats de Ford ont été affectés par un changement de méthode comptable lié à la valorisation des impôts que le groupe s’attend à payer, qui avait dopé les résultats précédemment.

Pour l’exercice 2012, le bénéfice net part du groupe de 5,7 milliards de dollars ressort divisé par plus de trois. En excluant les changements de méthode comptable, il n’est plus qu’en baisse de 5% et ressort à 1,41 dollar par action, mieux qu’attendu par les analystes.

Le chiffre d’affaires a reculé de 1,4% à 134,3 milliards de dollars, principalement à cause de la baisse des ventes en Europe.

Pour le quatrième trimestre, le bénéfice s’élève à 1,6 milliard de dollars, soit une chute de 88%. En excluant le changement de méthode comptable, le bénéfice progresse d’environ 50%. Par action et hors éléments exceptionnels, il ressort à 31 cents, mieux qu’attendu.

L’Amérique du nord a une nouvelle fois tiré les résultats de Ford avec des ventes en hausse de 6,5% sur l’ensemble de l’exercice écoulé et un bond de 35% du bénéfice avant impôts à 8,3 milliards de dollars sur l’année.

En Amérique du sud les ventes ont reculé de 8% à 10,1 milliards de dollars et le bénéfice a été divisé par trois à 213 millions de dollars. Cette année, le groupe s’attend à un bénéfice nul à cause d’effets de change négatifs dans toute la région et de l’incertitude politique au Venezuela.

En Asie, Ford a enregistré une légère perte cette année à cause d’investissements, et avec notamment l’ouverture de deux nouvelles usines. Son chiffre d’affaires a en revanche bondi de 47%. Cette année, le constructeur table sur un résultat nul dans la région.