Le yen japonais et le yuan chinois s’échangent désormais directement

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Des yuan et des yen (Photo : Str)

[01/06/2012 10:38:35] SHANGHAI (AFP) La Chine et le Japon ont commencé vendredi à échanger directement leurs devises sans passer par l’intermédiaire du dollar, une réforme visant à dynamiser le commerce entre Tokyo et Pékin, qui veut aussi développer le rôle international de sa monnaie.

Le taux de change yuan-yen a d’abord été affiché sur la place de Tokyo, où les premiers échanges directs ont débuté peu après 00H00 GMT.

Lors des premières cotations réalisées par l’intermédiaire de grandes banques japonaises, le yuan chinois cotait 12,335 yens japonais, soit un niveau à peu près identique à celui de la veille. Une heure trente après le début des échanges, le taux était de 12,36.

Les échanges directs du yen et du yuan ont ensuite été ouverts à 09H30 locales (01H30 GMT) à Shanghai, la capitale économique de la Chine.

Les deux monnaies pouvaient déjà s’échanger auparavant, mais via le dollar qui servait de pivot dans la détermination du taux de change. Du fait de ce système peu pratique, 60% des transactions bilatérales sont actuellement effectuées en dollar.

A Shanghai, le yuan évolue désormais vis-à-vis du yen au sein d’une marge de fluctuation de plus et moins 3% par rapport à un cours central, que la banque centrale de Chine fixe chaque matin après s’être renseignée auprès des acteurs du marché.

Vendredi matin, ce taux pivot a été fixé à 8,0686 yuans pour 100 yens, soit environ 12,394 yens pour un yuan. A l’ouverture des premiers échanges, le cours était de 8,1074 pour 100 yens.

Le yuan a terminé la séance en recul par rapport à la devise nippone à 8,1298 pour 100 yens, contre 8,0737 la veille au soir, a rapporté CFETS, l’opérateur du marché des changes de la place de Shanghai.

Il est possible que les cours diffèrent au début entre Shanghai et Tokyo, mais l’hypothèse la plus probable est qu’ils convergent, ont affirmé des courtiers japonais.

La Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale) procède d’une manière similaire pour fixer quotidiennement le cours du yuan vis-à-vis du dollar, vis-à-vis duquel la marge de fluctuation de la monnaie chinoise n’est toutefois que de plus ou moins 1%.

Le yen n’est que la deuxième grande monnaie, après le dollar, pour laquelle les autorités chinoises ont accepté d’instaurer un système d’échange direct.

Le yuan est aussi négocié contre sept autres monnaies (euro, livre britannique, dollar australien, dollar canadien, dollar de Hong Kong, ringgit malaisien et rouble russe), mais toujours par l’intermédiaire du dollar américain, d’après l’agence Chine Nouvelle.

La décision sino-japonaise de lancer cet échange direct intervient dans le cadre d’une série d’accords bilatéraux conclus fin décembre, destinés à faciliter et renforcer le commerce et les investissements bilatéraux entre la Chine et son voisin le Japon, respectivement deuxième et troisième puissances économiques mondiales.

Côté chinois, l’échange direct yuan/yen semble entrer dans le cadre de la stratégie à long terme de Pékin visant à développer le rôle international de sa monnaie.

“L’échange direct du yuan et du yen n’est qu’une simple étape sur le chemin qui conduira le yuan à devenir une monnaie de réserve”, a déclaré à l’AFP Zhang Zhiwei, économiste en chef chez Nomura Securities.

Il a ajouté qu’il restait à la devise chinoise “un long chemin à parcourir” pour devenir une monnaie librement convertible.

Actuellement, le yuan n’est pas convertible sur les comptes en capitaux, ce qui signifie que les fonds investis en yuans dans le capital d’une entreprise ne peuvent pas être échangés contre des devises étrangères. Cette mesure protège la Chine contre certains mouvements de capitaux spéculatifs.

L’échange direct entre le yen et le yuan “est une avancée importante dans l’internationalisation de la devise chinoise, qui répond à la demande croissante pour des paiements et des transactions en yuans dans le monde entier”, a pour sa part commenté David Liao, de HSBC China.