Rapport de la BAD sur l’intégration en Afrique du Nord : Des systèmes financiers encore inefficaces (1/2)

bad-21082012-12-09.jpgC’est
un point à leur actif: tous les pays d’Afrique du Nord (Mauritanie, Maroc,
Algérie, Tunisie, Libye et Egypte) ont, successivement depuis les années 90,
mené des réformes de leurs secteurs financiers pour les rapprocher des standards
internationaux. Ce processus a débuté durant la première moitié de cette
décennie-là au Maroc et en Tunisie, suivis durant la deuxième moitié par
l’Algérie et la Mauritanie et au cours du début du nouveau millénaire par
l’Egypte et la Libye.

«Ces premières réformes ont porté essentiellement sur la libéralisation des taux
d’intérêt et la suppression des restrictions quantitatives, la levée des
obstacles à l’entrée (notamment les institutions financières privées nationales
et étrangères) et à la sortie (les banques étatiques en quasi-faillite) et la
privatisation des banques étatiques gérées de manière inefficace», rappelle le
rapport «Libérer le potentiel de l’Afrique du nord grâce à l’intégration
régionale: défis et opportunités», que la Banque africaine de développement
vient de rendre public. Qui regrette que ces réformes n’aient pas permis de
résoudre «efficacement les problèmes d’ordre structurel et institutionnel dans
les secteurs financiers de l’Afrique du Nord».

Par conséquent, il devenait de ce fait inévitable de lancer un deuxième train de
réformes (cadres d’application des contrats, systèmes de paiement, normes
d’établissement de rapports, développement du secteur privé, amélioration de la
gouvernance d’entreprise, renforcement des capacités des institutions d’appui au
secteur financier, à l’instar des tribunaux du commerce, registres de garanties
et bureaux de référence du crédit) destinées à renforcer l’infrastructure
financière.

Si l’Égypte se classe au premier rang, avec un actif total estimé à environ 120
milliards de dollars (22 banques) -suivie du Maroc (actif total d’environ 96
milliards de dollars et 7 banques), de l’Algérie (actif total de 62 milliards de
dollars et 7 banques), de la Libye (actif total de 44 milliards de dollars et 4
banques) et la Tunisie (actif total de 27 milliards de dollars et 9 banques)-,
c’est le Maroc qui dispose du système financier le plus développé de la région,
notamment en termes de volume de crédits et de monnaie rapportés au Produit
Intérieur Brut (PIB).

Grâce à la libéralisation des taux de dépôt et de prêt, le système financier de
la Tunisie se classe au deuxième rang en termes de profondeur. En même temps, la
consolidation bancaire permet de faire tomber le taux de créances accrochées à
15,5% en 2008, contre 24,3 en 2003.

L’Algérie, où ces dernières années le gouvernement a pris des mesures en vue de
moderniser le système financier et consolidé ou privatisé des banques publiques
en difficulté, est légèrement mieux lotie que la Libye dans ce domaine.

Les indicateurs de la solidité financière s’y sont améliorés en 2008 -le
pourcentage des prêts nécessitant des provisions de 100 pourcent est passé de 22
pour cent en 2007 à 18 pour cent en 2008, en raison du rachat continu par l’État
des prêts improductifs des entreprises étatiques (EE)-, mais l’accès aux
services financiers reste limité et onéreux, et le niveau des prêts improductifs
demeure élevé.

Bien qu’il ne présente aucun signe de difficultés dans l’immédiat, le secteur
financier mauritanien est de petite taille, et sa contribution au développement
économique est faible. Vulnérable, le système bancaire mauritanien souffre d’un
manque de respect des normes de transparence, d’un déficit de concurrence, de
mauvaise gouvernance et d’une faiblesse en matière d’infrastructure.

En Egypte, la réforme du secteur financier, notamment dans le cadre du Programme
de coopération financière du COMESA, a permis d’améliorer la compétitivité et de
l’efficacité du secteur bancaire égyptien. Cependant, «d’autres progrès sont
nécessaires, en particulier la réduction du ratio de prêts improductifs-prêts
totaux, qui s’élève à l’heure actuelle à près de 15 pour cent, afin de le
ramener à un chiffre plus bas», souligne le rapport de la BAD.

(Source : BAD)