Tunisie : Ennahdha courtise les grands groupes

ennahdha-240912.jpgLe 23 août 2012, Abdelwaheb Ben Ayed, président de Poulina Group Holding (PGH), a été reçu officiellement par Hamadi Jebali, chef du gouvernement. A l’issue de cette rencontre, le patron du plus grand groupe tunisien a déclaré, selon l’Agence Tunis Afrique Presse, que son groupe allait lancer une série de projets –un Data Center et une usine de fabrication de glace, et une autre de produits laitiers, à Kairouan, et un projet de céramique, au Kef, pour un investissement total de 300 millions de dinars.

M. Ben Ayed, qui s’exprimait à l’issue d’une rencontre avec le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, au palais du gouvernement à La Kasbah, a indiqué que ces projets permettront de créer plusieurs milliers de postes d’emploi directs et indirects.

Il s’agit, a-t-il précisé, de la création, à Tunis, d’un Data Center ainsi que du lancement d’un projet de fabrication de glace, d’un projet de produits laitiers (gouvernorat de Kairouan) et d’un projet de céramique (gouvernort de Kef).

M. Ben Ayed a ajouté que Poulina Holding a lancé plusieurs projets agricoles, à travers l’ensemble de la République.

Il a passé en revue les différents projets créés après la révolution, dans certaines régions défavorisées dont Oued Zarga (gouvernorat de Béja) et Bir Mcherga (gouvernorat de Zaghouan).

Ce geste en direction de PGH n’est pas étonnant, car il ne constitue pas un acte isolé. Parce que quelque chose est en train de changer non seulement dans l’attitude du gouvernement à l’égard des hommes d’affaires, mais dans celle de la principale composante de la Troïka, Ennahdha, dans ce domaine.

En effet, avoir hésité jusqu’à récemment sur l’attitude à adopter, le mouvement Ennahdha a envoyé, il y a quelques semaines, un premier signal positif aux hommes d’affaires en confiant la gestion de ce dossier à Zied Doulatli, récemment nommé à la tête du Bureau des relations avec cette communauté au sein d’Ennadha. Cette structure vient de donner naissance à un Forum tunisien de l’économie et des affaires (FTEA), dont la présidence a été confiée à Mondher Ben Ayed.

Aussitôt créé, cet organe a initié un dialogue entre Ennahdha, d’un côté, et de l’autre, les patrons de 24 parmi les plus importants groupes du pays, parmi lesquels Moncef Sellami (OneTech), Ali Slama (groupe Slama), Faouzi Elloumi (groupe Chakira), Nabil Chaïbi (Utic Group), Abdessalem Ben Ayed (Al Badr), etc.

Le gouvernement a ensuite pris le relais. Son chef, Hamadi Jebali, entouré des ministres en charge des portefeuilles économiques, mais également de ceux de l’Intérieur (Ali Laaryedh), de la Justice (Noureddine Bhiri) et des Droits de l’Homme et de la Justice transitoire (Samir Dilou), a rencontré, le 17 août, à l’initiative de l’UTICA, une quarantaine de patrons de groupes. Outre le manque de visibilité, et la menace salafiste, ceux-ci se sont plaints des poursuites engagées contre certains d’entre eux.

Sur ce dernier point, le gouvernement a, d’abord, réitéré qu’il n’avait initié aucun des procès en cours contre des hommes d’affaires. Ensuite, il a annoncé que la levée des mesures d’interdiction de sortie du territoire dont avaient récemment bénéficié 20 businessmen allait être étendue aux 50 autres concernés. De même, consignes ont été données aux juges d’instruction d’accélérer les procédures en cours, de classer les affaires très «légères» dans lesquelles il n’y a pas de preuves irréfutables, et, dans celles où l’accusé a effectivement lésé autrui, de rendre justice sans acharnement ni volonté de revanche.