Fermeture d’Angers : le contrat Technicolor/Orange au coeur de la polémique

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à Angers (Photo : Alain Jocard)

[18/10/2012 17:51:36] PARIS (AFP) La rupture d’un contrat entre Technicolor et Orange est au centre d’une polémique qui oppose les deux sociétés, la ministre Fleur Pellerin et les syndicats sur la responsabilité de la liquidation du site Thomson Angers de Technicolor employant 350 salariés.

Dernière unité de production du groupe français en Europe, cette usine spécialisée dans la fabrication de décodeurs numériques a vu, faute de repreneur, sa liquidation prononcée par le tribunal de commerce de Nanterre jeudi dernier.

Dès le début de la crise, au printemps, le groupe d’électronique Technicolor avait justifié cette fermeture par la concurrence asiatique, la règlementation européenne sur la protection tarifaire relative aux décodeurs, et la rupture d’un gros contrat entre Thomson Angers et France Télécom.

C’est précisément l’arrêt de ce contrat présenté par la direction comme stratégique pour la survie du site qui fait polémique aujourd’hui, chaque partie s’en rejetant la responsabilité.

Le gouvernement, lui, a apporté sans ambiguïté son soutien à l’opérateur télécoms.

La ministre de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, a affirmé mercredi, alors même que plusieurs centaines de personnes manifestaient à Angers en “soutien aux Technicolor”, que “c’est bien Technicolor et non pas Orange qui a rompu le contrat”, car les délais ne pouvaient pas tenus.

La ministre a dénoncé “l’attitude inadmissible” du groupe et a appelé Technicolor, qui vient d’être assigné par le liquidateur devant la justice, à financer le plan social évalué à 30 millions d’euros par le comité d’entreprise, actuellement en négociation. “Nous mettrons la pression nécessaire pour que cela soit le cas”, a averti Fleur Pellerin.

Elle reproche aussi à la direction de “jouer” sur la complexité et le flou des relations entre Technicolor et sa filiale Thomson Angers “pour ne pas assumer ses responsabilités vis-à-vis des salariés”.

Un contrat confié à Sagem

Le président de Technicolor Entertainment, Michel Vaquin, a répondu jeudi point par point aux attaques de la ministre.

“Ce n’est absolument pas Technicolor qui a mis fin à ce contrat”, mais bien France Télécom pour le confier finalement à Sagem, qui, à ce jour, n’a toujours pas livré le produit, a-t-il expliqué à l’AFP, en détaillant l’historique.

Début 2011, Orange signe avec Technicolor un contrat pour une livraison de décodeurs en avril 2012. Technicolor demande un “report de livraison” à septembre 2012. Le donneur d’ordre prend alors la décision de confier à “un autre industriel”, Sagem, la fourniture du produit qui n’a pas encore été livré.

“Dans la profession, tout le monde sait que dans un projet d’une telle complexité, six mois de retard, cela arrive”, s’est défendu Technicolor.

Le groupe a également précisé que les relations entre Thomson Angers et Technicolor étaient “parfaitement claires”: le premier “est une filiale” du second.

Technicolor a reçu le soutien de l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC d’Angers. “Nous n’avons jamais réussi à démêler le noeud de cette histoire de contrat”, mais “il est un peu facile de tout mettre sur le seul dos de Technicolor”, s’est indignée une porte-parole, Odile Coquereau.

“Les équipes des labos (basés à Rennes) sont furieuses d’être mises en cause, et on a l’impression que la ministre, en appuyant sur la tête d’un seul, essaie de protéger Orange”, a ajouté la syndicaliste.

L’opérateur a, lui, affirmé qu’il “ne peut en aucun cas être tenu pour responsable de la fermeture d’Angers”. Le report des délais de livraison “constitue une rupture du contrat”, a ajouté Orange.

“Technicolor reconnaît lui-même qu’il était très en retard et on ne pouvait prendre le risque de dérapages supplémentaires”, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de France Télécom, Pierre Louette, en dénonçant “le procédé inélégant” de Technicolor.