Tunisie : Quelle réforme pour la gouvernance locale ?

gouvernance220912.jpgPendant que les membres élus du peuple tunisien travaillent à la rédaction d’une nouvelle constitution pour tourner la page définitivement de l’ancien régime, la question du nouveau modèle de gouvernance locale que le pays doit mettre en place est plus que jamais d’actualité, car manifestement les Tunisiens ne participent à la gouvernance de leur pays que de manière limitée. Quant au niveau régional, les gouverneurs tout comme les délégués sont nommés par le pouvoir central, alors que les maires élus par la population sont considérablement limités dans leurs prérogatives étant sous tutelle des ministères de l’Intérieur et des Finances ainsi que par les gouverneurs.

Dans ce contexte, la Fondation pour le Futur a organisé, en collaboration avec la VNG International, les 14 et 15 septembre à Tunis une conférence internationale sur le thème «La gouvernance locale et la société civile en Tunisie», à travers laquelle l’organisation à but non lucratif a essayé, selon sa présidente, Nabila Hamza, d’apporter sa contribution au débat espérant amener des pistes de réflexion et d’action aux différents acteurs locaux pour assurer un meilleur équilibre des politiques de développement sur l’ensemble du territoire.

La gouvernance locale et la décentralisation …

Evoquant les objectifs généraux de la réforme de l’administration territoriale et les enjeux de la décentralisation, dans le cadre de l’écriture de la nouvelle constitution tunisienne, les intervenants, Ridha Jenayah, directeur de l’unité de recherche en droit administratif, et Abdollah Badou, acteur associatif marocain, en l’occurrence, ont rappelé que la gouvernance locale suppose un brassage d’acteurs ancrés d’une part dans la société civile et d’autre part dans les appareils de gestion publique.

Elle implique donc un partage du pouvoir dans le processus décisionnel et la reconnaissance d’une multiplicité de parties prenantes. Selon M. Jenayah, les objectifs majeurs de la gouvernance locale sont, essentiellement, de favoriser une démocratie de proximité en impliquant les citoyens dans la gestion des affaires locales, ainsi que de privilégier l’échelon local pour tenir compte des besoins de la population et améliorer leur niveau de vie.

Les Tunisiens ne participent pas à la gouvernance de leurs pays !  

Lors de la seconde session, les intervenants ont précisé quelles sont les fonctions attendues de la société civile dans la gouvernance locale décentralisée qui permettra d’apporter une expertise étrangère sur les modalités de collaborations stratégiques entre les structures de l’Etat et de la société civile.

D’ailleurs, le départ de l’ancien président de la république a ouvert la porte à la création d’associations garantissant ainsi une liberté d’actions sans précédent dans le pays. Ansi, depuis le 14 janvier 2011, près de 4.000 nouvelles associations ont été créées.

 «Il ya donc ici une véritable opportunité pour les Tunisiens de s’engager dans les défis du quotidien et passer au statut du citoyen actif et participatif», a déclaré Jawhar Ben Mbarek, porte parole du réseau «Doustourna», qui a également espéré vivement que la future constitution donnera plus de poids à la gouvernance locale, dans un pays aujourd’hui trop centralisé. De même, il a appelé la société civile à prendre une place importante dans la création d’une démocratie réellement participative et consultative «permettant aux Tunisiens de devenir des citoyens actifs», souhaite M. Ben Mbarek.

Recommandations …

A l’issue des travaux de la conférence, la présidente de la Fondation pour le Futur, Nabila Hamza, s’est déclarée satisfaite de l’effort déployé par les intervenants durant ces deux journées permettant, dit-elle, de plaidoyer pour la constitutionnalisation des prérogatives de la société civile dans la gouvernance locale.

De même, Mme Hamza a souhaité que ces recommandations concrètes permettent d’encourager les municipalités et les pouvoirs locaux à institutionnaliser la participation de la société civile et de fournir également des outils dont l’efficacité a été prouvée ainsi que des pistes de travail aux différents acteurs.