Gattaz à Parisot : “on ne doit pas s’enkyster” à la tête du Medef

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ésident du Groupe des fédérations industrielles (2eD), le 9 juillet 2012 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

[15/01/2013 17:08:15] PARIS (AFP) Candidat à la présidence du Medef, Pierre Gattaz appelle, dans un entretien accordé mardi à l’AFP, Laurence Parisot à ne “pas s’enkyster” à la tête de l’organisation patronale, contestant sa tentative de modifier les statuts pour se maintenir au-delà de la fin de son mandat.

Agé de 53 ans, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), également patron du fabricant de connecteurs Radiall et fils de l’ancien patron du CNPF Yvon Gattaz, plaide pour que le prochain chef de file du patronat garde le “contact” avec le terrain.

Question: La présidente du Medef a ouvert la voie à une modification des statuts qui pourrait aboutir à une prolongation de son mandat censé s’achever en juillet. Pourquoi contestez-vous cette démarche?

Réponse: “Il y a une colère sourde et de l’émoi chez un grand nombre de fédérations professionnelles et de Medef territoriaux. Laurence doit refermer très rapidement la boîte de Pandore qu’elle a ouverte, pour la démocratie du Medef, pour l’exemplarité et pour le respect des règles. Il faut qu’elle fasse une belle sortie!

Cette démarche pollue le débat. Je n’ai aimé ni la méthode, ni l’esprit. On ne change pas la règle du jeu cinq mois avant une élection, ce n’est pas démocratique. On abuse d’un certain pouvoir.”

Q: Comment jugez-vous le bilan de Laurence Parisot, à la tête du Medef depuis 2005, et quelle est votre vision du rôle d’un patron des patrons?

R: “Le bilan de Laurence est un bon bilan. Mais huit ans, c’est déjà énorme! Si on veut un renouvellement permanent à la tête du Medef, il faut un chef d’entreprise en opération, qui mette simplement entre parenthèses sa fonction dans son entreprise pendant trois ans, voire deux fois trois ans, sans que cela mette en péril sa société.

C’est fondamental pour garder le contact avec les équipes, avec les salariés, avec le terrain, avec la réglementation. Au-delà, on risque une +apparatchikisation+ de la fonction, une trop forte personnalisation, alors que le Medef est un outil collectif et participatif. On ne doit pas personnifier et s’enkyster”.

Q: Quels sont les thèmes de votre candidature, annoncée lundi?

R: Il y en a trois. Le premier est le rassemblement. C’est très important d’être unis entre petits et grands, services et industrie.

Ensuite, il faut un projet de conquête, une vision, une ambition et une doctrine. Au niveau du terrain pour les PME et les entrepreneurs qui souffrent de problèmes de base que sont la compétitivité, la fiscalité, le marché du travail, mais aussi sur les grands thèmes et défis du pays, qu’il s’agisse du déficit, de la dépense publique, des retraites, de la protection sociale ou de la fiscalité. Le Medef doit contribuer à ces réflexions.

Enfin, il faut évangéliser économiquement le pays. Le monde tourne autour de règles de base de l’économie qui ne sont pas connues en France, voire qui sont bafouées, par les élus, les politiques, par la sphère publique. Vous pouvez faire du social, du sociétal, de l’environnemental, si vous n’avez pas de compétitivité et pas de commandes, tout s’écroule. Il y a un énorme travail de pédagogie à faire, en rapprochant l’économie et l’humain.