A Londres, l’ex-trader d’UBS accusé d’avoir semé le “chaos” par “ego”

photo_1347633973542-1-1.jpg
à son arrivée au tribunel de Southwark, à Londres, le 14 septembre 2012 (Photo : Leon Neal)

[14/09/2012 14:55:43] LONDRES (AFP) L’ex-trader d’UBS Kweku Adoboli, jugé pour une fraude ayant coûté 2,3 milliards de dollars à la banque suisse, s’est vu accuser, lors de la deuxième audience de son procès à Londres, d’avoir semé le “chaos” pour accroître ses bonus et satisfaire son “ego”.

M. Adoboli est “jugé car il a fait perdre à sa banque 2,3 milliards de dollars”, près de 1,8 milliard d’euros, en “jouant frauduleusement” avec l’argent d’UBS, a déclaré le procureur Sasha Wass alors que ce procès, qui s’est ouvert lundi devant le tribunal de Southwark, est entré vendredi dans le vif du sujet.

“Il a fait tout cela en dépassant ses limites de courtage, en inventant des opérations fictives pour le dissimuler et a ensuite menti à ses supérieurs”, a-t-elle ajouté, en s’adressant au jury de douze personnes.

“Les motivations de M. Adoboli étaient de faire progresser son bonus, son statut au sein de la banque, ses perspectives de carrière et bien sûr son ego”, a-t-elle accusé. L’accusation a souligné que son bonus annuel était passé de 15.000 livres en 2008 à 95.000 en 2009 et 250.000 en 2010.

“Comme la plupart des joueurs, il pensait qu’il avait la main heureuse. Comme la plupart des joueurs, quand il a perdu, il a semé le chaos et provoqué un désastre pour lui et les gens autour de lui”, a-t-elle encore dit.

Agé de 32 ans, Kweku Adoboli, vêtu d’un costume gris et assis près de ses avocats durant l’audience, est poursuivi pour “abus de position” et “fraudes comptables”. Il risque jusqu’à 10 ans de prison.

photo_1347634124398-1-1.jpg
à Londres, le 14 septembre 2012 (Photo : Leon Neal)

Libre sous contrôle judiciaire depuis juin après avoir passé neuf mois derrière les barreaux, il plaide non coupable.

Fils d’un fonctionnaire ghanéen des Nations unies à la retraite, Kweku Adoboli avait fait un parcours apparemment sans faute au sein d’UBS, où il travaillait depuis 2006 au département des ETF (“Exchange Traded Funds”, produits financiers complexes adossés à l’évolution d’un indice boursier). Avant qu’il ne soit arrêté en pleine nuit le 15 septembre 2011, dans son bureau de la City.

Ses agissements avaient en fait débuté en octobre 2008.

Selon des éléments cités lors de l’audience, M. Adoboli avait parié sur la baisse du marché mais avait essuyé des pertes en raison d’un rebond après un vote de confiance en Grèce. Ayant changé de stratégie pour couvrir sa position, il avait vu ses pertes s’accroître alors que les marchés étaient pénalisés par l’aggravation de la crise en zone euro durant l’été 2011

Le trader avait assuré que ses opérations étaient couvertes avant de finalement admettre, dans un email daté du 14 septembre, l’ampleur de ses pertes.

“Je prends toute la responsabilité de mes actions et de la tempête qui va en résulter”, y écrivait-il, se disant “profondément désolé” d’avoir “mis (sa) banque et (ses) collègues en danger”.

Alors que ses prises de positions avaient atteint la somme astronomique de 10 milliards de dollars selon la presse, M. Adoboli s’était écrié sur sa page Facebook, quelques jours avant son arrestation: “J’ai besoin d’un miracle”.

Le cas de l’ex-trader d’UBS ressemble à celui de Jérôme Kerviel, le trader français qui avait fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale en 2008 et pose à nouveau la question du contrôle au sein des banques.

photo_1347634272972-1-1.jpg
ès, le 10 septembre 2012 à Londres (Photo : Will Oliver)

L’affaire Adoboli a conduit à des enquêtes des gendarmes des marchés financiers suisse et britannique, et à la démission du directeur général d’UBS, Oswald Grübel, et des responsables de la division à l’origine de l’incident.

Le nouveau patron d’UBS, Sergio Ermotti, avait reconnu que ce procès allait être “gênant” pour UBS, tout en soulignant qu’il permettrait de montrer à tous les employés “quelles sont les conséquences” en cas de comportement “inacceptable”.