Les clients boudent, la restauration trinque

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un restaurant (Photo : Attila Kisbenedek)

[02/08/2012 15:09:42] PARIS (AFP) Des clients moins nombreux, surtout le soir et le week-end, qui se privent d’entrée et/ou de dessert, cherchent les prix bas : l’activité des restaurants est en baisse depuis un an, un recul inquiétant au moment où la discussion sur le taux de TVA dans le secteur est rouverte.

Un des leaders de la restauration servie à table, Groupe Flo (310 restaurants Hippopotamus, Tablapizza ou encore Brasseries Flo) a enregistré des ventes en baisse de 5,9% au premier semestre 2012, après avoir senti dès août 2011 une érosion de la consommation.

Fin juin, l’un des cabinets spécialisés dans la restauration Gira Conseil annonçait “une baisse d’activité comprise entre 5 et 8%” directement liée à un recul de la fréquentation, notant “une dégradation “assez brutale fin mars”.

Son directeur, Bernard Boutboul évoquait le “moral des ménages qui est au plus bas”, le “recul du pouvoir d’achat”, l'”attentisme” propre aux périodes pré-électorales, “la montée du chômage” et d’arbitrages budgétaires dans les ménages au détriment de dépenses jugées “superflues”.

Enfin, le cabinet NPD, qui fonde ses études sur des enquêtes au quotidien auprès de consommateurs, a enregistré une baisse de fréquentation de la restauration à table de 3% entre janvier et mai, mais également une baisse des visites de 2,2% en restauration rapide, une première sur ce segment.

“Les Français ont le pied sur le frein en termes de consommation”, explique Dominique Giraudier, président de Groupe Flo. Ce qui se traduit par des consommateurs “qui boudent des restaurants les soirs de semaine et ralentissent leur consommation le week-end”.

Ce phénomène n’avait pas été ressenti lors de la crise de 2008/2009, ni au deuxième semestre de 2011 durant lequel une nouvelle érosion de la consommation a été ressentie.

– “bons coups” –

M. Giraudier note aussi que les clients sont “à l’affût des bons coups. Dès qu’on baisse un prix, qu’on propose une formule attractive tout compris, la réponse du consommateur est instantanée”. Ainsi, la mise en place d’une formule plat+boisson à 10,90 euros au déjeuner a permis à Hippopotamus d'”augmenter sa fréquentation de 10% le midi”.

En province, la situation est encore plus tendue, estiment les observateurs.

Cette baisse d’activité inquiète les professionnels déjà sous l’épée de Damoclès d’un relèvement du taux de TVA, actuellement à 7% (sauf pour les alcools).

Alors que François Hollande, encore candidat, avait annoncé que, s’il était élu, un bilan des contreparties de cette TVA réduite serait dressé au bout d’un an, les parlementaires, au premier rangs desquels le rapporteur général du budget Christian Eckert, ont sensiblement accéléré le calendrier.

Ce dernier a ouvertement évoqué le sujet en juillet, en préambule des discussions sur le budget rectificatif de 2012, quand bien même cette mesure emblématique du quinquennat Sarkozy n’y figurait pas.

Et au dernier jour de la session parlementaire, une mission d’information sur l’impact du taux de TVA réduit a été mise en place afin “d’éclairer les débats budgétaires pour 2013”, en septembre.

Les auditions doivent avoir lieu en août.

Trois ans après son entrée en vigueur, la mesure reste controversée car elle représente un manque à gagner de 3 milliards d’euros par an pour l’Etat.

De leur côté, les différentes organisations patronales mettent en avant la création et/ou la sauvegarde de 110.000 emplois, l’amélioration de la situation du personnel (hausses des salaires, jours de congés, création d’une mutuelle, “prime TVA”), et la modernisation du secteur, qui y a investi 2,5 milliards d’euros en 2011.