La Grèce tente une dernière fois de former un gouvernement et éviter de nouvelles élections

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élos Vénizélos (G), leader des socialistes, Antonis Samaras de Nouvelle Démocratie et Alexis Tsipras de la gauche radicale, réunis autour du président Carolos Papoulias, le 13 mai 2012 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

[13/05/2012 10:26:59] ATHENES (AFP) Le président grec tentait dimanche une dernière fois de convaincre les partis politiques de former un gouvernement de coalition, et éviter ainsi de nouvelles élections qui pourraient conduire le pays à la faillite et la sortie de la zone euro.

Le président Carolos Papoulias a entamé à 09H00 GMT une réunion avec les trois partis arrivés en tête aux élections de dimanche dernier, la droite, le parti de gauche radical anti-rigueur Syriza et les socialistes, qui ont tour à tour cette semaine échoué à former une coalition viable.

Le président Papoulias doit ensuite recevoir les représentants des plus petits partis, y compris les néo-nazis de l’Aube dorée, qui font leur entrée au Parlement.

Samedi, M. Papoulias avait estimé qu’il y avait “des signes infimes d’optimisme” qu’un gouvernement puisse être formé entre les conservateurs, les socialistes et un petit parti de gauche pro-européen, la Gauche démocratique (Dimar), ce qui donnerait à la coalition 168 des 300 sièges du Parlement.

Le leader de Dimar, Fotis Kouvelis, a dit cependant avoir “très peu d’espoir”.

En effet, le Dimar exige que le nouveau gouvernement se “désengage” du plan d’austérité draconien imposé par les bailleurs de fonds, UE et FMI, et revienne “immédiatement” sur les lois sur le travail, baissant les salaires et facilitant les licenciements, a-t-il expliqué à la télévision Mega, quelques heures avant le début de la réunion.

“J’ai des doutes qu’un accord puisse émerger. J’ai très peu d’espoir,” a-t-il conclu.

Un peu plus tôt dans la semaine, il avait dit que son parti ne participerait pas à une coalition qui ne comprendrait pas Syriza.

Les deux autres dirigeants étaient un peu plus optimistes.

En arrivant à la présidence dimanche, le leader conservateur Antonis Samaras a dit sa volonté de former un gouvernement de coalition intérimaire pour une période de deux ans, avec mission de garder le pays dans la zone euro.

“Le peuple grec nous a donné mandat pour coopérer afin de changer de politique tout en restant dans l’euro. Un mandat de coopérer pour un gouvernement viable au moins jusqu’aux élections européennes de 2014”, a déclaré le chef du parti Nouvelle Démocratie.

Samedi soir, le socialiste Evangélos Vénizélos avait envisagé lui aussi un gouvernement intérimaire de deux ans, avec maintien dans la zone euro mais changement “draconien” des conditions imposées par les bailleurs de fonds.

Quant à Syriza, il a refusé de participer à un gouvernement qui tiendrait les engagements envers les créanciers.

Une solution doit impérativement être trouvée d’ici jeudi, date prévue de la première séance du nouveau parlement, faute de quoi de nouvelles élections seront convoquées pour juin.

Les derniers sondages montraient qu’une majorité de Grecs veulent une solution. Ils sont 72%, selon un sondage de l’institut Kappa publié dimanche par l’hebdomadaire To Vima, à estimer que les partis doivent coopérer “à tout prix”, et 78% à vouloir un gouvernement qui fasse “tout ce qu’il faut” pour que la Grèce reste dans la zone euro.

Mais paradoxalement, selon ce même sondage, en cas de nouvelles élections, ce serait Syriza qui arriverait en tête, avec 20,5% des voix, contre 18,1% aux conservateurs et 12,2% aux socialistes du Pasok.

Les créanciers du pays, à commencer par l’UE et l’Allemagne, ont dit clairement ces derniers jours que si la Grèce n’honorait pas les engagements qu’elle a pris en échange des prêts de sauvetage qui lui ont été accordés, ils cesseraient de verser des fonds, et qu’il faudrait envisager une sortie de la zone euro.

“Si Athènes ne tient pas parole ce sera un choix démocratique. La conséquence sera que la base pour de nouvelles aides disparaîtra”, a averti samedi le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, tandis que vendredi c’était le ministre des Finances Wolfgang Schäuble qui avait déclaré : “La zone euro peut supporter une sortie de la Grèce”.

Bruxelles, dans ses dernières prévisions économiques, s’attend pour la Grèce à une récession de 4,7% cette année et une croissance nulle l’an prochain.

La Grèce doit rembourser le 15 mai 435 millions d’euros de dette arrivant à échéance.