Tunisie – Budget de l’Etat : L’augmentation des dépenses de l’Etat menace les équilibres financiers du pays

Par : TAP

Des experts et économistes ont discuté, jeudi, lors d’une réunion, de la politique économique et financière en Tunisie, faisant part de “leur inquiétudes de voir la politique du gouvernement mener à une augmentation, inefficace, des dépenses publiques, ce qui perturbera les équilibres financiers”.

Abdeljalil Bedoui, professeur d’économie et vice-président du parti e Mouvement des démocrates socialistes (MDS) a évoqué l’émergence d’une culture du “butin” qui se traduit, d’après lui, par l’augmentation des salaires des députés de l’ANC, les nominations au sein des ministères sur la base de “loyauté” à des partis et les compensations et indemnisations.

Il a accusé l’autorité en pouvoir d’être derrière la diffusion de cette culture “qui pourrait avoir de graves conséquences telles que les revendications, qui ne respectent pas la conjoncture exceptionnelle par laquelle passe le pays, le désordre sécuritaire et économique et la prospérité du commerce parallèle”.

M. Bedoui a souligné que l’austérité et l’atténuation des dépenses de l’Etat ne doivent pas être réalisées au détriment du citoyen, mais, plutôt, à travers l’introduction de véritables réformes telles que la réduction de la consommation de carburants par les voitures de service, le développement du transport public en commun, la lutte contre le commerce parallèle (augmentation des recettes fiscales) et la dynamisation de la demande intérieure.

Mme Sonia Nakkâche, universitaire a qualifié la situation économique en Tunisie de “fragile et allant vers le plus difficile”, précisant qu’en se référant aux derniers indicateurs du deuxième trimestre 2012 (baisse des importations des produits d’équipement et semi- industrialisés, persistance des difficultés du secteur minier…), “il est difficile de réaliser le taux de croissance prévu par l’Etat, soit 3,5% en 2012”.

Elle a critiqué “l’absence de rigueur et l’hésitation” avec lesquelles, le gouvernement a traité avec le secteur touristique. “Comme si, l’activité touristique est exclusivement l’affaire du ministère du tourisme alors qu’elle concerne tous les ministères, notamment, celui de l’intérieur”, a-t-elle dit.

L’universitaire a ajouté que ce traitement semble cacher un objectif visant la marginalisation du secteur touristique et la destruction d’un modèle socio-économique adopté par la Tunisie depuis 60 ans. “Un modèle ouvert au tourisme comme étant une fenêtre donnant sur l’extérieur et une bouée de sauvetage pour l’économie pendant les crises”, a-t-elle renchéri.

Mme Nakkâche a imputé la stagnation de l’investissement national privé à “l’hésitation de l’Etat, à la vétusté de ses appareils et à son incapacité à appliquer la loi”, critiquant le silence face à la propagation de la concurrence déloyale dans le secteur.

Selon elle, “ce silence semble être programmé pour alléger la pression sociale d’une manière à favoriser un modèle de société de référence religieuse, lequel considère que le commerce est une source de revenu pour éviter l’organisation civile qui traite avec le système bancaire”.

L’universitaire estime que le gouvernement se trouve confronté à 3 défis en l’occurrence, la réalisation d’un équilibre entre création de la richesse (retour de l’investissement privé intérieur et extérieur), la maîtrise des équilibres sociaux à travers un contrat social qui garantie la répartition des richesses et le contrôle des équilibres généraux et le devoir de trouver une solution pour sortir de la crise à même de répondre aux aspirations du peuple.

WMC / TAP