Dès sa prise de fonction, Hollande sera face aux redoutables défis des finances publiques

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çois Hollande le 10 avril 2012 à Besançon (Photo : Patrick Kovarik)

[14/05/2012 07:52:21] PARIS (AFP) Dès sa prise de fonctions officielle mardi, François Hollande devra affronter le redoutable défi du rétablissement des finances publiques, encore accentué par les sombres prévisions économiques de l’Union européenne ou de la Banque de France.

Le président élu a pris les devants vendredi, assurant avoir “anticipé” cette situation. “Je savais depuis déjà plusieurs semaines qu’il y avait une dégradation plus grande que le gouvernement sortant ne le disait de nos comptes publics”, a-t-il déclaré depuis son fief corrézien de Tulle.

Son entourage s’est cependant empressé d’assurer que l’engagement pris par la France à l’égard de ses partenaires européens de ramener ses déficits publics à 3% du PIB l’an prochain, contre 4,5% encore attendus cette année, serait tenu.

Reste à savoir comment. Invoquant le “lourd héritage” de la gestion du gouvernement sortant, Michel Sapin, dont le nom circule avec insistance pour le portefeuille de l’Economie et des Finances, a assuré que le gouvernement qui sera formé mercredi prendrait “les mesures qu’il faut”, mais sans préciser lesquelles.

A la veille du week-end, la Commission européenne a joué les oiseaux de mauvais augure. Selon elle, si rien n’est fait, les déficits publics de la France déraperont pour atteindre 4,2% du PIB l’an prochain, soit 1,2 point de plus qu’espéré, et la croissance plafonnera à 1,3%, en-deçà du taux de 1,7% escompté par le nouveau président.

Jeudi, la Banque de France avait annoncé tabler sur une croissance nulle au deuxième trimestre de cette année comme au premier.

Et ces tensions sont encore exacerbées par le chaos politico-économique qui règne en Grèce et la perspective d’un bras de fer entre Paris et Berlin. Le président Hollande s’y rendra dès mardi pour tenter de rallier peu ou prou la chancelière Angela Merkel à des initiatives en faveur de la croissance.

Afin de dégager de nouvelles ressources, le nouveau gouvernement doit lancer d’ici à juillet un impressionnant train de mesures fiscales : révision de l’impôt sur les sociétés au bénéfice des PME, réduction des niches fiscales, surtaxe sur les bénéfices des banques et des sociétés pétrolières, taxation accrue des grosses successions ou des revenus du capital, imposition à 75% au-dessus de 1 million d’euros de revenu annuel…

Selon le quotidien économique Les Echos, le rétablissement du barème antérieur de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) interviendrait dès cet été.

Les économistes estiment à une bonne dizaine de milliards d’euros l’effort supplémentaire qu’il faudrait consentir, si les prévisions de croissance de Bruxelles se réalisaient. Pour Jean-Hervé Lorenzi, qui avait soutenu la candidature de François Hollande, “tout va se jouer dans les dix jours qui viennent” pour le nouveau président avec “deux mois qui s’annoncent difficiles, marqués par une série de plans sociaux”.

Afin de réduire les dépenses publiques, le président du Cercle des économistes prône une “transformation majeure des administrations par une généralisation de leur autonomie sur le modèle des universités”. Il appelle aussi la nouvelle équipe à “faire porter l’effort fiscal sur la rente et non sur la création de richesses et l’entreprenariat”.

Christian Saint-Etienne, professeur à l’Université Paris Dauphine, assure pour sa part que le prochain gouvernement ne pourrait guère “ajouter dix milliards de hausses d’impôt sans créer un choc fiscal sans précédent”. “La nouvelle équipe va devoir produire un nouveau plan de développement économique et de nouvelles projections pour s’adapter à la situation”, assure-t-il, pronostiquant un été “difficile à négocier”.